Oswald Myconius
La garde pontificale ou la gloire des Suisses: épître dédicatoire de l'oraison funèbre de Kaspar von Silenen
Introduction:Clemens Schlip (traduction française: David Amherdt). Version: 10.02.2023.
Date de composition: 1er août 1518 (date de la lettre).
Éditions: Johannes Faber Augustanus, Oratio funebris habita in exequiis Gasparis de Silinon Capitanei Helvetiorum […], [Bâle], [Adam Petri], [1518], ici fol. aivo-aiiro; imprimé dans Die Schweizergarde in Rom und die Schweizer in päpstlichen Diensten, éd. R. Durrer, Lucerne, Räber, 1927, ici p. 410-411.
Le 5 août 1517, lors d’une attaque menée par le duc d’Urbino Francesco Maria della Rovere, en guerre contre le pape Léon X, contre six compagnies suisses et grisonnes au service du pape, le Lucernois Kaspar von Silenen (env. 1467-1517), qui était capitaine de la Garde suisse pontificale depuis sa création en 1506, trouva la mort. Si Silenen lui-même et environ 130 Suisses (et Grisons) succombèrent, c’est en grande partie parce qu’il avait négligé un message que le commandant de Rimini, Guido Rangone, lui avait envoyé le soir du 4 août pour lui annoncer l’arrivée de l’ennemi et lui proposer de faire entrer ses hommes dans la ville pour assurer leur sécurité. Silenen refusa cette proposition sous prétexte que cela n’était plus possible ce jour-là, ses hommes ayant bu trop de vin. Or, profitant de ce que le service de garde avait été négligé, les troupes ducales prirent par surprise les troupes suisses et grisonnes au petit matin du 5 août. Mais l’attaque échoua en raison de la résistance énergique des Suisses qui, au cours d’un combat de quatre heures, parvinrent pour la plupart à se frayer un chemin jusqu’aux murs de la ville de Rimini, infligeant à l’ennemi des pertes bien plus importantes (environ 400 hommes) que celles qu’ils subirent eux-mêmes (environ 130 hommes). C’est pour cette raison que cette bataille fut mise au nombre des victoires des Suisses et que le capitaine défunt fut considéré comme héros.
C’est le théologien allemand Johannes Faber Augustanus (env. 1470-1530), originaire d’Augsbourg, qui se trouvait alors en Italie, qui prononça l’oraison funèbre lors des obsèques solennelles de Silenen à Rome le 26 août 1517. Rien ne permet de déterminer pourquoi c’est précisément à Faber que cette tâche fut confiée. Le discours (dont nous ne pouvons pas détailler ici le contenu), extrêmement flatteur pour le défunt, n’empêcha pas que son frère Christoph fût écarté de la succession de Kaspar, bien qu’il semble avoir été le candidat des gardes eux-mêmes; la perte de pouvoir des Silenen dans leur patrie suisse permit aux Röist de Zurich d’accéder à la tête de la Garde. Le lieu de sépulture de Kaspar von Silenen, si longuement loué par Faber, n’est plus connu aujourd’hui. Le texte du discours, qui a fait l’objet de critiques dans la recherche moderne et qui, avec son hyperbolisme exacerbé, constitue un exemple typique de rhétorique funéraire humaniste, difficile à apprécier aujourd’hui, parvint également en Suisse. En 1518, Oswald Myconius, alors maître d’école à Zurich, se chargea d’une édition imprimée, qui parut chez Adam Petri à Bâle. Dans la lettre dédicatoire qui fait office de préface, il s’adresse à Jost Brunner (Jodocus Fontanus), alors étudiant à Bâle; c’est lui qui, si l’on en croit Myconius, avait souhaité que le texte fût édité. Ce qui intéresse Myconius dans ce discours, ce n’est pas l’éloge du défunt lui-même, mais les propos positifs de Faber à propos de son peuple, les Helvetii (Suisses), auquel Myconius et Brunner appartenaient eux-mêmes.
