L’imprimerie suisse au XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe siècle
Auteur(s): Clemens Schlip (traduction française: David Amherdt/Kevin Bovier). Version: 23.05.2024.
- Une innovation technique révolutionnaire
- Conséquences de l’imprimerie
- Les imprimeurs (et éditeurs) suisses du XVe au milieu du XVIIe siècle
- Remarques finales sur la Suisse italienne (Tessin, parties des Grisons)
1. Une innovation technique révolutionnaire
À la fin du Moyen Âge et à la Renaissance survint une révolution médiatique sans précédent dans l’histoire de l’humanité depuis l’invention de l’écriture. L’invention de l’imprimerie et son expansion permirent la reproduction mécanique de livres et d’autres ouvrages écrits, qu’il n’était désormais plus nécessaire de copier péniblement à la main. Il n’est donc pas étonnant qu’un érudit comme Joachim Vadian (1483-1551) se soit joint en 1511 (alors que l’imprimerie était déjà vieille de quelques décennies) au chœur de ceux qui louaient les avantages de cette innovation technique. Le développement et l’expansion de l’imprimerie ainsi que ses conséquences seront examinés dans cette introduction, avec comme centre d’intérêt principal la question de savoir ce que l’imprimerie a signifié pour la Suisse et ses humanistes au XVIe siècle.
L’impression de caractères sur différents supports (papyrus, bois, etc.) était déjà pratiquée dans l’Antiquité. Nous pouvons ignorer ici ces étapes préliminaires, tout comme les développements qui se produisirent en Asie orientale à l’époque du Moyen Âge européen (invention du procédé d’impression au bloc de bois et utilisation de caractères mobiles), car ils n’eurent aucune influence en Europe; de plus, le livre imprimé ne devait acquérir une renommée mondiale que dans le cadre de l’expansion européenne de l’époque moderne.
Depuis 1440 environ, on pratique en Europe à la fin du Moyen Âge la technique de la xylographie, dans laquelle le texte et les images de la future page de papier sont découpés dans le bois et encrés de manière inversée (en Asie orientale, ce procédé était connu depuis le début de la dynastie chinoise Tang au VIIe siècle). Plus de 100 livrets xylographiques de la fin du Moyen Âge produits de cette manière ont été conservés (dans la plupart des cas des séries d’images accompagnées de textes, comme la légende de Meinrad imprimée à Einsiedeln en 1450); 19 d’entre eux se trouvent dans des bibliothèques suisses; au total, 14 livrets xylographiques sont attribués par les chercheurs à la région de l’Allemagne du Sud, dont la Suisse faisait aussi partie. C’est également au XVe siècle que l’on assiste à l’apparition de la gravure, au début sur bois (impression des premiers jeux de cartes à Bâle en 1450; impression de la première feuille signée à Rapperswil 1465/66).
L’impression moderne de livres à grande échelle ne fut toutefois rendue possible que par l’invention ou le perfectionnement des caractères mobiles et de la presse d’imprimerie manuelle par Johannes Gutenberg (de son vrai nom Johannes Gensfleisch zur Laden). L’innovation de Gutenberg réside dans le fait qu’il mit au point un moule manuel de fonte de caractères (en allemand Handgiessinstrument) permettant de fabriquer facilement, rapidement et en grand nombre des caractères en métal. Les caractères de chaque lettre pouvaient être combinés de n’importe quelle manière pour former de nouveaux textes (ce qui devint la tâche des compositeurs). Tout d’abord, on assemblait les différentes lignes sur des composteurs et on remplissait les espaces entre les mots avec des blancs; ensuite, on assemblait ces lignes sur une galée pour former une colonne ou une page; après avoir encré les caractères avec de l’encre d’imprimerie, ces colonnes ou ces pages pouvaient être imprimées sur papier autant de fois que nécessaire; ensuite, on pouvait détacher les caractères métalliques de la galée afin de les utiliser plus tard pour un autre texte (ou bien on pouvait conserver le texte composé, par exemple si l’on s’attendait à devoir le réimprimer dans un délai plus ou moins court; mais dans ce cas de figure, les caractères ne pouvaient pas être réutilisés pour d’autres textes). Le procédé d’impression manuelle développé par Gutenberg resta pratiquement inchangé jusqu’au XIXe siècle et l’invention des machines à imprimer mécaniques.
À partir de 1450 environ, Gutenberg imprima à Mayence, par ce procédé, de courts écrits ainsi que, entre 1452 et 1454, les fameuses «Bibles de Gutenberg». Malheureusement pour lui, il perdit en 1455 un procès contre son bailleur de fonds, Johannes Fust, et on lui retira toutes les bibles imprimées jusqu’alors ainsi que l’atelier, que Fust continua à exploiter à partir de 1457 avec l’ancien collaborateur de Gutenberg, Peter Schöffer l’Ancien; tous deux furent les premiers à imprimer en plusieurs couleurs. Gutenberg travailla ensuite sans grand succès comme propriétaire d’une petite officine à Mayence, avec le soutien du syndic de la ville; mais Mayence fut ravagée lors de la guerre entre l’archevêque (et prince électeur) Dieter von Isenburg, déposé par le pape, et son successeur Adolf von Nassau en octobre 1462, ce qui fut fatal à cette officine; à partir de janvier 1465 et jusqu’à sa mort, Gutenberg reçut un modeste soutien d’Adolf von Nassau.
La destruction de Mayence en octobre 1462 fut l’une des raisons qui contribuèrent à la diffusion rapide de l’imprimerie, car de nombreux anciens collaborateurs de Gutenberg et de Fust et Schöffer ouvrirent par la suite leurs propres ateliers dans d’autres villes. Les premières officines en dehors de Mayence furent créées à Bamberg et Strasbourg (1459/1460), Cologne (1464), Subiaco (1465), Rome (1466/1467), Bâle (1467), Augsbourg (1468) et Venise (1469); à partir des années 1480, on peut parler d’une production massive de livres. Il est presque superflu de dire que les livres en latin y jouaient un rôle dominant, qu’ils conservèrent, avec une lente tendance à la baisse, jusqu’au XVIIIe siècle (cela vaut bien sûr tout particulièrement dans les régions où l’imprimerie savante dominait, ou lorsque, dépassant les frontières des langues vernaculaires, l’on visait un public européen). La première officine bâloise, déjà mentionnée, fut ouverte par Berthold Ruppel (mort en 1495), qui y produisit probablement une Biblia Latina vers 1468. Le premier livre imprimé clairement daté sur le territoire de la Suisse actuelle fut cependant imprimé en 1470 à Beromünster par le chanoine et curé Elias Elye (env. 1400-1475); il s’agit d’un dictionnaire biblique de 600 pages intitulé Mammotrectus.
Nous rappelons ici en passant que le papier (dont la fabrication avait été inventée en Chine au Ier ou au IIe siècle apr. J.-C. et qui était arrivé en Europe aux XIe-XIIe siècles via le monde arabe) était alors fabriqué, et ce jusqu’au XIXe siècle, à partir de chiffons, c’est-à-dire de textiles de lin usagés. Cette pratique prit fin lorsque fut inventée la fabrication du papier à partir de pâte de bois; au fil du temps, il s’est avéré que ce papier était soumis à des processus de décomposition interne en raison de l’acidité qu’il contenait; ce phénomène se manifeste de manière particulièrement nette par le jaunissement et la fragilité croissante des livres et autres ouvrages imprimés sur du papier de bois au XIXe siècle et pendant la majeure partie du XXe siècle (ce n’est que depuis les années 1980 que l’on utilise généralement du papier de bois résistant au vieillissement ou exempt d’acide); en revanche, les anciens imprimés sur papier de chiffon se distinguent généralement par une meilleure durabilité.
