Formé à l’école de l’abbaye de Reichenau, Meinrad fut d’abord prêtre diocésain avant d’entrer à l’abbaye de Reichenau; il enseigna dans une école sur la rive du lac de Zurich et vécut en ermite à partir de 828, d’abord au col d’Etzel, puis, dès 835, à Einsiedeln. En 861, il fut assassiné par des brigands. L’abbaye d’Einsiedeln fut fondée en 934 sur le site de son ancien ermitage. Depuis le X^e siècle, il est vénéré comme martyr; et ses reliques furent transférées à l’abbaye d’Einsiedeln en 1039. Sa vénération fut nettement éclipsée par le culte marial d’Einsiedeln, également mentionné dans ce poème (voir plus loin). Sur lui, voir G. Jäggi, «Meinrad (saint)», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 30.01.2020, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/010195/2020-01-30/.

Meinrad était le fils du comte Berchtold de Sulgow.

Le lis, symbole de l’innocence, est aussi un symbole typique de Marie (d’après le Cantique des cantiques 2,1-2: «Je suis un narcisse de la Plaine, un lis des vallées. (Lui) Comme un lis parmi des ronces,telle est ma compagne parmi les filles»), et c’est donc dans ce contexte que Gugger en parle.

C’est-à-dire le diable.

L’invocation mariale «armée bien ordonnée» (acies ordinata) est tirée du Cantique des cantiques 6,3 et 6,9.

Formé à l’école de l’abbaye de Reichenau, Meinrad fut d’abord prêtre diocésain avant d’entrer à l’abbaye de Reichenau; il enseigna dans une école sur la rive du lac de Zurich et vécut en ermite à partir de 828, d’abord au col d’Etzel, puis, dès 835, à Einsiedeln. En 861, il fut assassiné par des brigands. L’abbaye d’Einsiedeln fut fondée en 934 sur le site de son ancien ermitage. Depuis le X^e siècle, il est vénéré comme martyr; et ses reliques furent transférées à l’abbaye d’Einsiedeln en 1039. Sa vénération fut nettement éclipsée par le culte marial d’Einsiedeln, également mentionné dans ce poème (voir plus loin). Sur lui, voir G. Jäggi, «Meinrad (saint)», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 30.01.2020, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/010195/2020-01-30/.

Formé à l’école de l’abbaye de Reichenau, Meinrad fut d’abord prêtre diocésain avant d’entrer à l’abbaye de Reichenau; il enseigna dans une école sur la rive du lac de Zurich et vécut en ermite à partir de 828, d’abord au col d’Etzel, puis, dès 835, à Einsiedeln. En 861, il fut assassiné par des brigands. L’abbaye d’Einsiedeln fut fondée en 934 sur le site de son ancien ermitage. Depuis le X^e siècle, il est vénéré comme martyr; et ses reliques furent transférées à l’abbaye d’Einsiedeln en 1039. Sa vénération fut nettement éclipsée par le culte marial d’Einsiedeln, également mentionné dans ce poème (voir plus loin). Sur lui, voir G. Jäggi, «Meinrad (saint)», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 30.01.2020, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/010195/2020-01-30/.

Le lis blanc est un symbole marial typique (voir supra, n. 3). L’image miraculeuse actuelle, devenue emblématique, se trouve à Einsiedeln depuis 1466.

Gugger joue une fois encore avec le nom de l’abbaye et du village d’Einsiedeln, qui sont nés de l’ermitage de Meinrad.

La fête de la conversion de saint Paul, le 25 janvier, est attestée depuis le VIII^e siècle. Cf. E. Dassmann, «Paulus (Verehrung)», Lexikon für Theologie und Kirche 7 (1998), col. 507-1508, ici col. 1508. La lecture de cette fête est le récit de la conversion de Paul dans les Actes des Apôtres 9,1-22, auquel se rattache également Gugger dans son poème.

Dans les Actes des Apôtres (9,15), Dieu, s’adressant à Ananie, qu’il envoie à Paul pour lui rendre la vue, qualifie Paul de vas electionis (vase d’élection/vase choisi). Cette formulation est par exemple également reprise dans le Graduel du formulaire de cette fête dans le missel romain traditionnel (après l’Alleluia).

Calès est une ville de Campanie, connue dans l’Antiquité pour la qualité de son vin (voir par exemple Hor. carm. 1,20,9).

C’est-à-dire les premiers chrétiens de l’époque, qui subissaient la persécution de Saul. Sur le concept théologique du Miles christianus (la vie chrétienne comme combat), voir. H. C. Brennecke, «Militia Christi», Religion in Geschichte und Gegenwart 5 (2008), p. 1231-1233.

Les Actes des Apôtres (6-7) racontent le martyre d’Étienne, qui fut traîné devant le Sanhédrin par des Juifs en colère et lapidé après avoir confessé le Christ. Il est considéré comme le premier martyr chrétien. Saul n’avait certes pas jeté de pierres, mais les meurtriers lui avaient confié les vêtements qu’ils avaient ôtés pour commettre leur crime (7,58), et le texte affirme que Saul approuvait ce meurtre (8,1).

C’est-à-dire Paul, le persécuteur des chrétiens.

La synagogue est ici le symbole du judaïsme qui ne (re)connaît pas le Christ comme Messie.

Pour ce qui suit (v. 29-48), voir le récit de la conversion de Paul dans les Actes des Apôtres (9,1-18); voir aussi le récit de cet événement raconté par Paul lui-même dans Act 27,12-18; c’est ce dernier passage que suit Gugger lorsqu’il fait parler Paul ici (on y trouve la fameuse expression «se rebiffer contre l’aiguillon», que Gugger reprend également au v. 48).

Gugger utilise caballus non pas de manière péjorative, mais de manière neutre, comme en latin médiéval. Le fait qu’il s’agisse d’un cheval thrace est une licence poétique de Gugger; les Actes des Apôtres ne disent rien au sujet d’un cheval.