Myconius se penche tout d’abord sur les exploits militaires des Suisses au cours des 150 dernières années, sans toutefois entrer concrètement dans le détail des batailles ou des guerres (ce que Faber avait lui-même fait dans son discours). Les Suisses n’auraient mené que des guerres justes pour défendre leur patrie et se seraient souvent montrés victorieux face à des adversaires bien supérieurs en nombre. Le fait que Myconius idéalise ainsi fortement la réalité historique est prouvé par l’occasion même du discours de Faber: il est évident que ce n’est pas sa patrie suisse que le chef mercenaire Kaspar von Silenen, au service du pape, avait défendue devant Rimini. Ce n’est donc certainement pas un hasard si Myconius n’évoque que brièvement l’occasion concrète du discours qu’il a publié, à savoir les funérailles du capitaine, et ne s’étend pas davantage sur ce sujet. De manière générale, il occulte la réalité du mercenariat, qui conduisit non seulement les Confédérés à se battre pour les intérêts de souverains étrangers, mais entraîna même des Suisses à s’affronter dans des camps ennemis; il n’aurait probablement pas non plus réussi à expliquer ces affrontements par la doctrine de la guerre juste. Le fait qu’il passe sous silence les défaites militaires subies par les Suisses révèle la même distorsion manipulatrice de la réalité; en 1518, à peine trois ans après la défaite catastrophique des Confédérés à Marignan, plus d’un lecteur de cette lettre aura toutefois été frappé par le fait que Myconius donnait une image incomplète de l’histoire militaire suisse.
Tout en prenant bien soin de préciser que les Suisses devaient être reconnaissants à Faber pour les éloges qu’il leur avait adressés, Myconius cite ensuite d’autres qualités des Suisses que Faber aurait fort bien pu également relever. Il se réjouit en outre particulièrement de ce que le discours, si positif à l’égard du défunt et de sa patrie suisse, ait été prononcé par un «Souabe», terme qui, du reste, désigne avec précision l’origine géographique de Faber, originaire d’Augsbourg. Il estime que ce fait est remarquable, eu égard à l’animosité traditionnelle entre les deux peuples. En effet, la «Guerre de Souabe», qui opposa en 1499 la ligue de Souabe et les Habsbourg d’une part et les Confédérés et leurs alliés d’autre part (cette guerre servit notamment de matière à la Raeteis, l’épopée de Simon Lemnius) devait être un souvenir encore vivace en 1517.
Dans une perspective contemporaine d’hommes et de femmes du XXIe siècle, il serait également tentant de considérer cette lettre comme un document sur l’antagonisme entre les Allemands et les Suisses; ce serait toutefois anachronique, car le caractère allemand de l’Ancienne Confédération et son appartenance à l’Empire n’étaient pas remis en question par les Suisses de l’époque. Chez Myconius, Suevus (Schwabe, Souabe) n’est donc pas synonyme d’Allemagne, mais désigne concrètement les voisins septentrionaux des Confédérés.
Faber étant issu du peuple souabe, Myconius considère que ses propos sont à l’abri des critiques qui se seraient élevées de la part des ennemis de la Suisse si un Suisse avait tenu de tels propos sur sa patrie; et Myconius de présenter ce discours comme un triomphe de la vérité sur les critiques blessantes dont les Confédérés avaient souffert dans les années précédentes (il pense probablement à des propos comme ceux de l’Alsacien Jakob Wimpfeling). Dans le contexte de cette critique de la Suisse, une nouvelle idée apparaît soudain à la fin de la lettre, Myconius élargissant clairement son regard au-delà de l’éloge de la Suisse prononcé par un étranger: jusqu’à présent, la Suisse elle-même n’avait personne pour répondre aux critiques offensantes de l’étranger; mais elle est en train de former ses propres talents, qui sont en train d’être polis et qui seront bientôt révélés au grand jour. À la fierté teintée d’hyperbole à propos des grands succès militaires des années précédentes s’ajoute donc ici l’heureux espoir que la Suisse pourra bientôt défendre son honneur par ses propres moyens, avec les armes de l’esprit. Cela rappelle le poème de Joachim Vadian accompagnant la deuxième édition de l’Helvetiae descriptio d’Henri Glaréan (la première datant de 1514), parue quelque temps plus tard, en 1519, dans lequel l’auteur commence également par louer les exploits guerriers des Confédérés, avant de souligner que, grâce à l’œuvre de Glaréan et à d’autres érudits, un âge d’or a désormais commencé pour la Suisse, y compris sur le plan littéraire. Oswald Myconius accompagna cette édition de 1519 d’un commentaire dont nous présentons des extraits ailleurs sur ce Portail. Les similitudes entre la pensée de Myconius dans la présente lettre et celle de Joachim Vadian ne sont pas uniquement dues à cette collaboration éditoriale; elles montrent que de telles réflexions étaient un bien commun idéologique au sein du mouvement humaniste suisse. Dans les deux cas, la conscience d’un certain retard culturel, qui, aux yeux de Myconius et de Vadian, a été rattrapé par la Confédération, est évidente. La préface de Myconius au discours de Johannes Faber s’ajoute ainsi au fait qu’il est l’auteur d’un commentaire sur l’Helvetiae descriptio de Glaréan, dont il est fort possible qu’il s’occupait déjà en août 1518, alors qu’il rédigeait la présente épître dédicatoire. Et, ne serait-ce qu’en raison de sa contribution à l’Helvetiae descriptio de Glaréan dont il vient d’être question, il est plus que probable que, dans cette épître dédicatoire, il se compte lui-même parmi les «grands talents» de la Confédération qui vont bientôt «apparaître au grand jour».
