Littérature scientifique
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Kaspar Ambühl (Collinus)
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Johannes Atrocianus
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Conrad Gessner
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Henri Glaréan
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Ludwig Lavater
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Conrad Lycosthenes
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Johannes Oporin
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Felix Platter
Auteur(s): Kevin Bovier (deutsche Übersetzung: Clemens Schlip). Version: 10.02.2023.
- Usage du latin dans les disciplines scientifiques
- Astronomie et astrologie
- Médecine
- Mathématiques
- Alchimie et chimie
- Botanique, zoologie, paléontologie
À la Renaissance, les disciplines que nous qualifions aujourd’hui de «scientifiques» avaient pour objet la nature sous ses différents aspects: la philosophie naturelle, qui traitait de la nature de la matière et de ses changements; les mathématiques, qui incluaient l’astronomie et l’astrologie sans les différencier; la médecine, qui était l’une des trois grandes facultés universitaires avec le droit et la théologie; la chimie, qu’on ne distinguait pas de l’alchimie; et l’histoire naturelle, qui comprenait ce que nous appelons la botanique, la zoologie et la minéralogie.
1. Usage du latin dans les disciplines scientifiques
L’usage du latin était fréquent chez les savants qui abordaient ces sujets, puisque c’était la langue pratiquée dans les universités et souvent la langue de publication des traités. L’idéal stylistique du latin classique, prôné par les humanistes, s’impose au XVIe siècle et relègue le latin scholastique à l’arrière-plan. La terminologie technique des «sciences» naturelles était donc exprimée en latin néo-classique, une langue globalement homogène dans toute l’Europe tant du point de vue du vocabulaire que de la syntaxe.
Dans les universités médiévales, la philosophie naturelle et la médecine s’appuyaient sur des textes antiques, surtout grecs, traduits en latin, ainsi que sur des traités et des commentaires arabes également traduits et commentés en latin. À la Renaissance s’ajoutent de nouveaux textes grecs, comme ceux de Ptolémée et d’Archimède, et de nouvelles traductions en latin humaniste (par exemple le De materia medica de Dioscoride). En matière de philosophie naturelle, l’humanisme prête une attention nouvelle au platonisme, à l’épicurisme et au stoïcisme, qui viennent remettre en question l’hégémonie de l’école péripatéticienne. La chimie, qui combine expérience pratique et connaissances théoriques, défie aussi l’aristotélisme. Les écrits sur la médecine, les plantes et les animaux sont publiés en latin et en vernaculaire et sont souvent traduits dans les deux sens.
La place du latin varie parmi les disciplines scientifiques. En philosophie naturelle, par exemple, l’œuvre d’Aristote est traduite et commentée en latin. L’intérêt nouveau pour les autres écoles philosophiques encourage la traduction d’œuvres grecques en latin, puis la parution de commentaires et de traités à leur sujet. Les mathématiques et l’astronomie sont fondées sur un riche héritage grec qui s’enrichit encore aux XVe et XVIe siècles. Les grands ouvrages astronomiques de Nicolas Copernic et de Tycho Brahe sont écrits en latin. La situation est différente pour la chimie, qui n’a pas de place assurée à l’université; elle intéresse pourtant les élites politiques, tout comme l’astronomie. Les écrits sur la chimie circulent surtout sous forme manuscrite et en langue vernaculaire. Parmi les chimistes on distingue cependant les théoriciens de la matière et les praticiens qui raffinent les métaux et distillent des remèdes. En règle générale, les premiers écrivent en latin, les seconds utilisent leur langue maternelle.
La médecine est enseignée dans un grand nombre d’universités, dont les plus réputées sont Padoue, Montpellier, Bâle et Leyde. Les professeurs enseignent et écrivent en latin. L’étude de l’anatomie dès la fin du Moyen Âge mène à la rédaction d’ouvrages comme le fameux De humani corporis fabrica (1543) d’André Vésale. En philosophie naturelle, les méthodes et les principes théoriques, qui intéressent un public humaniste, sont expliqués en latin, alors que les connaissances pratiques (herbes médicinales) se trouvent souvent dans des livres écrits en langue vernaculaire.