Les Cimmériens étaient un peuple de cavaliers de l’Antiquité qui vivait à l’origine dans la région de la Crimée et de l’actuelle Russie du Sud-Caucase, avant d’émigrer vers l’Asie Mineure. L’idée, devenue une métaphore littéraire, selon laquelle il fait particulièrement sombre chez eux (dans leur patrie d’origine), remonte déjà à Homère (cf. Odyssée 11,12-19).

Cf. Act 9,18: «Aussitôt tombèrent de ses yeux comme des écailles, et il retrouva la vue. Il se leva, puis il fut baptisé.»

Benoît naquit vers 480 à Nursie (Norcia près de Spoleto). Après des études à Rome, il devint ermite, d’abord en s’associant de manière informelle avec d’autres ermites près d’Enfide (Affile), puis seul dans une grotte près de Subiaco. Plus tard, on lui demanda de diriger un monastère à Vicovaro. Ses efforts de réforme y provoquèrent une forte résistance. Il retourna à Subiaco et y fonda plusieurs monastères; il dut ensuite quitter la région, à la suite d’intrigues fomentées contre lui. En 529, il fonda avec quelques disciples l’abbaye du Mont-Cassin, pour laquelle il rédigea une règle religieuse, la Regula Benedicti, inspirée du monachisme romain. Il fondait ainsi le monachisme organisé dans la chrétienté occidentale. Il mourut le 21 mars 547 au Mont-Cassin. Depuis le XI^e siècle, sa fête est célébrée le jour de sa mort. Voir à son sujet A. de Vogüé, «Benoît de Nursie», Theologische Realenzyklopädie 5 (1980), p. 538-549.

Fils de Zeus/Jupiter et de la mortelle Alcmène, Hercule est surtout connu pour les douze grands exploits qu’il accomplit sur ordre de son cousin, le roi Eurysthée (tuer le lion de Némée, tuer l’hydre de Lerne, etc.). Depuis l’Antiquité, il est le symbole de la force surhumaine.

Hector était un prince troyen, l’une des figures les plus importantes de la guerre de Troie (connu par l’Iliade et les œuvres postérieures s’y rattachant); il est l’un des guerriers et des héros les plus connus de la mythologie et de l’histoire grecques.

C’est-à-dire les membres de l’ordre bénédictin. Sur l’histoire des bénédictins, avec une attention particulière portée sur la Suisse, voir L. Ettlin, «Bénédictins», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 02.10.2008, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011707/2008-10-02/; sur l’ordre en général, voir aussi P. Engelbert, «Benediktiner», Lexikon für Theologie und Kirche 2 (1994), col. 211-218; K. S. Frank, «Benediktiner», Theologische Realenzyklopädie 5 (1980), p. 549-560.

Littéralement: la muselière (camus), qui n’était pas seulement utilisée pour les animaux, mais aussi comme outil de punition pour les criminels et les esclaves (cf. K. E. Georges, «camus», Ausführliches lateinisch-deutsches Handwörterbuch, ⁸1913, réimpression Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2010, p. 949). Il faut donc prendre ici le terme dans le sens de «criminel» ou, comme nous l’avons traduit quelque peu librement, de «gibier de potence».

Les démons sont ici par métaphore désignés comme des Éthiopiens en raison de la couleur noire de leur peau. Voir par exemple la légende de l’ermite égyptien Antoine, dans laquelle il est rapporté que le diable apparut à Antoine «extérieurement sous sa véritable forme, à savoir comme un garçon noir» (Athanase d’Alexandrie, Das Leben des heil. Antonius, trad. de D. Hattrup, Ahden, St. Antonius Eremit, 2010, p. 16 (qui souligne, comme ici, «als schwarzer Knabe» (en français «comme un garçon noir»), online, https://www.unifr.ch/dogmatik/de/assets/public/files/Dokumentation/Online-Bibliothek/Klassiker/Athanasius_Antonius.pdf (dernier accès le 15 mars 2024).

Sur les strophes qui précèdent, voir Grégoire le Grand, Dialogi, 2,2,1-2 (Grégoire le Grand, Dialogues, vol. 2, éd. A. de Vogüé, trad. de P. Antin, Paris, Les éditions du cerf, 1979, p. 136 et 138): Quadam vero die, dum solus esset, temptator adfuit. Nam nigra parvaque avis, quae vulgo merola vocatur, circa eius faciem volitare coepit, eiusque vultui importune insistere, ita ut capi manu posset, si hanc vir sanctus tenere voluisset. Sed signo crucis edito, recessit avis. Tanta autem carnis temptatio, avi eadem recedente, secuta est, quantam vir sanctus numquam fuerat expertus. Quandam namque aliquando feminam viderat, quam malignus spiritus ante eius mentis oculos reduxit, tantoque igne servi Dei animum in specie illius accendit, ut se in eius pectore amoris flamma vix caperet, et iam paene deserere heremum voluptate victus deliberaret. Cum subito superna gratia respectus, ad semetipsum reversus est, atque urticarum et veprium iuxta densa succrescere frutecta conspiciens, exutus indumento, nudum se in illis spinarum aculeis et urticarum incendiis proiecit, ibique diu volutatus, toto ex eis corpore vulneratus exiit, et per cutis vulnera eduxit a corpore vulnus mentis, quia voluptatem traxit in dolorem, cumque bene poenaliter arderet foris, extinxit quod inclite ardebat intus. Vicit itaque peccatum, quia mutavit incendium. – «Un jour qu’il était seul, le tentateur se présenta. Un petit oiseau noir, dont le nom vulgaire est merle, se mit à voltiger autour de sa figure, approchant de son visage de façon agaçante, si bien que le saint homme aurait pu le prendre dans la main s’il avait voulu. Il fit un signe de croix, et l’oiseau s’en alla. Mais alors, l’oiseau parti, survint une tentation charnelle tel que ce saint homme n’avait jamais ressenti rien de pareil. Quelque temps auparavant, il avait vu une femme, que l’esprit mauvais lui remit sous les yeux de l’âme. Celui-ci alluma un tel feu dans l’esprit du serviteur de Dieu au souvenir de cette beauté qu’il n’en pouvait plus, de contenir cette flamme d’amour dans son cœur. Il était presque décidé à quitter le désert, vaincu par la volupté. Soudain, touché par la grâce d’en haut, il revint à lui, et apercevant tout près des buissons touffus d’orties et de ronces, il se dépouilla de son vêtement et se jeta nu dans ces épines piquantes et ces orties brûlantes. Il s’y roula longtemps et en sortit tout blessé. Ces blessures de l’épiderme servirent d’exutoire à la blessure de son âme, la volupté devenant douleur. En brûlant au-dehors par un châtiment bienfaisant, il éteignit ce feu intérieur qui ne convenait pas. Il vainquit le péché en changeant d’incendie.»