2. Conséquences de l’imprimerie
Alors que le commerce des manuscrits était une affaire gérable et sûre (la plupart du temps, les différents exemplaires étaient fabriqués directement sur commande et seul un petit nombre était conservé en stock), il fallait désormais fixer à l’avance le nombre d’exemplaires à imprimer: ce calcul devait tenir compte à la fois des coûts d’investissement et de la demande réelle, pour éviter de se retrouver avec un grand nombre d’exemplaires invendables et de perdre le montant investi dans la production. C’est depuis lors l’un des principaux problèmes du commerce du livre, qui souffre encore aujourd’hui du fait que la production tend toujours à dépasser la demande réelle et que la plupart des titres ne génèrent donc pas de bénéfices, mais doivent être financés par les livres à succès, relativement peu nombreux. Il est particulièrement important de disposer d’un réseau de distribution efficace et étendu, car les livres imprimés en grand nombre doivent généralement être vendus un à un à de nombreux acheteurs différents. Le tirage moyen au XVIe siècle s’élevait probablement à 1500 exemplaires environ, le tirage minimum pour couvrir les frais étant de quelques centaines d’exemplaires (à l’époque des incunables, les tirages moyens étaient encore nettement inférieurs). La production de nouveaux imprimés, les encres, le métal des fontes et les machines à imprimer coûtaient très cher. La création d’une officine était donc un investissement coûteux. Les impressions de textes grecs posaient des problèmes particuliers, car il n’était pas toujours facile de trouver des compositeurs capables de les maîtriser; à l’inverse, elles n’intéressaient qu’une minorité d’acheteurs. Au début du XVIe siècle, lorsque les besoins des monastères et du clergé furent satisfaits, les métiers du livre connurent une première crise des ventes. Mais celles-ci explosèrent ensuite dans le sillage de la Réforme. Au lieu de grands in-folio, on imprima désormais de préférence des petits formats et de nombreuses brochures (ce qui ne signifie pas qu’il n’y eut plus de livres de grand format). C’est à cette époque que s’imposèrent la page de titre et les marques d’imprimeur, qui devaient donner un aspect unique à un livre ou à la production d’un imprimeur-éditeur. Outre les grands imprimeurs comme Manuce, Froschauer ou Froben, il existait de nombreuses autres petites entreprises qui n’ont pas encore été suffisamment étudiées. En raison de sa situation géographique favorable, au carrefour de routes commerciales importantes, la foire du livre de Francfort devint un lieu de rencontre important pour le commerce du livre et l’édition.
Comme leur profession était apparue récemment, les imprimeurs n’avaient pas l’obligation d’appartenir à une corporation, mais exerçaient un métier libre. À Bâle et à Zurich, ils étaient libres d’adhérer à la corporation de leur choix, ce qui était une condition préalable à l’obtention du droit de cité. Dans les deux villes, les imprimeurs préféraient la corporation du Safran, car elle leur permettait de nouer des contacts avec des investisseurs particulièrement puissants. L’imprimerie n’étant pas une corporation, elle ne disposait pas non plus de règlements d’atelier contraignants définissant les droits et les devoirs des maîtres, des compagnons et des apprentis, ou encore les horaires de travail et les rémunérations. Dans certains endroits, les autorités ou les maîtres imprimeurs eux-mêmes y remédièrent en édictant des «règlements d’imprimerie» (à Paris en 1539, à Genève en 1560, à Francfort-sur-le-Main en 1573, dans ce dernier lieu à l’initiative des maîtres imprimeurs); en Suisse alémanique, de telles ordonnances ne semblent pas avoir existé au XVIe siècle, mais on peut néanmoins supposer que les différentes officines formulèrent des règles pour leur propre usage.
Les imprimeurs commercialisaient les produits de leurs propres officines ainsi que ceux d’autres imprimeurs, qui leur fournissaient des exemplaires en échange des leurs. De plus en plus, les officines prenaient également en charge les commandes d’impression d’éditeurs étrangers. L’éditeur tire son nom allemand («Verleger») du fait qu’il avance («vorlegt») de l’argent et du matériel à un métier; le métier du livre est l’un des rares à avoir conservé à la Renaissance (et jusqu’à aujourd’hui) ce système né au Moyen Âge.
Parallèlement à l’édition, le métier de libraire, établi ou itinérant, appelé en allemand Buchführer jusqu’au XVIIe siècle, vit également le jour; les libraires travaillaient de manière indépendante ou dépendaient d’un entrepreneur plus important; en règle générale, ils dirigeaient également une maison d’édition et étaient donc des éditeurs-libraires (ces deux métiers étaient rarement séparés). Les grandes foires commerciales étaient appréciées des lecteurs de toute une région, qui y trouvaient là de quoi satisfaire leurs besoins en livres. On sait que Christoph Froschauer l’Ancien ramenait des livres de la foire du livre de Francfort sur commande; il avait ses propres charretiers et était capable, dans certaines circonstances, de livrer lui-même directement ses clients de Suisse alémanique et d’Allemagne du Sud. C’est également à Francfort (et non chez lui à Zurich) qu’il stockait la majeure partie de sa production.
À la Renaissance et jusqu’au XVIIIe siècle, les honoraires d’auteur sous forme d’argent étaient plutôt l’exception; la cession d’exemplaires gratuits, le paiement en nature ou l’hébergement et la nourriture par l’imprimeur étaient courants. L’une des possibilités de tirer profit de l’activité littéraire consistait à dédier un livre à une personnalité importante, qui, dans l’idéal, se montrait reconnaissante, financièrement ou d’une autre manière. Parmi les auteurs qui recevaient des honoraires, on trouve Leo Jud, Conrad Pellican et Heinrich Bullinger, que Christoph Froschauer à Zurich payait par feuille imprimée (correspondant à quatre pages in-folio): Jud et Pellican recevaient un florin pour quatre feuilles (Pellican en 1535 recevait au total 186 florins, une somme tout à fait considérable; sa maison lui avait coûté 200 florins), Bullinger un florin pour trois feuilles. Zwingli renonça en revanche, comme Luther, à des honoraires d’auteur. À Bâle, Jean Œcolampade recevait, comme Bullinger, un florin pour trois feuilles, mais d’autres auteurs recevaient encore plus, à savoir une couronne (correspondant à 1,66 florin) pour quatre feuilles. Conrad Gessner recevait des honoraires de ses éditeurs, ce qui était important pour cet homme peu fortuné. Outre d’éventuels honoraires d’auteur, un emploi dans une officine pouvait également être intéressant pour les intellectuels du XVIe siècle. De nombreux humanistes y trouvaient un emploi en tant que lecteurs et correcteurs (les termes usuels pour ces activités étaient corrector ou castigator). Dans l’officine de Christopher Froschauer l’Ancien à Zurich, les correcteurs étaient payés 26 à 40 schillings, les lecteurs 20 schillings, les compositeurs 36 à 60 schillings, les imprimeurs 28 à 33 schillings (40 schillings correspondaient à un florin); les salaires plus élevés des compositeurs tenaient compte du fait que leur travail minutieux était essentiel pour un processus de production rapide et qu’ils devaient en outre avoir une certaine éducation (ce n’est que s’ils comprenaient un tant soit peu les textes à composer qu’ils pouvaient éviter les erreurs de sens).