2. Astronomie et astrologie
Comme l’astrologie s’appuyait sur l’astronomie, on a tendance à croire que ces deux disciplines étaient confondues dans l’Antiquité. Toutefois, cette apparente absence de frontière entre elles est due avant tout à une confusion de termes. Les mots astronomia et astrologia étaient en réalité employés indifféremment pour qualifier l’une ou l’autre de ces disciplines. Mais déjà dans l’Antiquité, le développement de l’astronomie et de l’astrologie conduit à une distinction plus nette entre ces deux disciplines de la science astrale. Cette situation se prolonge au Moyen Âge et à la Renaissance, où astronomie et astrologie étaient toujours très proches, l’étude des mouvements célestes étant étroitement liée à celle de leur influence. Les humanistes qui écrivaient sur ces sujets abordaient souvent aussi des disciplines connexes: l’astronomie faisait partie des mathématiques, tandis que l’astrologie jouait un rôle important en médecine. L’astrologie médicale remontait en effet à Hippocrate et Galien. Les universités italiennes avaient d’ailleurs incorporé l’étude de l’astrologie dans le plan d’études des lettres et de la médecine; l’université de Bologne avait même sa propre chaire d’astrologie.
L’étude des astres à la Renaissance résultait d’une tradition médiévale mêlant éléments classiques et arabes. Elle connut quelques innovations grâce aux travaux de Nicolas Copernic et Johannes Kepler, au progrès technologique et au développement de l’observation. Les Réformes catholiques et protestantes ont également joué un rôle important en repensant la manière d’étudier le ciel, en établissant des règles sur les pronostics et les prédictions, et en créant un état d’esprit eschatologique favorisé notamment par les luttes confessionnelles et la guerre contre les Turcs. Une importante tradition astronomique et astrologique émergea à Wittenberg dans la première moitié du XVIe siècle et se répandit dans les autres universités luthériennes qui avaient adopté les réformes du programme d’études de Philippe Mélanchthon: Tycho Brahe et Johannes Kepler, notamment, en tirèrent profit. Mais les réformateurs n’étaient pas tous favorables à l’astrologie: Luther, Calvin, Zwingli et Vadian y étaient opposés. L’écrivain bâlois Pamphilus Gengenbach la caricatura dans des parodies de divination. Du côté catholique, les jésuites soutenaient l’étude des astres, encouragés par la promotion des mathématiques dans leur milieu (en particulier Christopher Clavius au Collegio Romano). Toutefois, l’Église catholique post-tridentine était globalement opposée à l’astrologie: le pape Sixte V interdit par exemple la pratique de l’astrologie judiciaire dans sa bulle Coeli et terrae (1586).
Les Suisses Conrad Heingarter, Paracelse et Leonhard Thurneysen étaient des représentants importants de la médecine astrologique, qui établissait des liens entre les diverses parties du corps et les astres. Au milieu du XVIe siècle, Thomas Éraste prit part au débat sur l’astrologie et produisit des ouvrages sur le sujet, notamment contre la généthlialogie (l’horoscope des naissances) et sur les origines de l’astrologie. En 1580, Johann Jakob Grynaeus publia la correspondance d’Éraste sur les questions astrologiques (De astrologia divinatrice epistolae, Bâle, Perna, 1580). Le professeur de mathématiques bâlois Christian Wurstisen (1544-1588) publia un ouvrage sur le sujet, mais l’orthodoxie protestante en place ne lui permit pas de l’enseigner à l’université. Parmi les humanistes qui ont écrit sur la science des astres en Suisse, citons le professeur de Bâle Martin Borrhaus (In cosmographiae elementa commentatio. Astronomica. Geographica, Bâle, Oporin, 1555), le pasteur zurichois Ludwig Lavater (Cometarum omnium fere catalogus, Zurich, Gessner, 1556, suivi d’un poème de Rudolf Gwalther sur une comète parue en mars de cette année-là), l’humaniste bernois Benedikt Marti, dit Aretius (Brevis cometarum explicatio, Zurich, Gessner, 1556), ou encore le professeur zurichois Josias Simler (De principiis astronomiae libri duo, Zurich, Froschauer, 1559).