L’empereur Henri II (1014-1024) était oblat bénédictin. Les oblats bénédictins s’engagent à vivre dans l’esprit de la règle bénédictine (ce qui implique par exemple certaines obligations de prière) et entretiennent des liens étroits avec un monastère, normalement sans y vivre eux-mêmes.

Il y eut, à commencer par le pape Grégoire le Grand, le biographe de Benoît déjà mentionné, plusieurs papes issus de l’ordre bénédictin. Aucune autre famille religieuse n’a fourni autant de papes. Voir sur ce sujet A. Sohn (éd.), Benediktiner als Päpste, Regensburg, Schnell und Steinert, 2018.

Gugger s’adresse ici probablement aux oblats bénédictins issus de la noblesse; voir à ce sujet N. Esser, Benediktineroblatentum, Sinzig, St. Meinrad, 1995, en particulier p. 66-72 (de l’Antiquité tardive au XVIII^e siècle); il arrivait d’ailleurs régulièrement que des nobles passent la fin de leur vie comme oblats dans un monastère. On pourrait aussi penser à la coutume médiévale de «fraterniser» avec un monastère; voir à ce sujet ibid., p. 67-68 («Les princes ou fondateurs ayant fraternisé avec un monastère étaient, à leur mort, revêtus de l’habit correspondant; ils étaient revêtus de l’habit religieux à leur mort, et certains étaient enterrés dans le monastère ou près de celui-ci»; nous traduisons). Enfin, c’est une troisième interprétation possible du passage, des nobles entraient dans les monastères bénédictins comme futurs pères; au Moyen-Âge et au début des temps modernes, certains monastères n’acceptaient même que des nobles comme novices; à Saint-Gall, ce n’était toutefois plus le cas depuis 1418 (et Gugger n’était pas non plus un noble). Le sens de cette strophe reste quelque peu obscur pour nous.

Dialogi 2,30,1 (Grégoire le Grand, Dialogues, vol. 2, éd. A. de Vogüé, trad. de P. Antin, Paris, Les éditions du cerf, 1979, p. 221): …Malignus vero spiritus unum seniorum monachorum invenit aquam haurientem, in quo statim ingressus est, eumque in terram proiecit et vehementissime vexavit. Quem cum vir Dei, ab oratione rediens, tam crudeliter vexari conspiceret, ei solummodo alapam dedit, et malignum ab eo spiritum protinus excussit, ita ut ad eum redire ulterius non auderet. – «L’esprit mauvais avait trouvé un vieux moine puisant de l’eau. Il entra en lui sur-le-champ, le jeta par terre et le tourmenta très violemment. L’homme de Dieu revenant de la prière vit qu’il était tourmenté bien cruellement. Ils se contenta de lui donner un soufflet. Cela chassa aussitôt l’esprit mauvais, qui par la suite n’osa plus revenir».

Les doigts humains ont normalement trois phalanges; seul le pouce en a deux.

Le diable a senti les poignets de Benoît; comme il n’était pas humain, il ne pouvait pas verser de sang.

Dialogi 2,4,1-3 (Grégoire le Grand, Dialogues, vol. 2, éd. A. de Vogüé, trad. de P. Antin, Paris, Les éditions du cerf, 1979, p. 150 et 152): dans l’un des monastères fondés par Benoît, il y avait un moine qui, pendant les heures de prière, vagabondait à l’extérieur du monastère. Benoît découvrit la cause lors d’une visite (2): Cumque vir Dei venisset in eodem monasterio, et constituta hora, expleta psalmodia, sese fratres in orationem dedissent, aspexit quod eundem monachum, qui manere in oratione non poterat, quidam niger puerulus per vestimenti fimbriam foras trahebat. – «L’homme de Dieu va donc, et à leur dit, la psalmodie terminée, les frères sont en prière. Alors il a aperçu un petit moricaud tirant dehors par la frange de son vêtement le moine qui ne pouvait tenir en place durant la prière». Quelques jours plus tard, Benoît frappa le moine avec une verge et le libéra ainsi du petit garçon noir.» (3): … sicque antiquus hostis dominari non ausus est in eius cogitatione, ac si ipse percussus fuisset ex verbere – «Et voilà comment le vieil adversaire n’osa plus attenter à son imagination: on eût dit qu’il avait reçu le coup lui-même».

Dialogi 2,14-15,2 (Grégoire le Grand, Dialogues, vol. 2, éd. A. de Vogüé, trad. de P. Antin, Paris, Les éditions du cerf, 1979, p. 180 et 182), ici en particulier 2,15,1: Tunc per se isdem Totila ad Dei hominem accessit. Quem cum longe sedentem cerneret, non ausus accedere, sese in terram dedit. […] Quem de terra levavit, de suis actibus incepavit, atque in paucis sermonibus cuncta quae illi erant ventura praenuntiavit, dicens «Multa mala facis, multa fecisti. Iam aliquando ab iniquitate conpesce. Et quidem Romam ingressurus es, mare transiturus, novem annis regnas, decimo morieris» – «Alors Totila vint en personne trouver l’homme de Dieu. Il le vit de loin qui siégeait. Totila n’osa pas s’approcher et se prosterna. […] Après l’avoir relevé, il lui reprocha ses actions, et en quelques mots lui annonça tout l’avenir. Il lui dit: ‘Vous faites bien du mal, vous en avez fait beaucoup: cessez enfin de commettre l’iniquité. Vous ferez votre entrée à Rome, vous passerez la mer, vous régnerez pendant neuf années, et la dixième, vous mourrez’». Totila fut roi des Ostrogoths de 542 jusqu’à sa mort; il régna sur une grande partie de l’Italie en concurrence avec l’Empire d’Orient, ce qui lui fut fatal lors de la bataille de Taginae (Busta Gallorum). La visite à Benoît eut probablement lieu dans la seconde moitié de l’année 546; voir à ce sujet A. Mundó, «Sur la date de la visite de Totila à S. Benoît», Revue Bénédictine 59 (1949), p. 203-206.