Peu après l’invention de l’imprimerie, la masse des nouvelles publications annuelles était déjà telle qu’un seul lecteur aurait été incapable de toutes les lire. Les catalogues dans lesquels les différents éditeurs répertoriaient leurs publications pouvaient orienter le lectorat; seuls quelques-uns d’entre eux ont été conservés jusqu’à aujourd’hui. Vers le milieu du XVIe siècle, Conrad Gessner, avec sa Bibliotheca Universalis, tenta de fournir au public un repère dans un marché devenu inextricable (cette bibliographie universelle d’auteurs hébreux, grecs et latins, de l’Antiquité à l’époque contemporaine de l’auteur, classée par ordre alphabétique, ne se limite toutefois pas aux titres imprimés, mais indique également, si nécessaire, les manuscrits et leur lieu de conservation). En 1564, l’éditeur et grossiste d’Augsbourg Georg Willer publia le premier catalogue des foires de Francfort, qui répertoriait les nouvelles publications proposées à la foire du livre de cette ville; cette innovation éditoriale est appelée à durer. Il est évident qu’elle était nécessaire si l’on considère que dans l’espace germanophone, entre 130'000 et 150'000 titres différents furent imprimés au total au XVIe siècle. Il convient de souligner, malgré ce nombre non négligeable, que les livres étaient un article destiné à une minorité. On peut estimer à 5% le taux d’alphabétisation de la population urbaine dans les régions germanophones vers 1500, et ce chiffre devait être inférieur dans les campagnes. La part des universitaires susceptibles d’acheter des écrits savants au sens strict – tels qu’ils sont fortement représentés sur ce portail – était minime. De plus, même après l’invention de l’imprimerie, les livres restaient si chers que tout le monde n’avait pas les moyens de s’en procurer. La Bible Froschauer de Zurich de 1531, avec ses différentes reliures, coûtait entre 3 et 3,5 florins, l’édition de saint Augustin en dix volumes de Froschauer (1528/29) 18 florins (avec ou sans reliure, ce n’est pas clair); on peut mettre ces prix en relation avec le fait qu’un maître charpentier zurichois, par exemple, coûtait vers 1550 env. 60 florins par an et que Heinrich Bullinger gagnait 350 florins en tant qu’antistès de l’église de Zurich; les achats répétés de livres avaient donc un impact sensible sur le budget d’un Bullinger. Même si de tels exemples de calcul ne peuvent être effectués qu’au niveau local (ici à Zurich), la tendance de base selon laquelle les livres étaient «un objet de luxe pour les minorités aisées» était la même partout.
Les privilèges d’impression pouvaient être demandés par les auteurs et les éditeurs contre paiement d’une taxe, afin de protéger un écrit contre la réimpression par d’autres pendant une certaine période. Dans le Saint Empire romain germanique, le privilège impérial, que l’on demandait à la cour de Vienne, revêtait une importance particulière (il ne faut pas oublier dans ce contexte que la Confédération fit partie de l’Empire jusqu’en 1648); mais les princes locaux, les magistrats, etc., accordaient également des privilèges. Les violations des privilèges étaient généralement passibles d’amendes qui, dans le cas du privilège impérial, devaient être payées pour moitié à l’émetteur du privilège et pour moitié aux personnes lésées. En 1531, on décréta une interdiction de réimprimer pendant trois ans les écrits publiés pour la première fois par d’autres imprimeurs, sous peine d’une amende de 100 florins. Mais il n’existait pas de poursuites efficaces contre les réimpressions injustifiées, c’est pourquoi le problème persista pendant des siècles. Il ne fut véritablement résolu qu’à la fin du XIXe siècle avec le droit d’auteur moderne et sa reconnaissance de la propriété intellectuelle, qui prend désormais en compte les droits de l’auteur.
Le nouveau média de masse permettait la diffusion rapide d’idées qui ne plaisaient pas aux autorités ecclésiastiques et étatiques, car elles se sentaient menacées ou critiquées; c’est pourquoi elles prirent finalement diverses mesures de censure: il y eut en premier lieu les ordonnances de censure des évêques de Bâle et de Würzburg en 1482, et l’introduction de l’imprimatur (l’autorisation d’imprimer donnée par l’Église catholique) par Innocent VIII en 1487. La période de la Réforme entraîna une augmentation des efforts de censure des deux côtés: le 8 mai 1521, l’empereur Charles Quint promulgua dans l’édit de Worms une interdiction de tous les écrits protestants dans l’Empire (qui, dans de nombreuses régions, ne fut pas appliquée); en 1559, l’Index librorum prohibitorum romain fut publié pour la première fois. D’un autre côté, Zurich, qui venait de devenir réformée, introduisit la censure préventive en 1523; Bâle, dont la confession était encore fluctuante, fit de même en 1524; Berne interdit les écrits réformateurs en 1524, jusqu’à ce qu’elle change elle-même de confession en 1528 et édicte de nouvelles prescriptions de censure adaptées en conséquence en 1539. La traduction du Coran par Theodor Bibliander, que nous présentons ailleurs sur ce portail, est un bon exemple de livre qui a souffert de la censure; les exemplaires déjà imprimés furent confisqués et l’imprimeur Jean Oporin fut emprisonné. Dans ce cas, les autorités bâloises cédèrent aux protestations de théologiens renommés, y compris de l’extérieur (dont Martin Luther, Joachim Vadian et Heinrich Bullinger), et autorisèrent la diffusion de l’ouvrage. Le poète grison Simon Lemnius, dont nous présentons certaines œuvres sur ce portail, fut lui aussi victime de censure; il vit la première édition de ses Épigrammes confisquée à Wittenberg en 1538 parce qu’elle avait suscité le mécontentement de Martin Luther; il échappa lui-même à d’autres représailles en s’enfuyant précipitamment.
3. Les imprimeurs (et éditeurs) suisses du XVe au milieu du XVIIe siècle
3.1. Dans l’ancienne Confédération (sans Vaud, la partie francophone de Berne) et dans les autres régions germanophones
Bâle
Bâle avait connu un grand essor intellectuel grâce au concile (1431-1449) et à la fondation de l’université en 1460, de sorte qu’il y avait dans la ville un public potentiel pour les livres imprimés; de plus, elle était située au coude du Rhin, ce qui favorisait l’exportation d’ouvrages imprimés, et elle possédait déjà deux moulins à papier. Il n’est donc pas surprenant que Bâle ait occupé une position de leader européen dans le domaine de l’imprimerie et de l’édition aux XVe et XVIe siècles. Au XVIIe siècle, Bâle connut un déclin, la position de leader européen revenant désormais à Amsterdam et Leyde, aux Pays-Bas. Cette position exceptionnelle de Bâle, également sur le territoire de la Suisse actuelle, implique que les lignes qui suivent, qui répertorient quelques figures marquantes de l’imprimerie et de l’édition bâloises, ne visent pas à l’exhaustivité; une longue énumération de noms n’aurait guère d’intérêt dans le cadre de ce portail.