Au XVIIe siècle, le développement des sciences mit à mal le lien qui unissait l’astrologie, l’astronomie et les mathématiques. Parallèlement, les Églises catholiques et protestantes renforcèrent leur lutte contre l’astrologie.
3. Médecine
Au Moyen Âge, les connaissances médicales héritées de l’Antiquité et transmises par les Arabes n’étaient pas remises en question. Cette approche fit peu à peu place, à la Renaissance, à l’observation objective et à l’examen attentif du corps humain. La médecine se développa grâce à l’accumulation de nouvelles informations sur la nature, le corps, les maladies et les remèdes. En même temps, le latin, qui avait été la langue de la médecine occidentale durant des siècles, fut favorisé par l’essor du mouvement humaniste et renforça son statut de langue technique, dans la mesure où sa précision et sa concision s’adaptaient idéalement à l’évolution rapide du savoir dans le domaine médical. Le latin joua un rôle crucial dans la redéfinition de la nomenclature médicale et permit à l’enseignement académique traditionnel de s’adapter à un nouveau cadre culturel et institutionnel; il donna aussi aux anatomistes et aux médecins praticiens un outil efficace pour assimiler le corpus médical antique représenté surtout par Hippocrate et Galien. De ce point de vue, les traducteurs d’œuvres grecques en latin, comme le médecin anglais Thomas Linacre (vers 1460-1524), jouèrent un rôle important par leurs choix lexicaux. La publication de ces traductions latines renforça l’influence de l’humanisme médical aux XVe et XVIe siècles. C’est ainsi qu’en 1541, Rudolf Gwalther traduisit l’Onomasticon du rhéteur Julius Pollux, dont le deuxième livre était dévolu aux parties du corps humain. On peut aussi mentionner l’anthologie intitulée Medici antiqui Graeci, qui parut à Bâle en 1581. Quant au fameux Paracelse, adversaire de l’approche scolastique, il eut un impact considérable sur la médecine de l’époque, bien qu’il ait écrit ses ouvrages en allemand. Ses œuvres furent traduites dans d’autres langues vernaculaires et en latin. Adam von Bodenstein, professeur de médecine à Bâle, découvrit les manuscrits de Paracelse détenus par l’imprimeur Oporin. L’ancien assistant de ce dernier, Pietro Perna, publia une grande partie des œuvres de Paracelse entre 1570 et 1603. Les théories médicales de Paracelse furent critiquées par Thomas Éraste, professeur de médecine à Heidelberg, dans les Disputationes de medicina nova Philippi Paracelsi (1571-1573).
L’axe Bâle-Zurich joua un rôle capital dans la réflexion sur les pratiques médicales en raison de la proximité des hautes écoles, de la présence des imprimeurs et du dynamisme des discussions entre érudits. C’est à Bâle que Joachim Vadian fit paraître un traité en allemand sur la peste (1519). Mais, plus important, en 1543, c’est dans la ville rhénane que parut le traité d’anatomie fondamental du médecin brabançon André Vésale, le De humani corporis fabrica. Il fut traduit en allemand par le professeur de médecine Alban Thorer, qui fut un élève de Paracelse en 1527. Thorer fit également paraître un recueil de traités médicaux antiques et modernes, le De re medica (1528). Le philologue et médecin bâlois Johann Jacob Huggelin (1530-1564) fit paraître en 1550 un traité de sémiologie, le De semeiotice medicinae parte tractatus. Dans le dernier quart du XVIe siècle et au début du suivant, le professeur et médecin de la ville de Bâle Felix Platter s’intéressa de près à l’anatomie (De corporis humani structura et usu, 1581), laissa un manuel de médecine en trois parties, le Praxeos medicae tractatus (1602-1609), et livra des Observationes (1614) sur un grand nombre de maladies, notamment la peste. Citons encore, à la même période, Johannes Nicolaus Stupanus, professeur de médecine à Bâle et auteur d’une Medicina theorica (1614).