Dialogi 2,37,3 (Grégoire le Grand, Dialogues, vol. 2, éd. A. de Vogüé, trad. de P. Antin, Paris, Les éditions du cerf, 1979, p. 245): Qua scilicet die duobus de eo fratribus, uni in cella commoranti, alteri autem longius posito, revelatio unius atque indissimilis visionis apparuit. Viderunt namque quia strata palliis atque innumeris corusca lampadibus via recto orientis tramite ab eius cella in caelum usque tendebatur. Cui venerando habitu vir desuper clarus adsistens, cuius esset via, quam cernerent, inquisivit. Illi autem se nescire professi sunt. Quibus ipse ait: «Haec est via, qua dilectus Domino caelum Benedictus ascendit.» Tunc itaque sancti viri obitum, sicut praesentes discipuli viderunt, ita absentes ex signo, quod eis praedictum fuerat, agnoverunt – «Le même jour, deux frères, l’un demeurant au monastère, l’autre logeant au loin, eurent révélation de cela par une même et identique vision. Ils virent en effet un chemin jonché de tapis et brillant d’innombrables lampes, du côté de l’Orient, qui partait de son monastère et s’élever droit jusqu’au ciel. Au-dessus, un homme vénérable, tout resplendissant, leur demanda s’ils savaient quel était ce chemin qu’ils contemplaient. Ils avouèrent leur ignorance. Alors il leur dit: ‘C’est le chemin par lequel le bien-aimé du Seigneur, Benoît, monte au ciel’. Ainsi tout comme les disciples présents virent la mort du saint, les absents en eurent connaissance d’après le signe qui leur avait été prédit».

Le poète s’adresse à Benoît.

C’est-à-dire Gugger lui-même.

Ce passage évoque Mt 25,34 (c’est le Fils de l’homme qui parle lors de son retour à la fin des temps): «Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde».

Ignace de Loyola naquit en 1491 au château de Loyola, dans la province espagnole de Guipúzcoa, d’une famille noble du Pays basque. Il embrassa la carrière militaire jusqu’à ce qu’une grave blessure au combat le rende inapte à la guerre en 1521. Des lectures pieuses pendant sa convalescence au château de Loyola furent la cause de son éveil religieux, de ses prières ferventes et de ses visions mystiques (à Manresa). En 1523, il se rendit en pèlerinage en Terre sainte. À partir de 1524, âgé de 33 ans, il fréquenta l’école latine de Barcelone, ce qui lui permit d’étudier à Alcalá de Henares en 1526 et (à partir de 1528) à la Sorbonne à Paris, où il obtint une maîtrise en 1534 à la faculté des arts. Durant sa période parisienne, il fit vœu de pauvreté et de chasteté avec six autres hommes partageant ses idées. Il fut ordonné prêtre à Venise en 1537 et, dès 1538, vécut à Rome, où il parvint en 1540 à obtenir du pape Paul III la confirmation de la fondation de son ordre, la Societas Jesu (les jésuites), dont les membres s’engageaient non seulement à la pauvreté et à la chasteté, mais aussi à une obéissance inconditionnelle au pape. Ignace consacra le reste de sa vie, jusqu’à sa mort le 31 juillet 1556 à Rome, à la poursuite de l’organisation interne et de l’expansion externe de son ordre. Une branche féminine de l’ordre, fondée en 1545, fut supprimée dès l’année suivante. Ignace fut béatifié par Paul V le 3 décembre 1603 et canonisé par Grégoire XV le 12 mars 1622. Voir à son sujet M. Hanst, «Ignacio de Loyola», Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon 2 (1990), col. 1258-1262. Les jésuites devinrent l’ordre catholique réformateur par excellence et contribuèrent de manière décisive à la revitalisation du catholicisme, profondément ébranlé par la Réforme, notamment dans l’Empire (en Suisse y compris). L’éducation était un élément important de leur engagement, comme on peut le voir en détail ailleurs sur ce portail. Sur l’histoire et les activités des jésuites, voir, avec une attention particulière portée sur la Suisse, F. X. Bischof, «Jésuites», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 13.01.2011, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011718/2011-01-13/; voir aussi J. E. Vercruysse, Theologische Realenzyklopädie 16 (1987), p. 660-670.

Il s’agit de Martin Luther (1483-1546), originaire d’Eisleben dans le comté de Mansfeld, dans le cercle impérial de Saxe; il accomplit ses actes les plus importants à Wittenberg, la ville de résidence du prince-électeur de Saxe.

Sur Zwingli, le premier réformateur suisse, voir C. Moser, «Zwingli, Huldrych», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 04.03.2014, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/010447/2014-03-04/.

Gugger écrit Calvus, ce qui signifie littéralement «chauve». Sur ce réformateur genevois, voir F. Higman, «Calvin, Jean», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 17.09.2009, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011069/2009-09-17/.

Jeu de mots avec le terme ignis (feu) et le nom d’Ignace. Le propre de la messe en l’honneur d’Ignace semble également reprendre ce jeu de mots, puisque l’antienne de la communion y est la suivante: Ignem veni mittere in terram, et quid volo, nisi ut accendatur? (Lc 12,49: «C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé!»). Le jeu de mots Ignatius-ignis fut exploité très tôt dans la littérature et aussi dans des représentations artistiques; voir S. Zierholz, «Allegories of Light and Fire: Ignatian Effigies Painted on Copper», Journal of Jesuit Studies 9 (2022), p. 357-378.