Berthold Ruppel (mort vers 1495), un ancien assistant de Johannes Gutenberg à Mayence, fut le premier imprimeur de livres bâlois. Il travaillait avec Bernhard Richel et Michael Wenssler. Après la mort de ce dernier en 1482, l’officine de Richel fut reprise par son gendre Nikolaus Kessler (1445-après 1519), originaire de l’actuelle Grossbottwar (Baden-Württemberg), qui publia surtout des ouvrages religieux et historiques. Mais la première grande personnalité de l’imprimerie bâloise est Johannes Amerbach (1440/45-1513), originaire de Reutlingen en Souabe. Après des études à Paris, il travailla d’abord comme correcteur dans l’officine d’Anton Koberger (env. 1440-1513) à Nuremberg, l’une des entreprises les plus importantes et des plus réputées du métier du livre, avant de s’établir lui-même à Bâle. Dès 1502, il participa à une coopérative d’impression, d’édition et de commerce de livres avec Johannes Petri et Johannes Froben, que nous présentons plus loin; de telles coopérations durables ou seulement temporaires entre imprimeurs-éditeurs n’étaient pas rares au XVIe et au XVIIe siècle. Dans le cadre de l’autobiographie de l’ancien franciscain Conrad Pellican, devenu plus tard humaniste et théologien réformé, nous présentons sur ce portail le récit de sa collaboration comme lecteur à la grande édition de l’Augustin de l’imprimeur et éditeur bâlois Johannes Amerbach, qui débuta en 1502. On y voit un aperçu des circonstances de la publication d’un livre important. La production d’Amerbach, qui se concentrait sur l’impression des Pères de l’Église, des classiques de l’Antiquité et des écrits humanistes de son époque, permit à Bâle de devenir un centre de l’édition savante en Europe. Le fils de Johannes, Boniface Amerbach (1495-1562), connu avant tout pour sa carrière de juriste à l’université de Bâle et pour d’autres fonctions, notamment celle de conseiller juridique de princes allemands, passa ensuite de nombreuses commandes aux imprimeurs bâlois.
Johannes Froben (1460-1527) fut sans doute le plus influent des imprimeurs bâlois; son importance pour l’humanisme germanophone est considérable. Lui non plus n’était pas originaire de la Confédération de l’époque ou du territoire de la Suisse actuelle, mais de la ville franconienne de Hammelburg; il acquit la citoyenneté bâloise en 1490. À partir de 1502, il forma une coopérative d’impression, d’édition et de librairie (déjà mentionnée plus haut) avec Johannes Amerbach et Johannes Petri, avec lesquels il avait déjà collaboré auparavant pour l’impression. En 1507, il acquit la maison «Zum Sessel», dans laquelle se trouvait l’officine d’Amerbach, et poursuivit seul l’impression de livres à partir de 1512, après la mort de ses deux partenaires commerciaux, réussissant à devenir une figure centrale de l’imprimerie. Les produits de son officine se distinguaient par de très beaux caractères, une composition parfaite et un papier de grande qualité. Parmi les érudits qui travaillaient pour lui, on trouve Érasme de Rotterdam, qui fit paraître dans l’officine de Froben non seulement l’editio princeps du Nouveau Testament grec (en 1516, sous le titre Novum Instrumentum, avec une nouvelle traduction latine et des notes exégétiques d’Érasme), que l’auteur et l’éditeur publièrent ensuite à plusieurs reprises dans des rééditions améliorées (créant ainsi toujours de nouvelles incitations à l’achat; de telles astuces de vente pouvaient fonctionner même si l’auteur n’avait en réalité pas apporté d’améliorations significatives). En outre, plus de la moitié des écrits du prince des humanistes ainsi que ses grandes éditions des Pères de l’Église virent le jour pour la première fois dans l’officine de Froben. Froben n’était certes rien de moins qu’un érudit – il ne maîtrisait même pas le latin et encore moins le grec – mais Érasme l’appréciait sans doute pour sa rapidité d’exécution. Avec Érasme, Froben disposait d’un auteur au succès unique à son époque, dont les œuvres se diffusaient à plusieurs milliers d’exemplaires. 3,83% de tous les livres imprimés dans toute l’Europe entre 1517 et 1529 étaient des œuvres d’Érasme, qui n’était dépassé que par Luther (7,98%). Le tandem Froben-Érasme contribua de manière décisive à faire de Bâle un lieu d’impression et d’édition de premier plan en Europe. Outre Beatus Rhenanus, Conrad Pellican faisait partie du petit nombre de philologues et de correcteurs érudits employés par Froben; Hans Holbein le Jeune et Urs Graf l’Ancien, entre autres, contribuèrent à la conception artistique des livres (pages de titre, sigles d’imprimerie, etc.). En 1518, Froben publia en collaboration avec Wolfgang Capito le premier recueil (en latin) des écrits de Luther, mais à partir de 1519, sur le conseil d’Érasme, il renonça à s’engager davantage pour le réformateur de Wittenberg. L’éditeur Wolfgang Lachner (env. 1465-1518) de Neuburg an der Donau, son beau-père (depuis 1510), qui officiait à Bâle depuis 1485, travailla à partir de 1513 comme directeur commercial pour Johannes Froben; le fils de Johannes, Hieronymus, épousa une fille de Lachner en 1524. Lachner était également un libraire important et fournissait entre autres des livres à Érasme et Ulrich Zwingli.
Johannes Petri (1441-1511), qui forma à partir de 1502 la coopérative commerciale déjà mentionnée avec Johannes Amerbach et Johannes Froben, était originaire, comme Froben, de Franconie, plus précisément de Langendorf près de Hammelburg. Il travailla probablement d’abord comme facteur (mandataire commercial) chez Amerbach à partir de 1480 et obtint le droit de cité en 1499. En tant qu’imprimeur indépendant, Petri travailla surtout en coopération avec d’autres imprimeurs, et ce dès 1488; le seul ouvrage qu’il publia sans collaboration est une édition d’Ambroise en trois volumes en 1506. En 1507, il vendit son officine à son neveu Adam Petri et n’exerça plus que son activité de libraire. Adam Petri (env. 1454-1527), originaire comme son oncle de Langendorf près de Hammelburg et dont on trouve la trace à Bâle à partir de 1480, se consacra particulièrement à la diffusion de la doctrine de Luther (88 de ses 300 imprimés sont des écrits du réformé de Wittenberg). Après Adam, son fils Heinrich Petri (1508-1579) dirigea les affaires, suivi par son fils Sebastian Henricpetri (1546-1626). Après plusieurs changements de propriétaire, la maison d’édition Schwabe, qui se trouve encore aujourd’hui à Bâle, succéda directement à l’officine Petri. Elle revendique donc l’année 1488 comme année de fondation et est ainsi considérée comme la plus ancienne maison d’édition du monde.
Jérôme Froben (1501-1563), fils de Johannes Froben et cousin de Heinrich Petri, imprima à partir de 1528 d’abord avec son beau-père Johannes Herwagen (de Strasbourg, mort en 1557) pour les héritiers de son père; puis vint en 1529 son beau-frère Nicolaus Episcopius l’Ancien (1501-1564) de Rittershoffen en Alsace, avec lequel il reprit l’officine en 1531; Episcopius travaillait également seul; leurs affaires furent reprises respectivement par Ambrosius I (1537-1602) et Aurelius I Erasmus Froben (1539-1587), et par Nicolaus le Jeune (1531-1565) et Eusebius Episcopius (1540-1599).
Nous présentons sur ce portail deux préfaces de Nikolaus Brylinger (avant 1536-1565; naturalisé à Bâle en 1536) pour des recueils qu’il édita et qui devaient servir à la christianisation de l’enseignement: un volume de drames bibliques et une anthologie d’épigrammes chrétiennes. Elles constituent des témoignages intéressants sur la manière dont les éditeurs d’imprimés tentaient de faire apprécier leur marchandise au public.