À Zurich, le professeur et médecin de la ville Conrad Gessner publia de nombreux ouvrages touchant au domaine médical: la Succiduorum medicaminum tabula (1540), un index de médicaments et de noms de plantes en grec et en latin apparaissant chez les auteurs antiques; l’Historia plantarum (1541) et le Catalogus plantarum (1542), deux ouvrages qui concernent notamment les herbes médicinales et auxquels on peut ajouter le De raris et admirandis herbis (1555); le Thesaurus de secretis remediis (publié pour la première fois en 1552 sous un pseudonyme), un manuel sur les remèdes; l’Enchiridion rei medicae triplicis (1555); le Chirurgia (1555) qui réunit les écrits d’auteurs anciens et modernes sur la chirurgie; Sanitatis tuendae praecepta […]. Contra luxum conviviorum. Contra notas astrologicas ephemeridum de secandis venis (1556), un traité sur l’importance d’un régime sain accompagné d’un bref texte polémique contre l’astrologie médicale. Dans le cinquième livre des Physicae meditationes, qui réunissent ses cours d’histoire naturelle, Gessner s’intéresse même aux rêves et recommande une alimentation saine pour bien dormir. Quant aux Epistolae medicinales (publiées à titre posthume en 1577), elles comportent notamment une lettre de Gessner à Fabricius Montanus à propos de la thériaque (1560), un remède remontant à l’Antiquité. Le même Montanus, en 1561, vante dans un poème dédié à Gessner les «eaux salutaires» des sources de Basse-Engadine. Toujours dans le cercle des relations de Gessner, le chirurgien de la ville de Zurich Jacob Ruf publia un traité d’obstétrique, le De conceptu (1554), et un Libellus de tumoribus quibusdam phlegmaticis non naturalibus (1556) dédié à Gessner. La gynécologie et l’obstétrique sont également traitées dans les Gynaeciorum sive de mulierum affectibus commentarii (1566), une anthologie rassemblée par Gessner et publiée par Kaspar Wolf, qui lui succéda comme médecin de la ville. Le médecin Theodor Zwinger, partisan de Paracelse, publia des commentaires à Galien (1561) et une édition d’Hippocrate (1579). Son fils Jacob édita ses cours de physiologie en 1610 sous le titre Physiologia medica. Mentionnons encore le cas de Taddeo Duno, médecin né à Locarno et installé à Zurich à partir de 1555, qui publia plusieurs ouvrages médicaux, notamment des Muliebrium morborum omnis generis remedia (1565) sur les maladies qui touchent les femmes, un De respiratione (1588), fruit de son observation de la nature et des manifestations épidémiologiques, et des Epistolae medicinales (1592) sur les rapports entre la météorologie et l’apparition de maladies. Enfin, on peut signaler le traité sur les thermes du pharmacien valaisan Kaspar Ambühl, imprimé à Zurich en 1574, où sont décrites les vertus curatives des eaux thermales.
4. Mathématiques
Les mathématiques comprenaient les quatre arts du quadrivium: l’arithmétique, la géométrie et leurs deux disciplines subsidiaires, respectivement la musique et l’astronomie. Cette division provient de l’œuvre de Boèce (vers 480-524), dont on a conservé le De institutione arithmetica et le De institutione musica, ainsi qu’une traduction de quelques fragments d’Euclide. L’influence de Boèce reste très importante au Moyen Âge et ne cesse pas chez les humanistes, même si ceux-ci sont davantage attirés par la partie linguistique des arts libéraux. Glaréan fait d’ailleurs paraître une édition des œuvres de Boèce en 1546. Les mathématiques gardent une place importante dans les premiers manuels humanistes sur les arts libéraux (qui s’apparentent à des encyclopédies), par exemple dans le De expetendis et fugiendis rebus (1501) du professeur vénitien Giorgio Valla. Le quadrivium de Boèce fut à l’origine de changements dans les programmes universitaires. Sa théorie sur la musique inspira un courant initié par Lefèvre d’Étaples et continué par son élève Glaréan, auteur d’une Isagoge in Musicen (1516) et surtout du Dodecachordon (1547). Dans ce domaine, on peut encore mentionner la Synopsis Isagoges Musicae (1552) et la Brevis musicae isagoge de Johannes Frisius (1554).
