Lettre à Oswald Myconius

Übersetzung (Französisch)

Glaréan salue son ami Oswald Myconius.

Notre Elmerus te salue, très cher Myconius; je commence par te dire cela parce qu’il me l’a instamment demandé avant que je ne commence ma lettre. Au sujet de mon voyage, il n’est pas nécessaire, que je sache, que j’ajoute quoi que ce soit à ce qu’Ammann pourra très bien te raconter. Le roi lui-même s’en était allé chez les Bretons; c’est pourquoi, en raison de la longueur du voyage, je n’ai pas osé suivre la cour, préférant attendre la fortune, pour le cas où elle daignerait s’approcher un peu plus de moi. C’est pourquoi j’ai été contraint de vendre les chevaux et de louer une maison, non sans une perte considérable, hélas!, de mon patrimoine familial. Mais je supporte tout cela d’un esprit ferme. Le visage de la fortune changera sous peu. Tous me poussent à donner des cours publics; mais je ne monterai pas sur la chaire avant d’être payé. Tu vois où m’a précipité Zophius avec sa «weidlicheitas»! À l’occasion du changement de maison, trois jeunes gens sont partis sur mon ordre, mais aussitôt trois autres sont arrivés sans que je ne les y aie incités; je ne le leur ai pas non plus interdit, car ce sont des fils de notables. Ma maison est très jolie, avec un atrium, un petit jardin, un garde-manger et ses propres cours, qui sont très jolies. Fasse la fortune que tu puisses dès maintenant te joindre à moi. Mais tu sais que je ne peux rien promettre à personne tant que je n’ai pas d’assurance.

Tu salueras de ma part ton épouse, que j’aime pour cette raison qu’elle t’aime, et je te jure que si je pouvais trouver quelque part une telle épouse, je ne marierais pas la fille d’un roi de préférence à elle. Car de même que je ne peux croire qu’il y ait de plus grande croix que la haine entre les époux, je ne puis penser qu’il y ait une plus grande joie que leur amour mutuel. C’est pourquoi, mon cher Oswald, supporte avec égalité d’âme la modestie de ton patrimoine, puisque pour le reste tu es heureux en mariage; en raison de cette concorde je t’aime, alors qu’un autre peut-être, mais ce serait un sot, te haïrait. Dieux bons, combien de fois ai-je pensé à toi ces jours-ci, en lisant le petit livre sur l’éloge du mariage d’Érasme, qui sera bientôt imprimé à Bâle! Il ne m’a pas conduit à l’intempérance, mais à une certaine sérénité de l’âme – je ne sais pas comment l’appeler. Je t’ai écrit cela avec le même sentiment que j’ai toujours eu pour t’aimer, et il n’est donc pas nécessaire que je me justifie, car je ne suis conscient d’aucun crime, même si les ennemis de notre concorde aboient contre ce qui est faible. Porte-toi bien et aime-moi; bien plus, aime-moi parce que je t’aime. De Paris, le 22 juin 1518. Tu salueras de ma part tous tes élèves.

Adresse: À Oswald Myconius, de Lucerne, excellent défenseur des belles lettres, notre ami sans pareil.