Selon la mythologie romaine, Cacus était un géant qui vivait sur le mont Aventin, sur le territoire de ce qui allait devenir la ville de Rome. Lorsqu’Hercule traversa l’Italie avec les bœufs de Géryon (dixième travail), Cacus lui en vola quelques-uns. Il le paya de sa vie lorsque Hercule récupéra les animaux. Parmi d’autres auteurs antiques, Virgile raconte également cette histoire (Énéide 8,190-279).

C’est-à-dire l’Espagnol Ignace de Loyola.

Selon la mythologie antique, le titan Prométhée apporta aux hommes le feu de l’Olympe, s’opposant ainsi à la volonté des dieux.

L’un des douze exploits que le héros grec mythique Héraclès (Hercule chez les Romains) devait accomplir pour son cousin Eurysthée consistait à nettoyer en un jour les écuries du roi Augias d’Élide, qui n’avaient pas été nettoyées depuis plusieurs années. Héraclès atteignit cet objectif sans se déshonorer, en détournant deux rivières et en les faisant passer à travers les écuries. Métaphoriquement, Gugger laisse entendre qu’Ignace a contribué à la purification interne de l’Église.

Il s’agit ici de l’Église, que l’on appelle volontiers, traditionnellement, l’épouse du Christ ou de Dieu, à la suite du Nouveau Testament (en particulier Eph. 5,25-28).

Gugger évoque ici le travail missionnaire de l’ordre des jésuites: en Éthiopie, où ils étaient arrivés avec les Portugais, qui s’étaient ligués avec l’empereur éthiopien contre les musulmans, ils menèrent des missions depuis 1557 et obtinrent même la conversion de deux empereurs (1603 Asnaf Sagad II; 1622 Sissinios, qui se rétracta par la suite), mais furent chassés sous l’empereur Fasilides (1632-1667). Voir à ce sujet V. Böll, «Die Jesuiten und die gescheiterte Katholisierung der äthiopisch-orthodoxen Kirche/The Jesuits and their Unsuccessful Attempt to Catholicize the Ethiopian Orthodox Church», dans Etappen der Globalisierung in christentumsgeschichtlicher Perspektive/Phases of Globalization in the History of Christianity, éd. K. Koschorke, Wiesbaden, Harrassowitz, 2012, p. 157-170; V. Böll, «Von der Freundschaft zur Feindschaft. Die äthiopisch-orthodoxe Kirche und die portugiesischen Jesuiten in Äthiopien, 16. und 17. Jahrhundert», dans Christen und Gewürze«. Konfrontation und Interaktion kolonialer und indigener Christentumsvarianten, éd. K. Koschorke, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1998, p. 43-58. Il est également fort possible que Gugger utilise ici le terme «Éthiopiens» de manière générale pour désigner les Africains noirs. Les jésuites menèrent aussi des missions dans les diverses colonies et bases portugaises en Afrique (entre autres l’actuel Mozambique, l’Angola, le Cap-Vert...); le Portugal en perdit une grande partie dans les années 1970. Sur l’action des jésuites dans ces dernières colonies, voir J. K. Thornton, «Conquest and Theology. The Jesuits in Angola, 1548-1630», Journal of Jesuit Studies 1 (2014), p. 245-259; sur tous les aspects de l’activité en Éthiopie et dans le reste de l’Afrique, voir F. Mkenda, «Jesuit Involvement in Africa, 1548-2017», dans The Oxford Handbook of the Jesuits, éd. G. Zupanov, Oxford, Oxford University Press, 2019, p. 427-446, ici en particulier p. 428-434.

Il s’agit ici de la mission des jésuites en Inde, qu’ils dirigèrent à partir de 1540, principalement depuis la colonie portugaise de Goa (portugaise jusqu’en 1961). Sur la mission des jésuites en Asie (outre l’Inde, la Chine et le Japon aux XVI^e et XVII^e siècles), voir H. vu Thanh, «The Jesuits in Asia under the Portugese Padroado», dans The Oxford Handbook of the Jesuits, éd. I. G. Zupanov, Oxford, Oxford University Press, 2019, p. 400-426.

Après avoir rencontré un samouraï japonais à Malacca en 1547, le jésuite François-Xavier (voir note***) se rendit au Japon en 1549 et y fonda une mission chrétienne, qui connut des succès étonnants au cours des décennies suivantes. Cependant, à partir de 1587, le pouvoir central commença à exercer une répression croissante (notamment en crucifiant des pères jésuites), qui culmina en 1639 avec l’expulsion de tous les Européens (seuls les Néerlandais purent conserver une présence sur l’île). Jusqu’à la réouverture du pays au XIX^e siècle, le christianisme japonais n’existait plus qu’en tant que religion clandestine. Sur ces événements, voir M. Debargh, «Japan», dans Die Zeit der Konfessionen (1530-1620/30) (= Die Geschichte des Christentums, vol. 8), éd. M. Venard, Fribourg-en-Brisgau, Bâle et Vienne, Herder, 1992, p. 912-932. Il semble donc un peu surprenant que Gugger présente ici la mission au Japon comme un succès. Peut-être a-t-il en tête la mission chinoise des jésuites. Elle débuta en 1565 dans la colonie portugaise de Macao (portugaise jusqu’en 1999) et conduisit même les pères à la cour impériale de Pékin aux XVII^e et XVIII^e siècles, où l’on appréciait notamment leurs connaissances en astronomie et en mathématiques. L’attitude des pouvoirs publics vis-à-vis de la mission chrétienne a varié, mais n’a jamais conduit à des persécutions d’ampleur comme au Japon. Sur la mission en Chine, voir C. v. Collani, «China: Die Chinamission von 1520-1630», dans Die Zeit der Konfessionen (1530-1620/30) (= Die Geschichte des Christentums, vol. 8), éd. M. Venard, Fribourg-en-Brisgau, Bâle et Vienne, Herder, 1992, p. 933-954; J.-P. Duteil, Le mandat du ciel. Le rôle des Jésuites en Chine, de la mort de François-Xavier à la dissolution de la Compagnie de Jésus (1552-1774), Paris, Éditions Arguments, 1994. Sur les XVII^e et XVIII^e siècles, voir P. Lécrivain, «La fascination de l’Extrême-Orient ou le rêve interrompu», dans Das Zeitalter der Vernunft (1620/30-1750) (= Die Geschichte des Christentums, vol. 9), éd. M. Venard, Fribourg-en-Brisgau, Bâle et Vienne, 1992, p. 750-822. Sur la mission au Japon et en Chine, voir également H. vu Thanh, «The Jesuits in Asia under the Portugese Padroado», dans The Oxford Handbook of the Jesuits, éd. I. G. Zupanov, Oxford, Oxford University Press, 2019, p. 400-426.