Comme pour l’astronomie, Mélanchthon joua un rôle important dans la promotion des mathématiques dans le cursus académique en réorganisant la faculté des arts en 1545; il en résulta une génération de mathématiciens qui en forma une autre, représentée notamment par Johannes Kepler. Plus tard, au XVIe siècle, les jésuites encouragèrent l’étude des mathématiques dans les classes supérieures de leurs collèges (notamment dans le cadre de l’enseignement de la logique et de la philosophie). Parallèlement, la redécouverte des œuvres d’Euclide, d’Archimède, de Proclus et d’autres ouvrit de nouvelles perspectives de recherche. En Suisse, seule la ville de Bâle accueillit en permanence une chaire de mathématiques, occupée notamment par Glaréan et Wurstisen. C’est aussi à Bâle que Simon Grynaeus publia les Elementa d’Euclide avec le commentaire de Proclus en 1533, puis l’Almageste de Ptolémée en 1538 et l’Hypotypose de Proclus en 1540. Dans la même ville parurent l’editio princeps des œuvres d’Archimède en grec et en latin (1544) par Thomas Gechauff, la traduction allemande d’Euclide (1562) par Wilhelm Xylander, ainsi que la traduction et le commentaire de Diophante (1575) par le même Xylander. Les traductions latines étaient généralement préférées aux originaux grecs par les imprimeurs, car elles se vendaient mieux. Certains savants produisirent également leurs propres ouvrages. C’est le cas de Glaréan, auteur d’un De VI arithmeticae practicae speciebus epitome (Fribourg-en-Brisgau, Faber, 1539), du Tessinois Taddeo Duno et de son Arithmetices practices methodus (1546), et de Wurstisen, qui publia en 1579 un manuel d’arithmétique (Elementa arithmeticae logicis legibus deducta, Bâle, Henricpetri).
L’application concrète des principes mathématiques était inspirée de Ptolémée et de Vitruve. Ainsi plusieurs cosmographies humanistes furent basées sur les travaux de Ptolémée, comme le Cosmographicus liber de Peter Apian (1524). Quant à Vitruve, c’est bien sûr dans le domaine de l’architecture qu’il fut un modèle, notamment pour Leon Battista Alberti, auteur du De re aedificatoria (1452). On ne trouve pas de chaires de mathématiques dans les académies et les collèges en Suisse avant le début du XVIIIe siècle. Les mathématiques étaient généralement enseignées par des philosophes ou des théologiens. Dans les villes, elles pouvaient susciter l’intérêt de savants, d’ingénieurs, de cartographes, d’arpenteurs, de facteurs d’instruments, d’arquebusiers et de maîtres d’arithmétique. La Renaissance voit d’ailleurs l’essor de l’algèbre, qui est principalement dû au développement de la comptabilité dans le milieu des marchands et des artisans. Cependant, ce savoir «bourgeois», tourné vers l’application pratique, s’exprime plutôt en langue vulgaire, par opposition au savoir universitaire, surtout discursif et théorique, qui s’exprime en latin.
5. Alchimie et chimie
Le terme «chimie» vient du grec χημεία et a été traduit en arabe (al-kīmiyā) pour donner «alchimie». Alors que les auteurs médiévaux étaient influencés par les traductions de l’arabe, la redécouverte des textes grecs à la Renaissance a fini par favoriser l’emploi du mot «chimie». L’alchimie n’a pas de tradition antique claire et ses pratiques et aspirations oscillent entre expérimentations pratiques (ars) et connaissances théoriques (scientia). Elle n’a par ailleurs jamais été intégrée au programme des universités médiévales. Comme le définit Carlos Gilly dans le Dictionnaire historique de la Suisse:
Au Moyen Âge et à l’époque moderne, le concept d’alchimie recouvrait un ensemble complexe de spéculations et d’expériences relatives à la nature. L’alchimie se donnait pour but de transmuter et sublimer la matière à l’aide d’un agent universel (élixir, pierre philosophale), capable de guérir les maladies et d’ennoblir les métaux vils.