Originaire de Bâle, Jean Oporin (en allemand: Herbst 1507-1568) fut d’abord, dans sa jeunesse, le famulus du célèbre médecin Paracelse, avant de devenir professeur de latin à Bâle en 1533 et de se lancer dans l’imprimerie à partir de 1535 (jusqu’en 1537 au sein d’une communauté d’imprimeurs, puis à son compte à partir de 1542). C’est à lui que l’on doit la publication de la traduction latine du Coran par Theodor Bibliander en 1543, que nous présentons ailleurs sur ce portail. Nous y évoquons également plus en détail les circonstances de la publication, qui n’ont pas été simples: à l’automne 1542, le Conseil de Bâle confisqua les exemplaires déjà imprimés et jeta même brièvement en prison le courageux imprimeur Oporin. Son impression des Humani corporis fabrica du pionnier de l’anatomie André Vésale est également remarquable. Il dut vendre son officine surendettée en 1567; elle continua ensuite à être exploitée sous le nom d’Officina Oporiniana.
Andreas Cratander (env. 1490-1540) était originaire de Strasbourg. Il accueillit chez lui le réformateur bâlois Jean Œcolampade et collabora activement avec lui: une grammaire grecque rédigée par Œcolampade fut le premier livre publié par l’officine Cratander. Il se concentrait d’ailleurs beaucoup sur les textes antiques (dont de nombreux auteurs grecs et de nombreuses premières impressions de grande qualité). Valentin Curio (en allemand Schaffner), originaire de Haguenau en Alsace (1500-après 1532), travailla chez lui de manière indépendante à partir de 1520; il se concentrait sur les textes latins et grecs d’auteurs anciens et de réformateurs et humanistes contemporains.
Thomas Platter l’Ancien (1499-1582), qui, au cours de sa vie, passa du statut de fils de paysan de montagne valaisan à celui de recteur de l’école de la cathédrale de Bâle et de riche propriétaire terrien, fut lui aussi temporairement actif dans l’imprimerie bâloise (de 1535 à 1537 avec Johannes Oporin, Balthasar Lasius et Robert Winter, puis seul jusqu’en 1544). De la première moitié du XVIIe siècle, alors que l’imprimerie bâloise avait perdu sa prééminence, nous nous contenterons de mentionner Johann Jakob Genath l’Ancien, qui exerça la fonction d’imprimeur de l’Université à partir de 1615, ainsi que Georg Decker, originaire d’Eisfeld en Thuringe, qui exerça cette fonction dès 1635.
C’est avec eux que nous conclurons ce bref aperçu, qui a permis de mettre en évidence les relations commerciales souvent complexes entre les différents imprimeurs-éditeurs. Il faut souligner une fois de plus que seule une petite partie des imprimeurs actifs à Bâle au XVIe siècle a été mentionnée ici. Il ne nous appartient pas de traiter de l’émergence de la presse moderne; il convient néanmoins de faire remarquer que le premier hebdomadaire de Suisse à paraître régulièrement, l’Ordinari-Zeitung, fut publié à Bâle en 1610.
Lucerne
C’est à Beromünster que le chanoine et curé Elias Elye (1400-1475) imprima en 1470 le premier livre (daté) sur le territoire de la Suisse actuelle, un dictionnaire biblique de 600 pages intitulé Mammotrectus, ainsi que quatre autres ouvrages. Le prédicateur alsacien franciscain Thomas Murner, célèbre pour son éloquence, fonda une imprimerie dans le couvent franciscain de Lucerne en 1525, afin de poursuivre son travail de publication contre la Réforme, après avoir fui la guerre des Paysans allemands; il quitta Lucerne précipitamment en 1529, lorsqu’il fut menacé d’expulsion pour des raisons de maintien de la paix entre les confessions, après le règlement à l’amiable de la première guerre de Cappel. On ne connaît pas d’autres imprimés de Beromünster. À Lucerne, il faut attendre le XVIIe siècle pour qu’une officine ouvre à nouveau. Ce n’est qu’en 1635 qu’une officine ouvrira à nouveau ses portes à Lucerne; son propriétaire, Johann Hederlein (Hölderlin), fils de libraire, la vendit dès l’année suivante à David Hautt l’Ancien, immigré de Strasbourg et converti au catholicisme, qui se concentra sur les livres scolaires, les écrits religieux, historiques et géographiques, ainsi que sur les imprimés officiels et les cartes gravées sur cuivre.
Zurich
En 1479, l’imprimeur Sigmund Roth (dit Langschnider), originaire de Lorraine, obtint la citoyenneté zurichoise. Entre 1479 et 1481, il s’occupa de quatre impressions dans le couvent dominicain de cette ville; en 1483, il déménagea à Bâle. En 1503, Hans Rüegger (Hans am Wasen), poseur de pavés et fontainier, se tourna également vers l’imprimerie; il produisit diverses impressions de feuilles volantes (en 1504, par exemple, une invitation à la fête de tir) et des calendriers.
Dans le cadre de ce portail, Christoph Froschauer l’Ancien (env. 1490-1564) est beaucoup plus intéressant. Originaire de Kastl près d’Altötting en Bavière, il travailla à Zurich à partir de 1515 comme compagnon pour Rüegger. Après la mort de ce dernier en 1517, Froschauer reprit son officine, d’abord pour sa veuve, qu’il épousa ensuite, puis à son compte. Il possédait son propre atelier de reliure, fabriquait à partir d’un certain moment ses propres caractères, se consacrait au commerce des livres et enfin louait un moulin à papier sur la Limmat. Froschauer publia des éditions de la Bible en latin et en allemand (notamment l’importante Bible allemande de 1531); il publia en outre de nombreux écrits des grands réformateurs suisses (Zwingli, Bullinger, Gwalther, Vadian, etc.) et contribua ainsi de manière décisive à la diffusion de la Réforme zwinglienne. Froschauer considérait son activité comme un engagement religieux. En 1543, il envoya la traduction latine de la Bible de Zurich à Luther; ce dernier répondit par une lettre dans laquelle il exprimait, outre quelques remerciements, des insultes contre les théologiens zurichois, qu’il considérait comme des hérétiques et avec lesquels il ne voulait rien avoir à faire. Son impression de la première partie de la Schweizer Chronik de Johannes Stumpf en 1548, avec plus de 4000 illustrations, est également remarquable; trois ans plus tôt, Froschauer avait créé une fonderie de caractères et un atelier de xylographie.
C’est dans l’officine de Froschauer qu’eut lieu le 9 mars 1522 (premier dimanche de Carême) le fameux repas de saucisses (Wurstessen), au cours duquel lui et quelques autres Zurichois, en présence de quelques ecclésiastiques, transgressèrent de manière démonstrative le commandement ecclésiastique alors en vigueur de s’abstenir de viande pendant le carême. Zwingli en fut le témoin oculaire, sans toutefois y participer. Pour sa défense, Froschauer indiqua au Conseil que lui et ses domestiques étaient si occupés par le travail pour la prochaine foire du livre de Francfort qu’ils avaient besoin d’une nourriture consistante – et qu’il ne pouvait pas se payer le luxe de toujours acheter du poisson; de plus, les prescriptions de jeûne ne correspondaient pas à l’enseignement du Nouveau Testament. Par la suite, un débat houleux s’engagea à Zurich sur la validité des préceptes du jeûne, auquel Zwingli prit une part importante avec son sermon Vom Erkiesen und Fryheit der Spysen, également paru sous forme imprimée. Le repas des saucisses est considéré, de manière analogue à l’affichage des thèses de Wittenberg, comme le symbole de la Réforme zurichoise qui, après trois disputes, finit par s’imposer en janvier 1524, date de l’interdiction de la messe. L’énorme productivité éditoriale de Zwingli y contribua indéniablement: rien qu’en 1522, il publia chez Froschauer sept écrits (trois en latin, quatre en allemand) et une traduction en langue allemande; ses œuvres allemandes atteignirent en moyenne quatre éditions. Froschauer donna aux écrits de Zwingli un aspect tout à fait caractéristique en utilisant toujours les mêmes gravures et le passage de Mt 11,28 comme devise sur la page de titre (tout comme les maisons d’édition veillent aujourd’hui à ce que les couvertures de leurs collections soient reconnaissables). La présence temporaire de réfugiés protestants anglais à Zurich eut pour conséquence que Froschauer imprima également cinq titres dans cette langue, ce qui était à l’époque assez inhabituel sur le continent européen.