Il s’agit de François-Xavier (1506-1552), natif de Navarre, l’un des premiers compagnons d’Ignace, qui devint le fondateur de la mission jésuite. Il fut lui-même actif en Inde à partir de 1542, puis en Malaisie et en Indonésie actuelles, se rendit au Japon et tenta en vain, avant sa mort, d’entrer également en Chine. Sa canonisation eut lieu en 1622. Voir à son sujet C. v. Collani, «Francisco de Javier», Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon 14 (1998), col. 269-272; E. Vitzthum (éd. et trad.), Die Briefe des Francisco de Xavier 1542-1552, Munich, Kösel, 1950, p. 11-29 (introduction) est également instructif.

Les premiers missionnaires jésuites débarquèrent en Amérique du Sud en 1549, dans les colonies espagnoles et portugaises où d’autres missionnaires chrétiens (notamment des franciscains) étaient déjà actifs. Les réductions jésuites qu’ils créèrent à partir de 1609 sont devenues célèbres. Il s’agissait de colonies dans lesquelles la population indigène, protégée des attaques des colonisateurs et autonome sur le plan économique, devait, sous la direction de pères jésuites, mener une vie sédentaire, productive et pieuse, en tenant compte de ses besoins humains et culturels spécifiques; il n’y avait pas de propriété privée. La «sainte expérience» («Das heilige Experiment», comme l’a appelée Fritz Hochwälder dans sa célèbre pièce de théâtre du même nom), qui resta toujours une épine dans le pied des colonialistes européens, prit fin dans la seconde moitié du XVIII^e siècle dans le cadre des diverses mesures anti-jésuites inspirées par les philosophes des Lumières au Portugal et en Espagne. Sur la mission des jésuites en Amérique latine, voir R. Gaune Corradi, «Jesuit Missionaries and Missions in the Iberian Colonial World», The Oxford Handbook of the Jesuits, éd. I. G. Zupanov, Oxford, Oxford University Press, 2019, p. 379-400.

Les jésuites.

On peut aussi penser aux célèbres réductions jésuites au Paraguay.

Le poète s’adresse à Ignace.

Sur le mythe de Prométhée, voir la note 47. Gugger a utilisé cette comparaison, qu’il applique à Ignace, à la fois dans les hymnes et dans les odes.

Sur la mission des jésuites en Orient (c’est-à-dire, dans ce contexte, en Inde, etc.), voir n. 51; sur la mission en Chine, voir la n. 52; sur la mission en Amérique («Occident barbare»), voir la n. 54.

Dans la plupart des hymnes, Gugger reprend à la fin une formule trinitaire (doxologie) qui n’est entièrement développée que dans l’hymne I: Et Deo trino simul sit et uni / Summa laus, summum decus et potestas, / Te Pater, Fili celebretque sancte / Spiritus Aether – «Et au Dieu trine et en même temps unique / Soit la plus grande louange, le plus grand honneur et la plus grande puissance, / Que l’éther céleste te célèbre d’une manière sainte, Père, Fils et Saint-Esprit». Une formule de louange trinitaire à la fin d’un hymne ou d’un psaume, etc., correspond aux usages de la liturgie des heures catholique, dont s’inspire Gugger dans sa collection d’hymnes.

Dominique naquit vers 1170 à Calaruega (Vieille-Castille). Après ses études, il devint chanoine (1199) puis sous-prieur (1201) de la collégiale augustinienne d’Osma. En 1203/04, lors d’un voyage diplomatique au Danemark et de retour dans le sud de la France, il constata que les Cathares (les Albigeois) y connaissaient un grand succès avec leur doctrine, que l’Église jugeait hérétique. Il décida de s’opposer à eux depuis Prouille grâce à de nouvelles stratégies pastorales (prédication itinérante et disputes publiques). En 1216, l’ordre de clercs régularisés qu’il avait fondé fut confirmé par le pape Honorius III sous le nom d’Ordre des Prêcheurs (Ordo Praedicatorum; en français, on parle le plus souvent de dominicains); l’année suivante, Dominique étendit le champ d’activité de l’ordre au monde entier; en 1220, l’ordre fut transformé en ordre mendiant. Outre les monastères masculins, Dominique créa dès le début une branche féminine de l’ordre. Dominique mourut le 6 août 1221 à Bologne et fut canonisé le 3 juillet 1234 par le pape Grégoire IX. Voir à son sujet A. Eßer, «Dominicus», Theologische Realenzyklopädie 9 (1982), p. 125-127. À l’époque de Gugger, il n’y avait plus de couvents dominicains masculins en Suisse (ils avaient été victimes de la Réforme), mais encore quelques couvents féminins. Pour l’histoire de l’ordre, en particulier en Suisse, voir F. Müller, «Dominicains», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 19.04.2012, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011714/2012-04-19/; en général, voir aussi G. Festa et A. Laffay, Dominikus und seine Mission. Ursprung und Spiritualität des Predigerordens, Fribourg-en-Brisgau, Bâle et Vienne, Herder, 2023. Gugger a fait personnellement la connaissance des dominicains à Constance (couvent sur l’Île des dominicains, aujourd’hui le Steigenberger Inselhotel), siège de l’évêché auquel Saint-Gall était rattaché et où il a lui-même reçu les ordres sacrés.

Composé du ciel, de la terre et de la mer.