Le discours de Johannes Faber sur Kaspar von Silenen et les remarques préliminaires d’Oswald Myconius présentent un intérêt historique particulier, car ils sont directement liés à une institution encore jeune à l’époque, qui existe aujourd’hui encore et qui est associée à la Confédération sur le plan international: la Garde suisse pontificale, qui est la seule des troupes de mercenaires au service de l’étranger à avoir été conservée, ce qui est de grande importance pour l’histoire suisse. Elle a survécu aussi bien à l’interdiction de nouvelles capitulations militaires (contrats conclus par les Confédérés avec des États étrangers dans le but de recruter des mercenaires en Suisse) par la Constitution fédérale de 1848 qu’à l’interdiction de principe du service étranger en 1859; la première parce que le recrutement ne se fait plus qu’au niveau privé depuis 1858, la seconde parce qu’elle n’est pas considérée comme une armée par les autorités suisses, mais comme un service de police.
Bibliographie
Durrer, R., Die Schweizergarde in Rom und die Schweizer in päpstlichen Diensten, Lucerne, Räber, 1927.
Henrich, R., Oswald Myconius,Briefwechsel 1515-1552. Regesten, bearbeitet von Rainer Henrich. Teilband 1. Briefe 1515-1541, Zurich, Theologischer Verlag Zürich, 2017, ici no 6, p. 113-114.
Krieg, P. M., Die Schweizergarde in Rom (1506-2006), Lucerne, Räber, 1960.
Sieber-Lehmann C. et Wilhelmi, T. (éd.), In Helvetios – Wider die Kuhschweizer. Fremd- und Feindbilder von Schweizern in antieidgenössischen Texten aus der Zeit von 1386 bis 1532, Berne et Stuttgart, Haupt, 1998.
Il convient également de mentionner ici le bref résumé de cette lettre proposé dans Henrich (2017), n° 6, p. 113-114.
3
Durant l’été 1516, Léon X avait chassé d’Urbino le duc, neveu de son prédécesseur Jules II, et avait donné le duché en fief à son propre neveu, Laurent de Médicis. Au printemps 1517, le duc récupéra son duché à l’aide de mercenaires venus d’Allemagne et d’Espagne; il bénéficiait en outre de la sympathie des Français et de certaines forces en présence à Rome. C’est ainsi que commença la guerre dans laquelle Kaspar von Silenen trouva la mort en août 1517. Cf. Durrer (1927), p. 183-184.
4
Auparavant, il avait été député au Grand Conseil lucernois (dès 1497) et bailli d’Ebikon (de 1497 à 1499). En 1503, il avait été exclu du Grand Conseil et condamné à une amende pour avoir recruté illégalement des mercenaires pour la France, mais avait été gracié en 1505. Sa biographie est résumée très brièvement par P. Quadri, «Silenen, Kaspar von», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 25.11.2011, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/014506/2011-11-25/. Les indications de Durrer (1927) sont plus complètes, en particulier p. 22-36 (jusqu’à la nomination au poste de capitaine de la Garde) et p. 180-200 (derniers jours de sa vie, décès et obsèques à Rome).
5
Sur le déroulement de cette bataille, voir Durrer (1927), p. 194-198; Krieg (1960), p. 27-28.
6
Il fut d’abord actif à la faculté de théologie de Fribourg-en-Brisgau puis, en 1512, il fut choisi comme abbé du couvent dominicain d’Augsbourg. En 1515, il prit part à des disputationes à Bologne. À son retour d’Italie, il devint conseiller impérial; en 1519, il prononça l’éloge funèbre de l’empereur Maximilien Ier. Il sympathisa d’abord avec les humanistes, avec lesquels il rompit publiquement lors de la diète de Worms, et s’exprima au début avec compréhension au sujet de Luther. En 1524, les troubles religieux l’obligèrent à quitter brièvement Augsbourg; il fut exilé en 1525 et mourut en 1530, probablement à Salzbourg. Pour ces indications et d’autres à son sujet, voir P.-G. Gieraths, «Faber, Johannes Augustanus», Neue Deutsche Biographie 4 (1959), p. 721, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd120721414.html#ndbcontent.