Christoph Froschauer l’Ancien, qui n’avait pas de descendance propre, légua son officine en 1564 à son neveu Christoph Froschauer le Jeune (1532-1585) qui, comme son père Eustache (env. 1490-1552), avait réalisé auparavant l’impression des calendriers pour Christoph l’Ancien. Christoph Froschauer le Jeune, qui n’avait pas d’enfants, vendit l’officine peu avant sa mort aux frères Escher (Hans Konrad, Hans Rudolf et Hans Heinrich), qui la reprirent sous le nom «Ex Officina Froschoveri» de 1585 à 1591; en 1591, Anna, la veuve de Hans Rudolf, vendit l’officine à Johann Wolf (1564-1627), après le départ des deux autres frères de l’entreprise. Après différents changements de propriétaire, l’entreprise Froschauer donna finalement naissance à la société Orell Füssli (ainsi nommée depuis 1798), qui est toujours active aujourd’hui dans le domaine de l’impression, de l’édition et de la librairie.
Rudolf Wyssenbach apprit son métier auprès de Christoph Froschauer l’Ancien et est attesté comme propriétaire de sa propre officine à partir de 1548 (jusqu’en 1557). À partir de 1551, il forma une coopérative d’imprimeurs avec Andreas Gessner le Jeune (1513-1559), qui travailla également seul à partir de 1553 puis, dès 1554, avec son frère Hans Jakob (1527-après 1573), qui reprit l’officine; le fils d’Andreas, Tobias, tenta d’abord de se mettre à son compte, puis travailla avec son oncle; les fils de ce dernier, Jonas (né en 1571) et Josias, devinrent respectivement imprimeur et éditeur. L’officine Gessner imprimait des titres théologiques, médicaux et scientifiques ainsi que des bibles; dans le cadre de notre portail, il est intéressant de noter qu’elle imprima de nombreux ouvrages de Conrad Gessner (un cousin d’Andreas et de Hans Jakob). Nous renonçons à mentionner ici d’autres imprimeurs actifs à Zurich au XVIe siècle (qui ont parfois commencé leur carrière dans l’officine de Froschauer).De la première moitié du XVIIe siècle, nous ne mentionnerons que Johann Jakob Bodmer I, ancien orfèvre et maître de la monnaie, qui acheta en 1626 une officine qui, au service de l’église, de la chancellerie et des écoles, devint la plus importante imprimerie de Zurich et disposait également de caractères orientaux; après sa mort en 1629, sa veuve, Dorothea, exploita l’officine, qu’elle transmit en 1640 à ses fils Johann Jakob II et Heinrich I.
Berne
Berne fut la quatrième ville de Suisse à pratiquer durablement l’imprimerie, même si ce n’est qu’à partir de 1537, donc relativement tard. Matthias Apiarius (Matthias Biener; env. 1500-1564), originaire de Berching en Bavière, ouvrit la première officine à cette époque, après avoir été appelé de Strasbourg par le Conseil de Berne; on lui doit une activité pionnière dans le domaine de l’impression musicale. Il entretenait des relations d’affaires, notamment avec Johannes Oporin à Bâle, pour lequel il imprimait. Ses fils Samuel et Siegfried travaillèrent également dans ce domaine (entre 1554-1563 et 1560-1565), ainsi que Benedikt Ullmann (1561-1593) et Vinzenz im Hof (1550-env. 1600) de 1574 jusqu’à sa mort. Nous n’évoquerons pas ici les héritiers de ce dernier, ni les autres imprimeurs (assez peu nombreux) du XVIIe siècle. En résumé, on peut dire que, comparé à Bâle, le métier d’imprimeur à Berne au XVIe et au XVIIe siècle fut assez peu pratiqué. Contrairement à la ville rhénane et à Zurich, les intérêts humanistes du grand public étaient bien moindres.
Soleure
Samuel Apiarius (env. 1530-1590), fils du premier imprimeur bernois Matthias Apiarius (voir ci-dessus), déjà mentionné plus haut à propos de Berne, est le premier à obtenir du Conseil de Soleure l’autorisation de s’installer comme imprimeur dans la ville en 1565. Il n’y travailla cependant qu’un an et se rendit ensuite à Bâle. Il n’y eut pas d’autre imprimerie à Soleure avant celle qui fut ouverte par Johann Jakob Bernhard en 1658.
Saint-Gall
La ville de Saint-Gall
Pendant longtemps, Saint-Gall n’eut pas besoin de sa propre imprimerie; peut-être la création d’une telle imprimerie n’était-elle pas considérée comme rentable. Il est vrai que les besoins en livres résultant notamment de la mise en œuvre de la Réforme, ainsi que, par exemple, l’impression des ouvrages de Joachim Vadian, pouvaient être satisfaits par des imprimeurs bâlois et zurichois. Après un apprentissage chez Christopher Froschauer le Jeune à Zurich et une activité professionnelle dans l’officine de Froben à Bâle, Leonhard Straub (1550-1601) l’Ancien demanda en 1578 l’autorisation d’ouvrir une officine dans sa ville natale de Saint-Gall. En 1579, il déclencha un imbroglio diplomatique lorsqu’il représenta par mégarde, sur un calendrier mural, l’ours des armoiries d’Appenzell comme une ourse, ce qui offensa gravement les Appenzellois; seule la médiation du prince-abbé de Saint-Gall permit d’empêcher que l’affaire prenne une tournure plus sérieuse. Le non-respect répété des règles de censure par Straub lui valut d’être déchu de ses droits civiques en 1584 et de devoir quitter la ville de Saint-Gall. Straub poursuivit son activité d’imprimeur à Aach près de Rorschach (donc sur le territoire du prince-abbé), où il possédait déjà un moulin à papier. En 1597, il y imprima en douze numéros mensuels et avec un tirage d’environ 150 exemplaires le «plus ancien journal allemand» rédigé par l’Augsbourgeois Samuel Dilbaum et que l’on appelle Annus Christi d’après sa page de titre annuelle; il contenait de brefs comptes rendus d’événements extraordinaires. À partir de 1586, il imprima également dans la ville libre impériale de Constance, où il s’installa définitivement en 1598 et où il mourut en 1601.Son frère Georg Straub quitta Rorschach en 1599 pour s’installer à Saint-Gall, où il dirigea une officine jusqu’à sa mort de la peste en 1611; quelques mois auparavant, il avait encore imprimé une loi sur les mœurs et la police relative à cette épidémie de peste.
La principauté abbatiale de Saint-Gall
En mars 1633, le prince-abbé Pius Reher installa une imprimerie à Neu St. Johann, qu’il fit exploiter par l’imprimeur Johann Landort de Weingarten. Landort y imprimait surtout les thèses et les dissertations des conventuels saint-gallois, ainsi que des feuilles volantes. En 1641, l’abbé fit déménager l’imprimerie à l’abbaye de Saint-Gall, où Landort et le frère bénédictin Feurer de Tablat dirigèrent ensemble l’officine jusqu’en 1645; cette année-là, Landort fut licencié. La suite de l’histoire se situe en dehors de notre période d’étude. Nous mentionnerons seulement que l’imprimerie du monastère imprimait entre autres les recueils de poèmes d’Athanasius Gugger, que nous présenterons bientôt ailleurs sur ce portail.