La classification de la chimie a toujours posé problème à la Renaissance. Conrad Gessner admettait que les objets de l’alchimie étaient propres à la philosophie naturelle, mais dans ses Pandectae (1548) il la rangea néanmoins parmi les arts mécaniques plutôt que parmi les arts libéraux, au prétexte qu’elle était pratiquée par des hommes ignorants et illettrés. Theodor Zwinger, dans la deuxième édition de son Theatrum humanae vitae (1586), suggérait de placer l’alchimie parmi les «arts du feu», une catégorie qui incluait aussi le travail du verre et la distillation. Les pratiquants de la chimie essayaient au contraire de légitimer historiquement et philosophiquement leur discipline. Ils tentaient de lui donner une autorité antique en la faisant remonter au légendaire sage égyptien Hermès Trismégiste, aux savants arabes Avicenne, Rhazes et Geber et aux érudits européens Albert le Grand, Thomas d’Aquin et Raymond Lulle. Une autre stratégie a consisté à amener des connaissances nouvelles à la philosophie naturelle, notamment une théorie de la matière fondée sur les lectures arabes de la Météorologie d’Aristote, selon laquelle les métaux étaient composés d’après deux principes primordiaux: le soufre et le mercure.
La conception néo-platonicienne de la quintessence cosmique, théorisée par Marsile Ficin, influença le médecin Paracelse, qui faisait correspondre corps célestes et corps terrestres et pressait les médecins de chercher les vertus cachées de la nature, que seule l’alchimie peut révéler. Paracelse, qui consulta à Saint-Gall la collection de textes alchimiques rassemblée par le commerçant et alchimiste Bartholome Schobinger (1500-1585), considérait l’alchimie comme l’un des quatre piliers de la médecine (avec l’astrologie, la philosophie et la vertu). L’alchimie était donc pour lui rattachée à la médecine plutôt qu’à la transmutation des métaux, et son objectif était de pratiquer les arcana et de les employer contre les maladies. Cet objectif a permis, dans la seconde partie du XVIe siècle, le développement de l’iatrochimie ou chimiatrie, qui défia l’autorité de la médecine galiénique et ajouta aux théories alchimiques médiévales un troisième principe, le sel. Bien que Paracelse ait rejeté la transmutation des métaux, cela n’empêcha pas ses partisans de poursuivre cet objectif ou d’écrire des œuvres alchimiques en les attribuant à Paracelse. Les paracelsistes s’attirèrent l’opposition de médecins, mais aussi de théologiens et de philosophes. Pétrarque et Érasme présentèrent les alchimistes comme des charlatans. Georg Agricola distingua ses recherches en métallurgie et en minéralogie de l’alchimie, adoptant le terme «chimie» à sa place. Thomas Éraste, en réfutant les méthodes de Paracelse, remit en question la valeur du corpus hermétique et nia toute possibilité de transmuter les métaux. Il réclamait même la peine de mort pour les parcelsistes, dont la philosophia chymica s’efforçait d’unir en un tout les sciences naturelles et la religion, allant jusqu’à interpréter comme une opération alchimique le récit biblique de la Création.
Le premier ouvrage d’alchimie rédigé en Suisse fut le Coelum philosophorum de Philip Ulstadt ou Ulsted, alors enseignant à Fribourg; il fut toutefois imprimé à Strasbourg (1526). Il faut en effet relever que les autorités prirent parfois des décisions particulièrement restrictives envers l’alchimie, ce qui eut des conséquences sur l’impression des livres. Les textes alchimiques commencèrent à être imprimés en nombre seulement à partir du milieu du XVIe siècle, en raison notamment du regain d’intérêt pour la tradition hermétique et du développement de l’iatrochimie paracelsienne. C’est ainsi qu’en 1545 furent publiés à Berne, chez l’imprimeur Samuel Apiarius, l’Alchemia du pseudo-Geber et six autres classiques, suivis en 1561 de la collection Verae alchemiae artisque metallicae vera doctrina de Guglielmo Grataroli, chez Pietro Perna, à Bâle. En 1572, Perna imprima encore plusieurs recueils d’alchimie arabe et européenne en latin dont l’Auriferae artis, quam chemiam vocant, antiquissimi authores. Perna défendit son choix de publier cette œuvre en affirmant qu’elle permettait de «perfectionner cet art et de le mettre en lumière» (ad eam artem magis excolendam et illustrandam). Bâle était en effet un lieu de rencontre important pour les alchimistes entre 1560 et 1600. Cependant, le renforcement de l’orthodoxie protestante à cette période, en réaction à la Contre-Réforme, porta un rude coup à l’engouement pour l’alchimie. À la fin du siècle, sa pratique y était souvent interdite et les alchimistes étaient amendés, chassés, voire exécutés.