7
On trouve le texte intégral de ce discours dans l’édition de 1518 mentionnée en tête de cette introduction, ainsi que dans Durrer (1927), p. 411-419.
8
À ce sujet, voir Krieg (1960), p. 29-30.
9
Durrer (1927), p. 200 la qualifie de «nécrologie latine pompeuse» («schwülstige lateinischer Nachruf»). Il est difficile de ne pas lui donner raison.
10
Sur la rhétorique funéraire, son histoire et sa théorie, voir l’introduction de F. Eybl, «Funeralrhetorik», Historisches Wörterbuch der Rhetorik 3 (1996), p. 478-484 (sur la Renaissance et l’époque baroque, p. 480-482).
11
Né à Lucerne en 1488, Myconius étudia à Bâle de 1510 à 1514. Il fut ensuite enseignant, d’abord à Bâle, puis dès 1516 à Zurich, et dès 1519 à Lucerne. En 1522, il fut expulsé de Lucerne en raison de ses convictions protestantes et s’installa à Zurich. Après la mort de Zwingli (1531), il se rendit à Bâle, où il devint en 1532 antistès de l’église locale et professeur à l’université. Pour sa biographie, voir T. K. Kuhn, «Myconius, Oswald», Neue Deutsche Biographie 18 (1997), p. 662-663, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd118735462.html#ndbcontent; G. Egloff, «Myconius, Oswald», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 09.12.2014, https://hls-dhs-dss.ch/de/articles/014127/2014-12-09/.
12
Jost Brunner (Jodocus Fontanus) fut immatriculé en 1514 à l’université de Bâle, où il obtint sa maîtrise en 1519. De 1521 à 1544 au moins, il fut pasteur à Eich; dès 1541, il fut aussi chanoine du chapitre de Beromünster; il mourut à Baden en 1564. Les fonctions qu’il occupa montrent qu’il ne suivit pas Myconius sur son chemin vers la confession réformée. Voir Henrich (2017), p. 113.
13
Fol. aivo: continet enim Helvetiorum (quibus nos ambo debemus quicquid in nobis existit) laudem huiusmodi, qualem etiamnum Latine exaratam non vidisti («Ce discours contient en effet un éloge des Suisses (auxquels nous devons tous deux tout ce qui est en nous) tel que jusqu’ici tu n’en as jamais vu de semblable en langue latine».
14
Ainsi, Faber évoque aux fol. biiiro-vo les victoires des Suisses sur les Français lors des guerres de Milan.
15
Un cas célèbre à cet égard est la bataille de Novare en 1500 entre les Français et le duc de Milan Ludovico Sforza. Ce n’est que parce que les Suisses refusèrent de se battre contre leurs compatriotes qu’un combat de Suisses contre des Suisses put être évité. Voir à ce sujet H. Stadler, «Batailles de Novare», dans Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 09.09.2010, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008894/2010-09-09/.
16
En 1504, un critique des Suisses, le dominicain Johannes Winckel de Fribourg-en-Brisgau, reprochait aux mercenaires suisses, dans son traité Utrum modus orandi Confederatorum [...] sit licitus, bonus et meritorius, de mener des guerres injustes; ce texte, resté jusque-là sous forme manuscrite, est édité dans Sieber-Lehmann et Wilhelmi (1998), p. 140-161, ici p. 152 (texte latin) et 153 (traduction allemande): [...] quia contra legem dei et mandata de obediencia ad superiores scienter et pertinaciter agentes et ad bella iniusta sola cupiditate ducti discurrentes Christianum sangwinem pro stipendio effundentes [...] («[... ] parce que les Suisses – bien qu’ils agissent sciemment et obstinément contre la loi de Dieu et contre les ordres qui appellent à l’obéissance aux supérieurs, et que, par pur esprit de lucre, ils participent à des guerres injustes et versent le sang des chrétiens pour une solde [...]»; la mise en évidence est de notre fait.