Fribourg
Afin d’empêcher la diffusion des idées de la Réforme, les autorités de Fribourg interdirent l’imprimerie jusqu’en 1584. Ils finirent toutefois par comprendre qu’il était possible de mettre les presses au service des intérêts de l’ancienne foi. Avec l’aide financière du Conseil de Fribourg, Abraham Gemperlin (env. 1550-après 1616), de Rottenburg am Neckar (Wurtemberg), installa la première officine. Il imprima entre autres des écrits de l’éminent jésuite Pierre Canisius, qui passa les dernières années de sa vie au collège de Fribourg: parmi eux, les notes sur les lectures évangéliques, que nous présentons plus en détail ailleurs sur ce portail; mais aussi toute une série d’autres écrits pieux (livres de prières et de dévotion) ainsi que les œuvres de l’humaniste fribourgeois Sebastian Werro. En 1588, il fut brièvement exilé à cause d’une impression non autorisée. En 1593-94, il partit pour Constance et laissa l’officine fribourgeoise à son beau-fils Johann Strasser. De retour à Fribourg, il s’associa en 1595 avec l’imprimeur Wilhelm Mäss, un Fribourgeois d’origine, qui travailla seul à partir de 1597 (jusqu’en 1605), après que Gemperlin eut été condamné pour endettement (Gemperlin mourut finalement à une date inconnue à l’hôpital des bourgeois de Fribourg). Dans la première moitié du XVIIe siècle, Stéphane Philot (de 1606 à 1617) et Guillaume Darbellay (d’abord comme facteur de ce dernier de 1604 à 1620, puis en indépendant après un long séjour à Porrentruy à partir de 1635) travaillèrent à Fribourg. Le premier offrit au Conseil de la ville la désormais célèbre vue de la ville du graveur Martin Martini; chez le second, on constate un accent mis sur les écrits religieux en latin.
Einsiedeln
À partir de 1582, un imprimeur itinérant du nom de «Meister Heinrich» fut actif à Einsiedeln pendant quelques années, réalisant probablement des impressions d’images pour le pèlerinage. L’importante imprimerie de l’abbaye ne fut mise en place qu’en 1664 (en dehors de notre période d’étude) sous l’abbé Plazidus Reimann.
Schaffhouse
En 1587, François Estienne, membre de la célèbre famille d’imprimeurs parisiens et genevois, demanda l’autorisation d’ouvrir une imprimerie à Schaffhouse; cette demande fut cependant rejetée par les autorités, qui considéraient qu’une imprimerie était dangereuse en cette période troublée. Cinq ans plus tard, Konrad von Waldkirch fut autorisé à ouvrir une imprimerie en août 1591 (ouverture effective en avril 1592), mais il ne l’exploita que très peu de temps (peut-être jusqu’à fin 1592), jusqu’à son déménagement à Bâle. Il imprima un Speculum Pontificum Romanorum, des Tabulae Analyticae et le règlement ecclésiastique de Schaffhouse.Ce n’est qu’en 1655, et donc en dehors de la période que nous étudions, que l’on recommença à imprimer à Schaffhouse.
Porrentruy
Johann Schmidt (ou Ioannes Faber, Jean Faibvre), dont on ne connaît pas l’origine (il avait travaillé auparavant à Bâle), imprima à partir de 1592 dans la ville de résidence du prince-évêque bâlois Christoph Blarer von Wartensee, connu pour ses efforts en faveur de la réforme catholique. Après la mort de Schmidt en 1600, ses héritiers poursuivirent cette activité jusqu’en 1609, et après eux le Saxon Christoph Crakow (actif de 1609 à 1612), qui dut emprunter de l’argent au prince-évêque. L’imprimerie devint ainsi une officine du prince-évêque, dont les directeurs se succédèrent. De 1623 à 1635, elle fut dirigée par Guillaume Darbellay de Fribourg, qui retourna ensuite dans sa patrie (voir ci-dessus). En raison de la guerre de Trente Ans (qui toucha fortement Porrentruy), l’officine du prince-évêque ne reprit son activité qu’en 1656. C’est par exemple dans l’officine Schmidt ou Faber que furent imprimés en 1595 les Hymnes et Odes du Fribourgeois François Guillimann, que nous présentons ailleurs sur ce portail.
Muri
L’abbé Johannes Jodocus Singeisen fit installer une imprimerie, confiée au frère laïc Balthasar Schröter, originaire de Rudolstadt, en Thuringe, qui avait une formation de relieur et d’imprimeur. En 1621, le premier ouvrage imprimé fut la Règle de saint Benoît. L’activité de cette imprimerie monastique resta très limitée, jusqu’à sa disparition en 1799.
Sion
À Sion, Heinrich Streler, actif de 1644 à 1647, imprima entre autres le célèbre catéchisme du jésuite Pierre Canisius, ainsi que la grammaire grecque de son confrère Jakob Gretser. De 1647 à 1652, c’est Johann Strack qui se chargea des impressions. Les autres activités d’impression (très modestes en termes de contenu et de quantité) à Sion au XVIIe siècle se situent en dehors de notre champ d’étude.
3.2. En Suisse romande (excepté Porrentruy)
Genève
Adam Steinschaber, originaire de Schweinfurt en Franconie, fut le premier imprimeur de Genève, dès 1478; les caractères qu’il utilisait (qui correspondaient à ceux de l’officine de Wendelin von Speyer à Venise) prouvent qu’il avait dû séjourner auparavant en Italie. Il imprima quatre livres en latin et sept en français; parmi les premiers, il convient de mentionner la Legenda aurea (Légende dorée) de Jacques de Voragine. À partir de 1480 – on ignore si Steinschaber est décédé ou s’il a de nouveau émigré – Louis Cruse (alias Garbin; †1513), fils d’un médecin d’origine allemande (Gerwin Kruse), le remplaça. Sa production, dont des «romans [français] illustrés», se distingue par la qualité de son matériel typographique. D’autres petits imprimeurs de cette époque travaillaient surtout pour les évêques de Genève (bréviaires, statuts, etc.). À partir de 1525 environ, les publications à contenu politique et réformateur se multiplièrent. Dans la Genève réformée, la famille d’imprimeurs Estienne acquit une importance particulière et un rayonnement européen, à commencer par Robert Estienne (1503-1559), qui avait été imprimeur royal d’hébreu et de latin (1539) ainsi que de grec (1540) en France, avant que des difficultés avec la Sorbonne, hostile à ses études philologiques sur la Bible, ne l’incitent à émigrer à Genève en 1550, où il se convertit à la Réforme. Il rapporta de Paris les matrices grecques de l’imprimerie royale, que Louis XIII racheta à ses héritiers après sa mort. Son fils Henri Estienne (1531-1598) s’illustra notamment comme éditeur de textes antiques – les œuvres de Platon sont encore citées aujourd’hui selon la pagination adoptée par Estienne pour son édition de 1578 (pagination Stephanus) – ainsi que le Thesaurus linguae Graecae, qui resta pendant plusieurs siècles le plus important dictionnaire grec, mais qui ruina financièrement son créateur et imprimeur. Parallèlement, il publia des polémiques anticatholiques et prit la défense de la langue française. Outre son échec commercial, des problèmes de censure avec les autorités en raison de la satire parfois très violente présente dans ses écrits contribuèrent à le dégoûter de Genève; il séjourna de plus en plus hors de la ville et mourut à Lyon. Le fils d’Henri, Paul Estienne (1556-après 1634), hérita de l’imprimerie en 1598 après la mort de son père, mais dut quitter précipitamment Genève en 1605, car on lui reprochait d’avoir soutenu la tentative des Savoyards de s’emparer de Genève en 1602. En 1620, il vendit l’affaire familiale à la famille de libraires genevois Chouet; avec lui, la lignée genevoise des Estienne s’éteignit.
