Sangallas
David Wetter
Introduction: Clemens Schlip (traduction française: David Amherdt). Version: 30.10.2024.
Date de composition: probablement dans les mois précédant la présentation publique du 20 septembre 1628; nous ignorons à quel moment précis le travail a commencé.
Éditions: Sangallas. Id est: Brevissima delineatio urbis Sangalli, carmine heroico expressa. Cui accesserunt Poemata quaedam ad Sangallenses scripta. Autore Davide Wettero, Gymnasii Sangallensis Rectore, P. L. C., Bâle, Johann Jakob Genath, 1629.
Traduction: une version rimée, revue et augmentée, en alexandrins allemands, de la plume de Josua Wetter (fils de David Wetter), parut en 1642: Kurtze und einfältige Beschreibung der Statt Sanct-Gallen, Strasbourg, Andrea, 1642; édition en facsimilé réalisée par H. Edelmann, Saint-Gall, Zollikofer & Co, 1948.
L’auteur, le poème et son contenu
Né le 26 septembre 1594 à Saint-Gall, David Wetter étudia à l’université réformée de Heidelberg (à laquelle font référence également les deux premiers vers du poème présenté ici) et enseigna à l’école latine de sa ville natale dès 1621; il en fut également le vice-recteur de 1621 à 1626, puis le recteur jusqu’à sa mort le 19 janvier 1630. Outre le poème Sangallas dont il est question ici et qui lui valut d’être couronné poeta laureatus par l’empereur Ferdinand II en 1629, il rédigea un traité intitulé Tres sermones de comoediis, également paru en 1629, dans lequel il défendait le théâtre scolaire comme instrument pédagogique de grande valeur; il répondait ainsi aux reproches qui lui avaient été adressés, notamment par l’antistès zurichois Johann Jakob Breitinger. Comme l’indiquent les titres des deux chants du Sangallas, ils furent interprétés en public (recitata) le 10 [selon le calendrier grégorien: le 20] septembre 1628 à Saint-Gall, chacun par un élève de l’école latine. Il n’est malheureusement plus possible de savoir comment se déroulait concrètement cette manifestation et devant quel public. On peut toutefois supposer de manière plausible qu’en plus du public interne à l’école, les autorités religieuses et politiques de Saint-Gall ainsi que les parents des élèves étaient présents (les groupes se sont probablement chevauchés); la mention nominative de certains d’entre eux dans le deuxième chant plaide fortement en faveur de cette thèse. Retenons en outre que les deux élèves devaient avoir une mémoire hors du commun, car il faut supposer qu’ils récitèrent leur poème par cœur. Non seulement l’entraînement de la mémoire lié à la récitation, mais aussi la performance devant un public avaient une valeur pédagogique considérable. Peut-être une telle démonstration publique des compétences acquises à l’école par les jeunes confiés à Wetter était-elle une conséquence tardive des réprimandes qu’il avait reçues à l’automne 1627 en raison des résultats insuffisants de ses élèves: ceux-ci n’étaient pas assez entraînés à l’improvisation et avaient une prononciation latine peu claire. Pour ce dernier point au moins, une récitation publique du Sangallas pouvait servir de remède.