Selon une idée populaire (mais erronée), Dominique est considéré comme le fondateur du rosaire, qu’il aurait appris de Marie en 1208 et qu’il aurait ensuite introduit dans son ordre. La légende de Dominique remonte à Alain de La Roche (Alanus de Rupe). Voir à ce sujet A. Heinz, «Rosenkranz (historisch)», Lexikon für Theologie und Kirche 8 (1999), col. 1303-1305, ici col. 1304-1305. Alain a probablement confondu Dominique avec le chartreux Dominique de Prusse (XV^e siècle), qui avait développé pour lui-même une sorte de préforme de la future prière du rosaire. Voir à ce sujet W. Lang, Das Gespräch mit Gott. Schule christlichen Beten, Buttenwiesen, Stella Maris, 2004, p. 229-233.

Lc 1,28: «Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi».

Giovanni Bernardone, que son père appelait Francesco, naquit à Assise en 1181/1182. Après une enfance et une adolescence insouciantes comme fils d’un riche marchand de tissus pour lequel il travailla après avoir fréquenté l’école paroissiale, sa captivité pendant un an à la suite d’un conflit entre Pérouse et Assise en 1204, suivie d’une grave maladie, l’amena à réfléchir sur sa vie. Une vision le conduisit à renoncer au monde et à mener une vie de pauvreté et de prière, ce qui lui valut d’être chassé et déshérité par son père. De 1206 à 1208, il vécut en ermite près d’Assise et s’occupa de la reconstruction d’églises en ruine, en particulier de la chapelle dite de la Portioncule. Lorsqu’il entendit dans cette église, lors d’une messe, les paroles de Mt 10,7 et ss. (instructions missionnaires de Jésus à ses disciples), il les comprit comme une mission qui lui était confiée de fonder un ordre religieux voué à la pauvreté et à la prédication. Il réalisa ce projet comme prédicateur itinérant avec de plus en plus de compagnons, qu’il envoyait dans différents endroits. En 1209/1210, Innocent III confirma oralement à Rome sa règle religieuse, et en 1212, François fonda avec Claire d’Assise une branche féminine de l’ordre, les Clarisses. Ses pérégrinations le menèrent jusqu’au sud de la France et en Espagne (1214/15) ainsi que, dans le sillage de la cinquième croisade, en Égypte (1220), où il prêcha (sans succès) devant le sultan. Il passa ensuite plusieurs années dans les montagnes de l’Alverne, près d’Arezzo, après avoir quitté la direction de l’ordre en raison d’une grave maladie et d’une cécité avancée. C’est à cette époque, en 1221, qu’il fonda son Tiers-Ordre (pour les laïcs qui souhaitaient mener une vie dans le monde selon les idéaux des franciscains) et rédigea une règle élargie qui fut confirmée par le pape Honorius III en 1223. Le 17 septembre 1224, il reçut les stigmates du Christ. Il mourut le 3 octobre 1226 dans l’église de la Portioncule et fut canonisé le 15 juillet 1228 par le pape Grégoire IX. Voir à son sujet F. W. Bautz, «Franz von Assisi», Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon 2 (1990), col. 95-101; C. Schweizer, «Franciscains», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 18.09.2014, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011715/2014-09-18/.

Selon la mythologie gréco-romaine, le titan Atlas soutient la voûte céleste à l’extrémité ouest de la Terre; c’est la punition qui lui fut infligée pour s’être opposé aux dieux de l’Olympe lors du combat des Titans. Héraclès/Hercule ayant reçu, dans le cadre de ses douze travaux, la mission d’aller chercher des pommes dans le jardin des Hespérides, sur le versant de l’Atlas, Atlas fut chargé d’aller lui-même les cueillir, tandis qu’Héraclès soutenait à sa place la voûte du ciel. À son retour, Atlas refusa de reprendre son fardeau, mais Héraclès, usant de ruse, réussit à se libérer, et Atlas continua à porter le poids de la voûte céleste.

En 1207, le pape Innocent III aurait rêvé que la basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église principale de Rome et mère de toutes les églises catholiques, était menacée d’effondrement et que François empêchait son écroulement. Il interpréta ce rêve comme une indication du rôle attribué par le ciel à François. Cf. Bonaventure, Legenda Maior, 3,10. La représentation de ce rêve par Giotto dans le cycle de François dans la basilique San Francesco à Assise est célèbre.

Il s’agit des ordres dominicains et franciscains avec leurs différentes branches (hommes, femmes et laïcs, ces derniers formant le Tiers-Ordre, voir sur eux L. Lehmann, «Terziaren, Terziarinnen», Lexikon für Theologie und Kirche 9 (2000), col. 1349-1352); les ordres franciscains masculins s’étaient divisés à plusieurs reprises, surtout en raison d’interprétations différentes du vœu de pauvreté. On trouve les frères mineurs (conventuels), les observants franciscains (ces deux premières branches se séparèrent en 1517) et les capucins (à partir de 1525). Pour toutes les branches mentionnées de la communauté religieuse franciscaine, voir, avec une attention particulière portée sur la Suisse, C. Schweizer, «Franciscains», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 18.09.2014, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011715/2014-09-18/. En ce qui concerne plus particulièrement les capucins, qui jouèrent un rôle important comme aumôniers dans le cadre de la réforme catholique en Suisse à partir des années 1580, voir aussi C. Schweizer, «Capucins», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 14.10.2009, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011708/2009-10-14/; sur les franciscains en général, voir J. Schlageter, «Franziskaner», Theologische Realenzyklopädie 11 (1983), p. 389-397.

C’est-à-dire d’Aphrodite/Vénus (le surnom de Kypris résulte de son lieu de naissance supposé à Chypre).

Euclio est l’un des personnages principaux de la comédie intitulée Aulularia de Plaute (254-184 av. J.-C.). Il s’agit d’un Athénien qui a trouvé un trésor (de l’or) dans sa maison et dont l’unique occupation est de le protéger. Ici, le nom est le symbole de la cupidité et du matérialisme.