Si Genève devint un centre européen de la Réforme, c’est en grande partie grâce à l’engagement de nombreux imprimeurs zélés. Citons à titre d’exemple Conrad Badius (1520-1562), arrivé de France à Genève en 1549, qui édita et imprima à partir de 1559 les sermons et commentaires de Calvin dans sa propre traduction, son élève Jean Crespin (également un réfugié religieux) ainsi que François Perrin, originaire de Niederkontz en Lorraine (†1571), qui se distingua aussi par ses écrits. Comme l’activité de ces imprimeurs favorables à la Réforme impliquait régulièrement Genève dans des difficultés diplomatiques avec ses voisins, les autorités de la République de Genève tentèrent d’exercer un contrôle étroit sur les imprimeurs. Le 15 février 1560, le gouvernement promulgua un édit, le premier règlement des typographes sur le sol de la Suisse actuelle, dans lequel il réglait les questions de censure, mais aussi le fonctionnement interne du métier (acceptation des apprentis, compagnonnage, maîtrise, etc.).
Le canton de Vaud (Lausanne, etc.)
Comparée à Genève, l’imprimerie vaudoise demeura modeste: en 1481, le Fasciculus temporum du chartreux Werner Rolewink fut imprimé au prieuré clunisien de Rougemont; l’imprimeur responsable était probablement le religieux de Rougemont Henri Wirczburg de Vach. En 1482, l’imprimeur genevois Louis Cruse (alias Garbin) se rendit à Nyon pour échapper à la peste. À Lausanne, Jean Belot (†1513), originaire de Rouen, imprima un missel en 1493 avant de s’installer à Genève, où il obtint la bourgeoisie en 1494. Dans les années 1550, le libraire Jean Rivery ouvrit une imprimerie avec le soutien du gouvernement lausannois, mais cette activité déplut aux seigneurs de Berne, qui avaient conquis le canton de Vaud en 1536. La restriction de son activité qui en résulta conduisit Rivery à transférer son commerce à Genève. En 1569, les huguenots Jean (†1609) et François Le Preux (†1614), imprimeurs-libraires de profession, originaires de Paris, s’installèrent à Lausanne après quelques années passées à Genève, où ils transférèrent également leur officine genevoise en 1572. Ils travaillaient principalement pour le compte de l’Académie de Lausanne, mais imprimaient également des ouvrages huguenots. Jean s’installa en 1579 à Morges (bourgeoisie en 1580), où il imprimait également, puis, en 1585, il déménagea à nouveau avec son imprimerie à Genève, où il obtint la bourgeoisie; François était déjà revenu à Genève en 1580 (bourgeoisie en 1585). Avec les frères Le Preux, l’histoire de l’imprimerie dans le canton de Vaud avait atteint pour longtemps son apogée. Nous nous abstenons d’énumérer d’autres activités peu importantes aux XVIe et XVIIe siècles; ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’une percée eut lieu.
Neuchâtel
Le premier imprimeur à Neuchâtel (plus précisément à Serrières près de Neuchâtel, aujourd’hui un quartier de la ville) fut le Français Pierre de Vingle, originaire de Lyon (1495-1536 ou un peu plus tard), qui dut quitter sa patrie en raison de ses convictions réformatrices et qui, après une brève activité à Genève (1532-1533), où il eut des problèmes avec le Conseil, vint s’installer à Neuchâtel qui, grâce à lui, devint brièvement un lieu d’impression central pour les protestants français. Il imprima entre autres la Bible dite d’Olivétan, la première traduction française complète de la Bible basée sur les langues originales. Dès 1535, de Vingle quitte Neuchâtel. Son officine exista probablement encore jusqu’en 1550 environ, puis aucune imprimerie n’est attestée dans l’actuel canton de Neuchâtel jusqu’en 1689.
4. Remarques finales sur la Suisse italienne (Tessin, parties des Grisons)
Dans le Tessin italophone (alors territoire soumis aux cantons confédérés), la première imprimerie ne fut ouverte qu’en 1746 par les frères Agnelli à Lugano, donc bien après la période dont traite ce portail. Dans les Ligues italiennes, il n’existe une imprimerie que depuis 1864 (Menghini à Poschiavo).
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Voir sur lui F. Hieronymus, «Richel, Bernhard», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 20.10.2010, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/029168/2010-10-20/.
Voir à ce sujet Büchler (1951), p. 46.
Sur lui, voir M. Germann, «Lachner, Wolfgang», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 08.11.2007, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/021513/2007-11-08/.
Sur ces deux personnages, voir Reske (2015), p. 624. Sur David Hautt, voir aussi M. Lischer, «Hautt, David», Dictionnaire historique de la Suisse, version en ligne du 31.08.2006, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/019121/2006-08-31/.
Sur l’imprimerie locale aux XVIe et XVIIe siècles, voir Reske (2015), p. 305-308. Fribourg est considérée ici comme faisant partie de la Suisse alémanique, car, en tant que membre de l’ancienne Confédération, elle se rattachait elle-même clairement à la sphère germanophone sur le plan culturel (le bilinguisme de fait, avec à l’époque encore une majorité allemande et une minorité romande, n’y changeait rien).
Sur l’imprimerie locale aux XVIe et XVIIe siècles, voir Reske (2015), p. 197-198.
Sur lui, voir A. Hug, «Reimann, Plazidus», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 20.08.2010, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025732/2010-08-20/.
Sur l’imprimerie locale aux XVIe et XVIIe siècles, voir Reske (2015), p. 846-848. La ville de Porrentruy, majoritairement francophone, était à partir de 1528 la ville de résidence du prince-évêque de Bâle, qui était son souverain séculier (ce qui assure à la ville une place dans l’œuvre de Reske). Elle n’appartenait pas, sur le plan ecclésiastique, à son évêché, mais au diocèse français de Besançon. Le fait que nous le placions ici dans la sphère germanophone s’explique par le fait que les princes-évêques étaient eux-mêmes des princes d’Empire allemands, qu’ils étaient tous issus de familles nobles allemandes et qu’ils s’entouraient de conseillers germanophones; voir à ce sujet P. Froidevaux, «2.3. Population», dans F. Noirjean et al., «Bâle (évêché)», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 12.08.2019, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008558/2019-08-12/. Comme il apparaît clairement ci-dessus, l’imprimerie de Porrentruy était essentiellement un projet des princes-évêques (germanophones).
Sur Steinschaber, voir G. Gross, «Steinschaber, Adam», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 01.11.2010, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/021533/2010-11-01/; Büchler (1951), p. 75-76.
En complément à cette bibliographie sélective, nous attirons tout particulièrement l’attention sur le fait que Reske (2015) donne aussi une importante bibliographie sur les lieux et les imprimeurs présentés dans l’ouvrage, et que le Dictionnaire historique de la Suisse, souvent cité ci-dessus, propose également des indications bibliographiques sur les imprimeurs qui y sont répertoriés.