Dans sa lettre dédicatoire adressée aux autorités politiques de Saint-Gall qui introduit la version imprimée du Sangallas, Wetter explique en détail, et avec les formules rhétoriques qui s’imposent envers les personnes auxquelles il s’adresse, les motifs patriotiques qui l’ont poussé à rédiger le Sangallas. Pour lui, «ce qui caractérise […] un citoyen bon et reconnaissant, c’est de ne rien considérer comme plus important et comme plus vénérable que d’orner de toutes les manières possibles cette république dans laquelle il est né et a été élevé, dont il a été comblé de tant de bienfaits, que d’accroître au maximum sa réputation, par tous les moyens possibles et de toutes ses forces, et que de faire connaître sa gloire à la postérité par de dignes éloges». La préface est suivie d’une courte épigramme d’éloge de Johannes Guntius de Saint-Gall à David Wetter. La structure du poème lui-même, composé en hexamètres, est la suivante: dans le premier chant, un bref proème (1-10), dans lequel l’élève chargé de réciter le poème, Georg Spindler, demande l’indulgence de son public à l’égard de son inexpérience, est suivi du récit détaillé (11-81) des circonstances qui amenèrent Gall dans la région de l’actuelle Saint-Gall et de sa décision de se construire un ermitage à cet endroit. Il devient ainsi le nostrae Pater inclytus Urbis (v. 76: «le très illustre père de notre ville»). La cité monastique s’agrandit après sa mort (82-94); Wetter l’appelle Patriae cunabula nostrae (v. 90: «berceau de notre patrie»). L’invasion des Hongrois (en 926) entraîne une destruction totale, mais l’abbé Anno encourage la population, et on se met à reconstruire la ville (95-121). Ensuite, Wetter résume brièvement les années suivantes jusqu’à son époque (122-130): une ville fortifiée vit le jour, qui dut sans cesse faire face à diverses difficultés, notamment des conflits avec les abbés et des incendies. Le chant se termine par une description géographique de la ville et de ses proches environs, dont les charmes sont vantés (131-169). La description, truffée de noms de localités, devait être difficile à suivre pour les lecteurs n’ayant pas une certaine connaissance des lieux (les explications marginales en allemand sur les lieux cités ne sont pas non plus utiles sans une telle connaissance); mais le public de la représentation, composé essentiellement de Saint-Gallois, avait évidemment les connaissances suffisantes pour bien comprendre. Dans le dernier vers (170), Georg Spindler passe le relais poétique au deuxième élève, Leonhard Studer.
Celui-ci annonce au début du deuxième chant qu’il va parler des coutumes de Saint-Gall et des occupations auxquelles s’adonnent ses habitants (1-4). Il décrit comment les Saint-Gallois, qui ne possèdent pas de grandes ressources agricoles, se tournent vers le commerce, plus précisément vers les métiers du textile, après un incendie dévastateur de la ville (probablement celui de 1418); ils nouent des liens commerciaux internationaux et la ville connaît un accroissement de sa population et de sa prospérité (5-36). Wetter consacre ensuite une brève digression à l’amélioration des armoiries de Saint-Gall accordée par l’empereur Frédéric III en 1475, à la suite de l’aide militaire apportée contre les Bourguignons (37-41). Sur cette base, Wetter vante l’excellence du caractère des hommes de Saint-Gall, qui se serait dégradé de manière inquiétante à son époque (42-57); Wetter ne fournit toutefois aucune preuve à l’appui de cette critique (il s’agit d’un topos) et se garde bien de l’approfondir. Le poète fait ensuite l’éloge de la laboriosité des femmes de Saint-Gall et de leurs talents de brodeuses; elles seraient de dignes épouses pour certains héros de l’Antiquité cités nommément (58-70). Wetter présente ensuite avec beaucoup d’enthousiasme le système politique de la ville et son système électoral (71-90a). Il passe ensuite à l’éloge des grands hommes de sa ville: d’abord celui de plusieurs hommes encore vivants (90b-112), puis celui de Joachim Vadian (113-142), dont il développe les différents aspects de l’action (comme la Réforme de Saint-Gall: 136-137). Il fait ensuite l’éloge de Sebastian Schobinger, l’arrière-petit-fils par alliance de Vadian (lequel, d’une certaine manière, revient ou revit en la personne de son jeune parent), ainsi que de son grand-père Bartholome Schobinger (142-153). Ce chant se termine par une prière dans laquelle le narrateur recommande à Dieu la ville de Saint-Gall (154-165); on remarque ici une certaine inquiétude face à la guerre de Trente Ans, qui se trouvait à ce moment-là dans une phase défavorable au camp réformé, ce qui préoccupait indéniablement aussi les Saint-Gallois, qui n’étaient toutefois pas directement impliqués.