6. Botanique, zoologie, paléontologie
Le latin est une langue historiquement très importante pour la nomenclature des plantes. Si la standardisation du latin dans ce domaine n’arrive qu’avec le botaniste et naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), les plantes faisaient déjà l’objet de descriptions dans les œuvres antiques et médiévales. La redécouverte de ces textes à la Renaissance, leur édition et parfois leur traduction (par exemple la traduction latine des œuvres de Théophraste par Théodore de Gaza vers 1450) firent naître des débats sur l’identification des plantes décrites par les anciens: la question était de savoir si les erreurs étaient dues à l’ignorance des auteurs ou à celle des copistes médiévaux. Dans les années 1540, les œuvres des quatre principaux auteurs antiques sur le sujet, Théophraste, Dioscoride, Pline l’Ancien et Galien, étaient toutes éditées, traduites en latin si nécessaire, et commentées. Les plantes médicinales étaient traitées dans le De materia medica de Dioscoride et le De simplicium medicamentorum temperamentis et facultatibus de Galien, qui devinrent des ouvrages de référence pour les écoles médicales. Les auteurs médiévaux n’étaient toutefois pas écartés, en témoignent les scholies de Johannes Atrocianus au poème De herbarum virtutibus du Pseudo-Macer (en réalité Odo de Meungs) et à l’Hortulus de Walafrid Strabon.
Les humanistes appelaient la botanique res herbaria, une expression renvoyant une image de rigueur intellectuelle, qui tranche avec leur mépris de la tradition orale des herboristes (herbarii). Beaucoup d’œuvres originales furent produites aux XVIe et XVIIe siècles, sous différentes formes (lettres, dialogues, poèmes…): les naturalistes y invoquaient toujours les autorités antiques dans leurs préfaces. Cependant, des auteurs comme les Allemands Otto Brunfels, futur médecin de la ville de Berne, Hieronymus Bock et Leonhart Fuchs rédigèrent des traités fondés sur leurs propres observations. Parmi les grands ouvrages de botanique figure notamment le De historia stirpium de Fuchs, paru à Bâle chez Isengrin (1542). Plus de 130 termes sur les parties des plantes y sont expliqués. Conrad Gessner possédait un cabinet d’histoire naturelle, cultivait des plantes sauvages dans deux jardins botaniques privés et laissa un traité de botanique inachevé; ses excursions en montagne, racontées dans plusieurs textes (Lettre-préface à Jacob Vogel dans le Libellus de lacte, Descriptio Montis Fracti sive Montis Pilati), lui permettaient d’améliorer ses connaissances en cette matière; à cela s’ajoutent ses contacts épistolaires avec d’autres passionnés de botanique, tels Benedikt Marti (Aretius) à Berne, Johannes Fabricius Montanus à Coire, Fridolin Brunner à Glaris et Kaspar Ambühl (Collinus) à Sion. Gessner a laissé beaucoup de traités consacrés aux plantes, tels le De raris et admirandis herbis (1555), le De hortis Germaniae liber (1561), le De stirpium collectione (posthume, 1587). Une connaissance de Gessner, l’anatomiste et botaniste bâlois Caspar Bauhin, introduisit la description des plantes selon le genre et l’espèce (nomenclature binaire), fonda en 1589 le premier jardin botanique de l’université de Bâle et réalisa un herbier de plus de 4000 plantes. Le médecin Felix Platter créa un herbier que Michel de Montaigne put voir en 1580; ce qui en reste est conservé à la Burgerbibliothek de Berne. Platter possédait également un cabinet d’histoire naturelle, dont certains objets se trouvent aujourd’hui au musée d’histoire naturelle de Bâle. Certains humanistes traitant de géographie (notamment alpine) citent les espèces d’arbres, d’arbustes ou d’herbes qu’on rencontre sur le territoire suisse: citons le cas de Josias Simler dans son Commentarius de Alpibus (1574). Les plantes apparaissent parfois aussi dans des poèmes consacrés à la montagne, comme la Stockhornias de Johannes Rhellicanus (rédigée en 1536).