17
Sur la bataille de Marignan (13-14 septembre 1515), voir. H. de Weck, «Bataille de Marigna», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 17.08.2015, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008896/2015-08-17/. Sur l’effet déstabilisant de cette bataille sur la conscience que les Suisses avaient d’eux-mêmes à l’époque, voir G. P. Marchal, «Die ‘Alten Eidgenossen’ im Wandel der Zeiten. Das Bild der frühen Eidgenossen im Traditionsbewusstsein und in der Identitätsvorstellung der Schweizer vom 15. bis ins 20. Jahrhundert», dans Innerschweiz und frühe Eidgenossenschaft. Jubiläumsschrift 700 Jahre Eidgenossenschaft, éd. Historischer Verein der Fünf Orte, Olten, Walter, 1990, p. 308-403, ici p. 319.
18
Par ailleurs, au Moyen Âge et au début des temps modernes, le terme «Schwabe» n’avait pas la connotation péjorative qu’il a acquise plus tard et qu’il a conservée jusqu’à aujourd’hui chez certains Suisses alémaniques. Voir à ce sujet G. P. Marchal, «‘Quia Germani estis’ (Jakob Wimpfeling). ‘Schweizer’ und ‘Deutsche’ um 1500?», dans Deutsche und Deutschland aus Schweizer Perspektiven, éd. G. Kreis et R. Wecker, Bâle, Schwabe, 2007, p. 11.
19
Fol. aiiro: Res videtur non parum habere ponderis, quod Suevus Helvetium tam cumulate commendat. Inter quos tot iurgia, tot inimicitiae, tot bella gravissima a multis iam annis ita misere sunt transacta («Il me semble qu’il n’est pas sans importance qu’un Souabe fasse si magnifiquement l’éloge des Suisses; car entre Souabes et Suisses, depuis déjà tant d’années, se sont élevées, malheureusement!, tant de querelles, tant d’inimitiés, tant de guerres très graves.»).
20
Sur les relations tendues entre les Suisses et leurs voisins souabes, cf. H. Maurer, Schweizer und Schwaben. Ihre Begegnung und ihr Auseinanderleben am Bodensee im Spätmittelalter, Constance, Universitätsverlag, 21991. Sur la guerre de Souabe, voir A. Gutmann, «Guerre de Souabe», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 24.02.2015, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008888/2015-02-24/.
21
La question des relations entre l’Allemagne et la Suisse à l’époque moderne ne font pas l’objet de ce Portail, pas plus que celle de la genèse de leur antagonisme. Nous renvoyons aux titres suivants: M. Kutter, Die Schweizer und die Deutschen. Es hätte auch ganz anders kommen können…, Zurich, Ammann, 1995; Kuhschweizer und Sauschwaben. Schweizer, Deutsche und ihre Hassliebe, éd. J. Altwegg et R. de Weck, Munich, etc., Nagel & Kimche, 2003; Deutsche und Deutschland aus Schweizer Sicht, éd. G. Kreis et R. Wecker, Bâle, Schwabe, 2007; A. Muschg, Wie deutsch ist die Schweiz? Von mangelnder Zweiseitigkeit, Constance, Universitätsverlag Konstanz, 2008. Caractéristique du ressentiment des Suisses allemands à l’égard des Allemands: A. Guggenbühl, Die Schweizer sind anders. Die Erhaltung der Eigenart – eine Frage nationaler Existenz, Zurich, Spiegel, 1967, passim.
22
Voir à ce sujet G. P. Marchal, «‘Quia Germani estis’ (Jakob Wimpfeling). ‘Schweizer’ und ‘Deutsche’ um 1500?», dans Deutsche und Deutschland aus Schweizer Perspektiven, éd. G. Kreis et R. Wecker, Bâle, Schwabe, 2007, p. 11-12.
23
Fol. aiiro: Ita nanque fit, ne statim quisque ex eo genere hominum, vel quocumque alio, temere prosiliat clamitans indignum facinus, Helvetium suos in caelum extulisse praeter meritum («En effet, de cette manière, aucun individu d’aucune sorte ne pourra à la légère se lever et crier que c’est un acte indigne pour un Suisse de porter aux nues les siens en exagérant leur mérite.»).