Le genre
Le Sangallas appartient au genre de l’éloge poétique des cités. En raison de l’importance politique des villes, ce genre était très développé à la fin du Moyen-Âge et au début des temps modernes (il existait également des discours faisant l’éloge de cités, et on trouvait aussi des éloges de villes dans d’autres genres littéraires). Des textes comme la Mosella et l’Hodoeporicon d’Ausonius ou la Laus Italiae dans les Géorgiques de Virgile (2,136-176) ont pu servir de modèles, tandis que de véritables éloges de cités antiques ne nous sont parvenus qu’en très petit nombre (mentionnons ici en particulier le discours sur Rome d’Aelius Aristide). Dans la théorie rhétorique, Quintilien (inst. orat. 3,7,26-28) est le premier à thématiser l’éloge des cités; il est suivi par les manuels de rhétorique de l’Antiquité tardive (Priscien, Emporius, Ménandre). À partir du milieu du XVIe siècle, l’éloge des cités fait son entrée dans les nouveaux manuels de rhétorique humanistes. Dans les pays germanophones, c’est probablement l’Urbs Norimberga d’Helius Eobanus Hessus, paru en 1532, qui a acquis la plus grande notoriété. Il ne faut pas oublier que la popularité de ce genre s’explique notamment par le fait que le mouvement humaniste est né et s’est répandu surtout dans les villes. Il est difficile de tirer des conclusions générales sur ce genre, en raison de l’énorme masse de textes conservés (et dont une grande partie n’a pas encore été étudiée de manière adéquate), d’autant plus que les particularités de chaque ville entraînent parfois de grandes différences entre les textes (omissions de tel ou tel aspect, priorités données à tel autre aspect, etc.).
Interprétation de passages choisis du Sangallas
Dans les lignes qui suivent, nous examinons plusieurs passages particulièrement significatifs de l’arrière-plan intellectuel du poème et des intentions de son auteur. Pour la compréhension de l’ensemble du poème, nous renvoyons aux traductions allemande et française, qui sont accompagnées de nombreuses notes explicatives et parfois interprétatives.
1,36: Gall refuse la dignité d’évêque de Constance. Wetter remarque expressément à ce sujet qu’il s’agit de la ville où Jean Hus devait être exécuté plus tard comme hérétique. La mention, à première vue banale, du prédicateur tchèque, que l’on peut considérer comme un précurseur de la Réforme, doit sans doute créer à cet endroit un lien implicite entre Gall, qui s’est débarrassé des dignités hiérarchiques de l’Église catholique, et la Réforme. Wetter était confronté à la tâche d’honorer la mémoire de celui qui donna son nom à Saint-Gall, sans pouvoir totalement ignorer le fait qu’il avait vécu à une époque qui, dans la perspective réformée, apparaissait comme une période obscure de la religion chrétienne. Il remplit cette mission en enfonçant habilement un coin entre Gall et l’Église catholique hiérarchique de son temps et en mettant en scène l’incompatibilité de leurs principes. Le fait que l’activité de prédicateur de Gall soit mise en avant (1,57), alors que son ministère sacramentel n’est pas mentionné, va dans ce sens. Cette focalisation reflète l’accent mis par la Réforme sur la parole et le rejet de la doctrine catholique des sacrements. Le Gall du début du Moyen Âge, tel que Wetter le présente, est compatible avec les valeurs du Saint-Gall réformé en 1628.
1,128: Wetter parle ici des difficultés des citoyens de Saint-Gall avec les abbés médiévaux. Il justifie ainsi implicitement le mouvement historique d’émancipation qui conduisit Saint-Gall à se débarrasser de la domination monastique; ce processus commence en 1457 par un accord fédéral permettant à la ville d’acheter des droits importants au monastère et culmine avec la liberté totale de la ville lors du traité de Wil de 1566.