La zoologie est l’étude du comportement, de l’anatomie, de la physiologie, de la classification et de la distribution des animaux. Ces sujets furent abordés dès l’Antiquité, mais le mot latin zoologia n’est créé qu’au milieu du XVIIe siècle à partir des mots grecs ζῷον (l’animal) et λόγος (l’étude d’un sujet spécifique). La zoologie prend son essor à la Renaissance en même temps que l’anatomie et la physiologie, s’appuyant sur une tradition remontant à l’Antiquité grecque. Aristote, dont l’Histoire des animaux traitait de plus de 500 espèces, a longtemps été considéré comme l’auteur le plus important pour ce qui concerne la nature et les animaux. Sur l’échelle de la nature, le philosophe grec plaçait les êtres humains tout en haut, puis les animaux et enfin les plantes. Plus tard, Pline l’Ancien reprit cette taxonomie dans son Histoire naturelle.
Au Moyen Âge, l’œuvre la plus influente fut le Physiologus, un bestiaire du IIe ou IIIe siècle apr. J.-C. dont l’auteur est inconnu. L’invention de l’imprimerie eut un impact majeur à la fois sur les types de textes parlant des animaux et sur le public qu’ils visaient, car pour la première fois de nombreuses illustrations d’animaux pouvaient être reproduites rapidement et à bas coût, et les ouvrages pouvaient circuler partout. L’imprimerie permit aussi la production de textes encyclopédiques tels que l’Historia animalium de Conrad Gessner, dont les quatre volumes furent publiés entre 1551 et 1558 et qui resta la référence en la matière jusque vers la fin du XVIIe siècle. On peut également mentionner les Differentiae animalium de Fabricius Montanus, qui s’appuient sur l’Historia animalium de Gessner. Comme Gessner et Montanus, la plupart des auteurs de la Renaissance continuèrent de diviser les animaux en groupes selon leur anatomie et leurs modes de vie, à la manière d’Aristote. D’autres facteurs s’ajoutèrent, comme leur utilité pour l’homme et/ou leur valeur en tant que nourriture. Au fil du temps, certains auteurs se concentrèrent sur des types d’animaux spécifiques.
La paléontologie n’existait pas encore en tant que discipline, mais son objet d’étude, les fossiles, attirait déjà l’attention des humanistes. Les travaux Georg Agricola et de Conrad Gessner sont fondateurs à cet égard. Le premier publia son De natura fossilium à Bâle, dans l’officine Froben et Episcopius, en 1546. Gessner, quant à lui, traita des fossiles, des pierres, des minéraux et des artefacts dans son dernier ouvrage, le De rerum fossilium, lapidum et gemmarum maxime, figuris et similitudinibus liber. Ce texte fut publié avec sept autres essais d’auteurs variés dans une sorte d’anthologie intitulée De omni rerum et fossilium genere (Zurich, Gessner, 1565). Agricola et Gessner considéraient comme un fossile tout objet extrait du sol ou de la pierre qui avait une forme distincte, ce qui incluait les fossiles au sens moderne d’anciens organismes, mais aussi les cristaux, les pierres, les minéraux et les artefacts. Dans ce domaine, l’autorité des auteurs antiques (Pline l’Ancien, Théophraste, Dioscoride) et médiévaux (Albert le Grand) se combinait avec les observations personnelles de l’humaniste et de ses contemporains. L’originalité de Gessner réside surtout dans le fait d’avoir comparé les fossiles avec les organismes vivants qu’il avait traités précédemment dans son Historia animalium.
Bibliographie
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