24
Voir la critique virulente de ce dernier à l’encontre des Confédérés dans le Soliloquium pro pace Christianorum et pro Helvetis ut resipiscant, qui date probablement de 1505 et dont le texte est publié dans Sieber-Lehmann et Wilhelmi (1998), ici p. 162-217 (sur la date de rédaction du texte, paru sans lieu ni année, cf. Ibid., p. 162), ainsi que les interprétations de G. P. Marchal, «Bellum justum contra judicium belli. Zur Interpretation von Jakob Wimpfelings antieidgenössischer Streitschrift ‘Soliloquium pro Pace Christianorum et pro Helvetiis ut respiscant’», dans Gesellschaft und Gesellschaften. Festschrift Ulrich Im Hof, éd. N. Bernard et Q. Reichen, Berne, Wyss, 1982, p. 114-137; G. P. Marchal, «‘Quia Germani estis’ (Jakob Wimpfeling). ‘Schweizer’ und ‘Deutsche’ um 1500?», dans Deutsche und Deutschland aus Schweizer Perspektiven, éd. G. Kreis et R. Wecker, Basel, Schwabe, 2007, p. 7.
25
Fol. aiiro: At qui talibus nugis hactenus delectati sunt, nimirum huc respexerunt, Helvetiam neminem habere resistentem, sed, me Hercule, quam longissime aberraverunt, nam tunc bona ingenia apud nos erant sub incude, hodie expoliuntur, propediem emergent in lucem («Mais ceux qui jusqu’ici se sont délectés de telles sottises ont sans doute estimé que la Suisse n’avait personne pour leur tenir tête, mais, par Hercule, ils se sont très lourdement trompés, car chez nous les grands talents étaient alors sous l’enclume, et aujourd’hui ils sont polis, et bientôt ils apparaîtront au grand jour.»).
26
Pour plus de détails sur les invectives anti-suisses au Moyen Âge et à la Renaissance, voir le recueil de textes de Sieber-Lehmann et Wilhelmi (1998).
27
Voir fol. aiiro.
28
Sur l’histoire du service étranger, qui «englobe le mercenariat, où des mercenaires sont fournis à un prince par un chef de guerre agissant pour son propre compte, et le service capitulé, réglé par des accords ou capitulations passés entre États», voir P. Henry, «Service étranger», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 08.12.2017, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008608/2017-12-08/; sur le mercenariat en particulier, voir A.-J. Czouz-Tornare, «Mercenaires», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 19.05.2011, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008607/2011-05-19/. Sur l’histoire des gardes suisses, qui étaient mieux considérés que les régiments suisses normaux, car ils étaient spécialement chargés de la protection des souverains et de leurs résidences, voir P. Henry, «Gardes suisses», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 29.06.2007, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008623/2007-06-29/ (qui se penche en particulier sur la garde suisse à la cour du roi de France). Sur la Garde suisse pontificale et son histoire, voir l’aperçu de R. Beck-von Büren, «Garde suisse pontificale», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 18.11.2009 https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008624/2009-11-18/; voir aussi la monographie de Krieg (1960); sur l’histoire des débuts de la Garde (jusqu’à son comportement héroïque à l’occasion du Sac de Rome 1527), voir aussi Durrer (1927). Présentation online de l’actuelle Garde suisse pontificale: https://schweizergarde.ch/paepstliche-schweizergarde/fr/qui-sommes-nous/.
Sur l’histoire du service étranger, qui «englobe le mercenariat, où des mercenaires sont fournis à un prince par un chef de guerre agissant pour son propre compte, et le service capitulé, réglé par des accords ou capitulations passés entre États, voir P. Henry, «Service étranger», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 08.12.2017, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008608/2017-12-08/; sur le mercenariat en particulier, voir A.-J. Czouz-Tornare, «Mercenaires», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 19.05.2011, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008607/2011-05-19/. Sur l’histoire des gardes suisses, qui étaient mieux considérés que les régiments suisses normaux, car ils étaient spécialement chargés de la protection des souverains et de leurs résidences, voir P. Henry, «Gardes suisses», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 29.06.2007, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008623/2007-06-29/ (qui se penche en particulier sur la garde suisse à la cour du roi de France). Sur la Garde suisse pontificale et son histoire, voir l’aperçu de R. Beck-von Büren, «Garde suisse pontificale», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 18.11.2009 https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008624/2009-11-18/; voir aussi ferner: E. Gatz, «Schweizergarde», Lexikon der Päpste und des Papsttums (2001), p. 676-678; voir aussi la monographie de Krieg (1960); sur l’histoire des débuts de la Garde (jusqu’à son comportement héroïque à l’occasion du Sac de Rome 1527), voir aussi Durrer (1927). Présentation online de l’actuelle Garde suisse pontificale: https://schweizergarde.ch/paepstliche-schweizergarde/fr/qui-sommes-nous/.