2,5-36: Dans ce passage panégyrique sur la ville industrielle et commerciale de Saint-Gall s’exprime en quelque sorte une fierté «protocapitaliste» à l’égard de ses succès économiques et de sa richesse. Wetter fait ici l’éloge d’une prospérité économique à laquelle il a lui-même contribué, du moins indirectement, en tant que recteur de l’école latine de la ville, qui formait notamment les fils des notables de la ville qui profitaient du commerce. Ces pères et leurs fils constituèrent sans doute le principal public lors de la lecture publique du poème. Nulle part ailleurs dans ce texte l’idéologie mercantile qui guidait l’élite saint-galloise de l’époque ne s’exprime aussi clairement qu’ici. Elle constitue un élément structurel essentiel de cette louange de la ville, que seule la crainte de Dieu, mise en avant de manière démonstrative, dépasse en importance. Plus loin, Wetter résume clairement ces deux caractéristiques des Saint-Gallois: ils sont «un peuple zélé, amoureux de la piété et endurant dans le travail» (2,52). Il est pour le moins remarquable que l’économie prospère évoquée par Wetter ait connu une crise temporaire peu de temps après la publication du Sangallas. En 1629, Saint-Gall fut frappé par la «Grande Mort» («Der grosse Tod»), une épidémie de peste qui fit 1500 victimes. Enfin, dans les années 1630, en raison de la guerre de Trente Ans, l’industrie du lin entra en récession, le commerce à longue distance s’étant effondré. Si l’on était superstitieux, on pourrait penser que l’éloge forcé de l’industrie saint-galloise par Wetter avait provoqué la jalousie des dieux. Pour l’image que les Saint-Gallois avaient d’eux-mêmes et des autres au début des temps modernes, l’excellence dans les relations commerciales est une caractéristique essentielle, que l’on retrouve chez d’autres auteurs.
2,37-41: Wetter évoque ici avec une fierté évidente l’amélioration des armoiries accordée par l’empereur à la ville de Saint-Gall en 1475. C’est le lien indéfectible de Saint-Gall avec l’Empire qui s’exprime ici. En revanche, son statut de pays allié de la Confédération n’est évoqué qu’en passant: en 2,70, la ville est implicitement considérée comme appartenant à la région de l’Helvetia. Dans le même temps, Saint-Gall est attribuée en 1,98 au Thuisconis orbis, le «pays de Tuisco», un ancêtre mythique des Germains. Dans l’entourage de l’empereur Ferdinand II, qui fit de Wetter un poeta laureatus, il semble que l’on ait perçu dans le poème la confession d’un patriotisme impérial saint-gallois, par lequel Wetter exprimait certainement l’attitude des dirigeants de la ville à qui il s’était adressé dans son épître dédicatoire. Contrairement aux Confédérés, qui obtinrent leur exemption de l’Empire en 1648, l’appartenance de la république Saint-Gall à l’Empire ne prit fin qu’avec l’invasion française de 1798, qui marqua également sa disparition. L’actuel canton de Saint-Gall existe depuis 1803.
2,111-152: Wetter fait d’abord l’éloge de Joachim Vadian, figure marquante de la vie politique, religieuse et intellectuelle de Saint-Gall au XVIe siècle (111-141), puis de son arrière-petit-fils par alliance, Sebastian Schobinger (141-152), en qui, d’une certaine manière, revit Vadian, son arrière-grand-père par alliance. Vadian était donc encore, près de 80 ans après sa mort, un point de référence essentiel et un critère auquel l’élite saint-galloise de l’année 1628 devait se mesurer. Wetter date même sa lettre de dédicace de la «78e année après la mort de Vadian». Formulée par la recherche sur la littérature germanophone de Saint-Gall au XVIIe siècle, l’observation selon laquelle la ville était alors totalement fixée sur un passé perçu comme doré, trouve dans le poème latin de Wetter une confirmation presque extrême. Le fait qu’il n’y ait pas de véritable perspective d’avenir dans ce poème, si l’on excepte la prière adressée à Dieu d’épargner la ville des ravages de la guerre, s’y prête finalement très bien. Mais aucune demande n’est adressée à Dieu pour qu’il continue à accroître la puissance et la richesse de la ville. Le poète est manifestement satisfait de la situation actuelle, notamment en ce qui concerne le système politique et la vie économique. Certes, dans un passage, de manière topique et moralisatrice, Wetter s’inquiète de ce que les hommes de son temps sont moins courageux que leurs ancêtres (2,56-57), mais il n’a rien à redire (fait remarquable!) sur les mœurs des femmes et des jeunes filles de Saint-Gall de son époque! Et la situation des hommes à Saint-Gall ne doit pas être vraiment inquiétante non plus, puisque Sebastian Schobinger est un Vadian réincarné. Lors de l’élaboration de son poème, Wetter se fait vraisemblablement l’écho de la satisfaction des destinataires de la classe dirigeante face à la situation présente. Il n’est plus possible aujourd’hui de savoir quels témoignages d’estime il attendait d’eux pour son éloge de Saint-Gall – qui contient également un éloge de leur sagesse et de leur sens politique.
