Extraits du De Geographia: De ventis, De regionibus extra Ptolemaeum
Traduction (Français)
Traduction: David Amherdt/Kevin Bovier (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
Les vents
Le vent est une exhalaison chaude et sèche, qui se déplace latéralement autour de la terre. La cause efficiente du vent est le soleil et les astres. Mais la matière est l’exhalaison qui, soulevée vers le haut en partie par la force des astres, en partie par sa nature, trouve un obstacle dans la région froide de l’air qui rejette loin d’elle la chaleur. Et c’est pourquoi l’exhalaison est repoussée et circule de biais autour de la terre. Il faut noter ici que l’air est divisé en trois régions selon sa qualité: la région inférieure, qui est la plus proche de nous et la plupart du temps tempérée; la région intermédiaire, froide, que touchent les plus hautes montagnes; la troisième, la plus élevée, est chaude et c’est la plus proche de la sphère de feu. C’est dans cette dernière région que naissent les dragons volants, les étoiles filantes et des «impressions» semblables, comme les appellent les physiciens. En ce qui concerne la position des vents, il faut faire remarquer que dans chaque horizon on peut distinguer quatre régions principales de vents, auxquelles il convient d’en ajouter deux de part et d’autre. C’est pourquoi il y aura trois vents à l’est, trois à l’ouest, le même nombre au nord et au sud; c’est ce que représente le schéma dessiné ci-dessous. Certes, nous imaginons qu’il y a des vents associés venant des deux tropiques, de même que des deux côtés de l’Arctique. Mais les poètes se sont limités à nommer les quatre vents principaux: à l’est l’eurus, à l’ouest le zépyhr, au nord le borée et au sud l’auster.
Les régions hors de la description de Ptolémée. 40e et dernier chapitre
Les régions qui sont exclues de la description de Ptolémée ne sont pas mentionnées par des auteurs aussi dignes de confiance et ne sont pas non plus décrites avec autant de soin et de savoir-faire. À l’ouest, tout ce qui se trouve au-delà de l’Espagne et des Îles Fortunées est totalement inconnu de Ptolémée. Au nord, tout ce qui se situe au-delà du soixante-troisième degré de latitude, où le point le plus éloigné est Thule. Au sud, tout ce qui est au-delà du seizième degré de la latitude du midi. À l’est, tout ce qui est au-delà du cent quatre-vingtième degré. Tout cela est facilement visible chez Ptolémée dans la table générale.
Plus loin à l’ouest, il y a la terre qu’on appelle l’Amérique, à peu près à quatre-vingts degrés de longitude. Il y a deux îles, Spagnolla et Isabella; on sait que ces régions ont été explorées, en suivant leur littoral, par les Espagnols qui naviguaient sous la conduite du Génois Colomb et d’Amerigo Vespucci. Certains pensent que cette terre était connue du temps de l’empereur Auguste et que Virgile avait composé des vers sur elle dans le sixième livre de l’Énéide:
[…] Une terre s’étend à l’extérieur des astres,
Hors des routes de l’année et du soleil, où le porteur du ciel Atlas
Fait tourner sur ses épaules un axe pourvu d’étoiles ardentes.
Servius en a déduit qu’il s’agissait de l’Éthiopie des Maures. Quant à Landino, il prétend qu’aucune Éthiopie n’est située hors du Zodiaque. C’est pourquoi lui-même explique que «à l’extérieur» signifie «presque à l’extérieur». De plus, Donat dit que le soleil est mis pour le jour, l’année pour la nuit. Pour notre part, nous laissons le lecteur juge de ce sujet incertain.
Au nord il y a l’île d’Islande, le Groenland, la Laponie, la Norvège, la Suède, qui forment en fait la Gothie. Celle-ci comporte trois régions: orientale, occidentale et méridionale. Il y a l’île de Gotland, l’île de Scanie qu’on appelle aujourd’hui Seeland. Mais Pline, dans le quatrième livre au chapitre quatorze, semble lui avoir donné le nom de Scandinavie, ou du moins celui de son voisin, le Danemark; il dit en effet que les habitants la nomment «autre monde», puisque son étendue est pour l’instant inconnue.
Vers l’est, nos géographes ont ajouté la plus grande partie de l’Asie après le cent quatre-vingtième degré: il y a là d’immenses royaumes, d’énormes fleuves et beaucoup d’autres choses étonnantes à raconter. Ils ajoutent l’île du Japon à l’extrême est, la grande et la petite île de Java ainsi que quelques autres îles qui n’ont cependant pas été indiquées de manière exacte.
Vers le sud, à notre époque, Madagascar est représentée à l’endroit où Ptolémée situait l’île de Menuthia, dans le dernier chapitre du quatrième livre. En outre, la plus grande portion de l’Afrique a été parcourue par les Espagnols, sur la route qu’ils prennent pour aller à Calicut. Plus loin, Ptolémée estimait que l’océan indien méridional allant du promontoire de Prasum en Afrique jusqu’à Cattigara, un poste chinois, était entièrement entouré de terre, comme la mer Caspienne que tous les géographes anciens considéraient comme la partie septentrionale de l’océan. Or on a maintenant découvert que cette mer indienne n’était pas entourée par la terre, mais par l’océan méridional.
Fin
Les Îles Canaries.