En arrière-plan se trouve ici la brouille de François avec son père (cf. Bonaventure, Legenda Maior, 2,1-4): François vendit des étoffes précieuses de son père pour financer la rénovation de l’église de San Damiano, dans laquelle le Christ lui avait ordonné depuis le crucifix de réparer «sa maison», ce que François comprit d’abord dans le sens qu’il devait réparer l’église de San Damiano. Le prêtre de cette église refusa le don de François par peur de son père; François jeta donc cet argent, par mépris. Son père fut furieux lorsqu’il s’aperçut de ce qui s’était passé et le maintint emprisonné à la maison. Sa mère le libéra pendant une absence du père. Le père appela finalement l’évêque du lieu à l’aide pour que François renonce en sa présence à sa part d’héritage et restitue tout ce qu’il avait reçu de son père. À cette occasion, François rendit également à son père tous les vêtements qu’il portait sur lui; cf. ibidem, 4: Insuper ex admirando fervore spiritu ebrius, reiectis etiam femoralibus, totus coram omnibus denudatur, dicens ad Patrem: «Usque nunc vocavi te Patrem in terris, amodo autem secure dicere possum: Pater noster, qui es in caelis» – «La ferveur qui l’animait était si admirable et son âme si pleine d’ivresse que, rejetant jusqu’au dernier de ses vêtements, il parut nu devant toutes les personnes présentes. Alors il dit à son père: «Jusqu’à ce jour je vous ai appelé́ mon père sur la terre; maintenant je puis en toute assurance dire: Notre Père qui êtes dans les cieux» (trad. Berthaumier, 1854, disponible sur https://www.documentacatholicaomnia.eu/03d/1221-1274,_Bonaventura,_Legende_de_Saint_Francois,_FR.pdf). L’évêque, reconnaissant l’amour de Dieu de François, le couvrit de son propre pallium et lui fit apporter des vêtements simples. – Nous utilisons ici la biographie composée par Bonaventure (1221-1274), qui avait un caractère officiel; elle remplaça plusieurs autres vies de François, plus anciennes, qui ne furent redécouvertes qu’aux XIX^e et XX^e siècles. Pour les besoins de notre commentaire, les différences entre les Vies, dues notamment à des querelles théologiques sur la question de la pauvreté, sont sans importance. Nous utilisons l’édition Sancti Bonaventurae Opuscula Franciscana (= Opere di San Bonaventura [...], éd. par J. G. Bougerol, C. Del Zotto et L. Sileo, vol., 14,1), Rome, Città Nuova Editrice, 1993.

Voir la note suivante.

Cf. Bonaventure, Legenda Maior 5,3: Rigidus in disciplina super custodiam suam stabat, curam permaximam gerens de utriusque hominis puritate servanda; quapropter circa conversionis suae primordia tempore hiemali in foveam glacie plenam se ipsum plerumque mergebat, ut et domesticum sibi hostem perfecte subigeret et candidum vestimentum pudoris a voluptatis incendio praeservaret. Tolerabilius viro spirituali fore incomparabiliter asserebat magnum sustinere frigus in carne, quam ardorem carnalis libidinis vel modicum sentire in mente. – Ainsi, rigide observateur d’une bonne discipline, François se tenait sur ses gardes, et apportait le plus grand soin à conserver en lui l’homme intérieur et l’homme extérieur à l’abri de toute tache. Aux premiers temps de sa conversion, il se plongeait souvent durant l’hiver dans des fosses pleines d’une eau glacée, afin de soumettre entièrement l’ennemi qu’il portait avec lui, et de préserver des feux de la volupté le vêtement délicat de sa chasteté. Il assurait qu’un homme vraiment spirituel trouvait sans comparaison plus tolérable de souffrir les rigueurs d’un froid intense, que de ressentir tant soit peu en son âme les ardeurs de la concupiscence, trad. Berthaumier, 1854, disponible sur https://www.documentacatholicaomnia.eu/03d/1221-1274,_Bonaventura,_Legende_de_Saint_Francois,_FR.pdf). La Legenda aurea raconte dans son récit sur François (chapitre 5) comment François se jeta une nuit dans des tas de neige pour tuer l’aiguillon de la chair (qui, semble-t-il, disparut définitivement).

Voir le récit détaillé de la stigmatisation de saint François dans Bonaventure, Legenda Maior 13,3. En prière, François était rempli d’amour de Dieu et, dans l’excès de son amour, il aspirait à être lui-même crucifié comme le Christ. Il eut la vision d’un Christ séraphique (ou d’un séraphin entre les ailes duquel apparaissait le crucifié). Cette vision ne s’imprima pas seulement profondément dans son cœur, mais laissa aussi des traces physiques tangibles dans les stigmates qui apparurent soudain à la fin de la vision. Sur le phénomène de la stigmatisation, c’est-à-dire l’apparition des blessures du Christ sur le corps d’une personne, qui a trouvé en François l’un de ses représentants les plus connus, et sur les questions, explications et problèmes qui y sont liés, voir P. Gerlitz, «Stigmatisierung», Theologische Realenzyklopädie 31 (2001), p. 174-178.

Le topos de François comme «second ou autre Christ» est bien connu, notamment en raison de son style de vie et de ses stigmates. Il influença également les représentations artistiques de sa personne; voir D. Cooper, «‘Love Not the World’. Saint Francis as an Alter Christus in Late Medieval Italian Painting», Journal of Iconograpic Studies 3 (2010), p. 199-210. Ce topos a perduré jusqu’à nos jours; cf. par exemple Benoît XVI, audience générale du 27 janvier 2010: «Il a été dit que François représente un alter Christus [un autre Christ], qu’il était vraiment une icône vivante du Christ» https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127.html (dernier accès le 12 mars 2024).

Le pape Évariste aurait régné vers 98-105. On ne sait presque rien de lui, comme le montrent la brièveté de ce poème et l’absence d’allusions biographiques, etc. Voir à son sujet F. W. Bautz, «Evaristus», Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon 1 (1990), col. 1547.

C’est-à-dire des mortels prisonniers de leur culpabilité en raison du péché.

À la suite du passage du Nouveau Testament mentionné dans la note précédente, Pierre est considéré comme le portier du ciel.