Deux observations supplémentaires à propos de ce texte:
- Il est étonnant que la situation contemporaine de Saint-Gall en 1628 ne soit pas mentionnée dans le poème. L’abbaye, qui n’est séparée de la ville réformée que par un mur d’enceinte et qui survécut avec succès aux troubles de la Réforme, n’est pas mentionnée, alors qu’elle était quotidiennement sous les yeux de David Wetter et de ses concitoyens, ne serait-ce que par ses hautes tours. On peut expliquer cela par un renoncement conscient à une polémique confessionnelle, que les autorités de la ville, pour des raisons diplomatiques, souhaitaient éviter à tout prix. Le fait que Wetter fasse l’éloge de la Réforme menée dans la ville à l’époque de Vadian ne plaide pas contre cette interprétation, car il s’agissait d’un processus historique achevé. À partir du texte de Wetter, il ne viendrait jamais à l’idée que le catholicisme était encore fort et puissant aux portes de Saint-Gall et que la ville devait nolens volens s’accommoder de ce fait.
- Dans certains passages du poème, une attitude réformée fondamentale apparaît clairement, notamment dans la solidarité exprimée avec Jan Hus en 1,36 et dans l’éloge de l’engagement de Vadian dans la Réforme de Saint-Gall en 2,134-141. Indépendamment du fait que la guerre de Trente Ans faisait alors rage au nord de Saint-Gall, de telles déclarations n’empêchèrent pas l’empereur Ferdinand II, résolument catholique, de conférer au poète le titre de poeta laureatus. Outre la question de savoir si l’empereur lui-même avait jamais lu le Sangallas, il est possible que des considérations politiques et diplomatiques aient guidé ce couronnement du poète en faveur de la ville impériale protestante de Saint-Gall, qui se tenait à l’écart de la guerre.
David Wetter publia le Sangallas en 1629 avec d’autres poèmes de sa plume. Il s’agit pour l’essentiel de poèmes d’occasion de taille moyenne, adressés à des Saint-Gallois de premier plan (comme, à plusieurs reprises, à Sebastian Schobinger); leur contenu va des vœux d’anniversaire et de mariage aux poèmes funéraires et épitaphes, en passant par des poèmes d’éloge à l’occasion d’une publication scientifique. Wetter rédigea quelques poèmes en grec ancien (mentionnons en particulier un poème en forme de calice adressé à Sebastian Schobinger). Le livret de 52 pages au total se termine par quelques épigrammes sur divers thèmes (l’accent étant clairement mis sur la spiritualité et la morale). En 1642, le fils de David Wetter, Josué, publie une adaptation allemande du Sangallas sous le titre Kurtze und einfältige Beschreibung der Statt Sanct-Gallen. Il la justifie par le volume plutôt réduit du Sangallas latin – sa description est par conséquent élargie à certains endroits par rapport à l’œuvre de David – et par le souhait d’atteindre également les concitoyens qui ne connaissent pas le latin. On ne peut évidemment par reprocher à Josua Wetter de ne pas avoir eu recours à une langue littéraire allemande pleinement développée et esthétiquement satisfaisante. Mais cela signifie que l’œuvre de son père est clairement préférable d’un point de vue esthétique et qualitatif. Le Sangallas de Wetter donne une image précise de la conception idéologique de l’élite intellectuelle et politique de la ville impériale réformée de Saint-Gall au XVIIe siècle, qui constituait le public de David Wetter. Lui et son fils font en outre partie des rares Saint-Gallois des XVIIe et XVIIIe siècles qui méritent plus qu’une attention locale.
Remarque : Nous présentons un autre texte d’un auteur saint-gallois (Joachim Vadian) avec une orientation patriotique locale ici: https://humanistica-helvetica.unifr.ch/de/works/80.
Bibliographie
Remarque préliminaire: on trouvera des bibliographies plus ou moins détaillées sur l’éloge littéraire des cités dans les articles d’Arnold, Kugler, Ludwig et Thurn cités ci-dessous; nous ne reprenons pas systématiquement ces bibliographies.
Arnet, M., Die Orts- und Flurnamen der Stadt St. Gallen, Saint-Gall, Verlag St. Galler Namenbuch, 1990.
Arnold, K., «Städtelob und Stadtbeschreibung im späteren Mittelalter und in der frühen Neuzeit», dans Städtische Geschichtsschreibung im Spätmittelalter und in der Frühen Neuzeit, éd. P. Johanek, Cologne, Weimar et Vienne, Böhlau, 2000, p. 247-268.
Bätscher, T. W., Kirchen- und Schulgeschichte der Stadt St. Gallen. Von Vadians Tod bis zur Gegenwart, vol. 1: 1550-1630, Saint-Gall, Tschudy, 1964.
Gamper, R., «Joachim Vadian und die Reformation in der Stadt St. Gallen», Neujahrsblatt des Historischen Vereins des Kantons der Stadt St. Gallen 158 (2018), p. 33-39.
Kugler, H., «Städtelob», Historisches Wörterbuch der Rhetorik 8 (2007), p. 1319-1325.
Ludwig, W., «Die Darstellung südwestdeutscher Städte in der lateinischen Literatur des 15. bis 17. Jahrhunderts», dans Stadt und Repräsentation, éd. B. Kirchgässsner et H.-P- Brecht, Sigmaringen, Jan Thorbecke, 1995, p. 39-76.
Schäfer, W. E., «Deutsche Literatur zur Zeit des Barock», dans St. Gallen. Geschichte einer literarischen Kultur. Kloster – Stadt – Kanton – Region, vol. 1 (Darstellung), éd. W. Wunderlich, Saint-Gall, UVK, 1999, p. 329-370 [=Schäfer (1999a)].
Schäfer, W. E., «Deutsche Literatur zur Zeit des Barock», dans St. Gallen. Geschichte einer literarischen Kultur. Kloster – Stadt – Kanton – Region, vol. 2 (Quellen), éd. W. Wunderlich, Saint-Gall, UVK, 1999, p. 329-369 [=Schäfer (1999b)].
Stückelberger, H. M., Kirchen- und Schulgeschichte der Stadt St. Gallen. Von Vadians Tod bis zur Gegenwart, vol. 2: 1630-1750, Saint-Gall, Tschudy, 1962.
Thomke, H., «Wetter, Josua», Killy Literaturlexikon – Autoren und Werke des deutschsprachigen Kulturraums 12 (2011), p. 1279-1280.
Thomke, H., «Wetter, Josua», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 11.01.2015, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/012395/2015-01-11/.
Thurn, N., «Deutsche neulateinische Städtelobgedichte: Ein Vergleich ausgewählter Beispiele des 16. Jahrhunderts», Neulateinisches Jahrbuch 4 (2002), p. 253-269.
Zeller, R., «Wetter, David», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 28.10.2013, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/044743/2013-10-28/.
Ziegler, E., Sitte und Moral in früheren Zeiten. Zur Rechtsgeschichte der Reichsstadt und Republik St. Gallen, Sigmaringen, Jan Thorbecke, 1991.