Autobiographie
Traduction (Français)
Traduction: David Amherdt/Kevin Bovier (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
Épigramme autographe de Rudolf Collinus comprenant sa vie
(1) Né à Gundolingen. (2) Étudiant. (3) Cordier. (4) Soldat.
(5) Je devins ensuite citoyen de Zurich, (6) puis professeur.
(7) Et maintenant, au terme de ma vie, quel est donc le sort qui m’attend?
Ce sort est toujours dans tes mains, Dieu très bon.
Explication de l’épigramme
1. Né à Gundolingen
Gundolingen est un village dans la campagne lucernoise, dans le comté de Rothenburg, à mi-chemin entre Lucerne et Beromünster. Il passa au pouvoir de Lucerne en même temps que le château de Rothenburg, qui fut pris par les Lucernois l’année 1385, le jour des Saints-Innocents, alors que le comte de Rothenburg lui-même assistait au service divin dans sa paroisse, qui est située tout près, à l’extérieur du château et de la petite ville; voyant son château en proie aux flammes, il fut contraint de s’enfuir hors de l’église et d’abandonner tous ses biens, qui furent ainsi perdus.
Peu de temps après, l’année précédant la bataille de Sempach, Gundolingen fut entièrement dévastée par un incendie provoqué par les Autrichiens. Ses habitants se réfugièrent alors dans la forêt voisine, en direction de Lucerne, et s’y installèrent, hommes et bétail. Et sur la colline qui s’appelle de nos jours encore «Z’huben» (c’est-à-dire «zum Bül»), ils avaient un lieu d’observation, d’où ils voyaient les troupes ennemies arriver; un signal était alors donné avec le cor, et ils accouraient des champs, qu’ils étaient contraints de cultiver en armes, et terrassaient les ennemis. C’est de cette colline que mes ancêtres reçurent leur nom: on les appelle «Zum Bül» ou «Am Bül», ou encore «Bülmann». Et de fait, de nos jours, on les appelle indifféremment par l’un de ces noms. Moi, dans ma jeunesse, je me suis donné le nom de Clivanus, de «clivus» (pente), puis de Collinus, de «collis» (colline).
Je suis né de parents paysans, honnêtes et assez riches, car je fus élevé dans une certaine aisance aux frais de mes parents. Mon père était communément appelé «l’Althans de Gundolingen». Ma mère était appelée «Elsbeth Kellerin von Seesatt». Seesatz est un très beau domaine au bord du lac de Sempach, que les enfants de mon frère possèdent encore.
Je reçus le saint baptême dans le village de Neudorf près de Beromünster. En effet, le curé de Römerswil, paroisse à laquelle les habitants de Gundolingen sont rattachés pour ce qui concerne les cérémonies religieuses et les enterrements, n’était pas dans le pays. Eh oui, dès le ventre de ma mère, c’était mon destin que d’être à l’étranger! Mon parrain de baptême fut Rudolf Kauffmann, citoyen de Sempach, éminent médecin vétérinaire. Ma marraine était une mère de famille d’Oberbuchen, village situé aux confins du domaine de mon père. Cette femme respectable avait coutume d’envoyer chaque année à mes parents un souvenir de mon saint baptême, même lorsque j’étais hors du pays et que je me consacrais à mes études. Ce genre de petit cadeau est appelé «die Osteren» à Gundolingen, «Zimpeltag» à Zurich.
Ma mère ne put me donner avec certitude le jour de ma naissance, mais elle me dit qu’elle me mit au monde la semaine de Pâques («dans la semaine de Pâques») de l’année 1499. À cette époque, la guerre de Souabe faisait rage, et mon père était à l’armée près du Rhin dans le village Koblenz (c’est-à-dire Confluentiae), où les Suisses avaient une garnison contre les Souabes d’au-delà du Rhin.
2. Étudiant
Tout d’abord, à l’âge de 8 ans, je fus conduit par mon père à Beromünster, où j’eus comme précepteur le sieur Maître Andreas Erni, un excellent musicien, et pour hôte le sieur Jacob a Zell, un pieux prêtre octogénaire; durant deux ans, mon précepteur et mon hôte placèrent en moi de grands espoirs et firent mon éloge auprès de mes parents.
En second lieu, je fus conduit à Lucerne, et accueilli dans la famille du sieur Johannes Buchholzer, prévôt de la ville de Lucerne, qui était mon grand-oncle maternel, et auprès de qui je demeurai quelque cinq ans; j’eus différents précepteurs, des hommes bons, mais qui n’étaient vraiment doués que pour le chant. Et j’aurais subi de grandes pertes sur le plan de mes études, plus encore je n’aurais jamais porté de bons fruits, si le sieur Maître Joannes Xylotectus ne m’avait fait cours en privé sur Virgile; ce chanoine de Lucerne et de Beromünster, né dans une famille patricienne, mourut plus tard, le 8 août 1526 de la peste à Bâle: il avait été chassé de sa patrie en raison de ses convictions religieuses, bien qu’il eût été l’unique honneur de sa patrie et de religion. Cet homme très aimable m’expliqua la première bucolique de Virgile, et comme je l’avais apprise avec avidité, j’écrivis aussitôt une bucolique de mon cru; cet excellent homme en fut ravi et m’expliqua les autres bucoliques et les quatre livres des Géorgiques, ainsi que trois livres de l’Énéide; et comme il était parvenu au dernier vers du troisième livre, qui est celui-ci: «Finalement il se tut et, mettant un terme à son récit, se reposa», il s’appliqua ce vers à lui-même, comme s’il voulait lui aussi se taire et se reposer sans rien faire. C’est pourquoi il me conseilla de lire les poètes pour mon compte, ce que je fis avec zèle et succès, au point que je finis par connaître sur le bout des doigts tous les livres de l’Énéide, des Géorgiques et des Bucoliques et que j’étais capable de les réciter très facilement. J’étais donc devenu tout à fait virgilien, sous la conduite du sieur Xylotectus; les autres poètes, qui étaient d’un autre genre, je les comprenais facilement, ou alors je les dédaignais.
Troisièmement, emmené à Bâle par le sieur Xylotectus en personne, je fus accueilli dans l’école et dans la pension du sieur Henri Glaréan, le meilleur de tous les précepteurs; je passai là un semestre à apprendre les principes des mathématiques; j’aurais fait de grands progrès dans mes études, si on m’avait permis de profiter plus longtemps de son enseignement et de sa science. Mais après le départ du sieur Glaréan à Paris, je dus aussi changer de lieu pour mes études.
Quatrièmement, je me rendis à Vienne, poussé par ma passion pour la poésie. À mon arrivée, accueilli avec une extrême bienveillance par les jeunes Suisses, surtout par Conrad Grebel, je fus reçu dans leur cercle d’amis. J’eus pour protecteur et précepteur le sieur Docteur Joachim Vadian. Mais je fus déçu dans mon espoir et ne rencontrai là que pure barbarie. Les cours sur la poésie (c’est pour les suivre que je m’étais rendu à Vienne) me paraissaient totalement enfantins, car je m’étais depuis longtemps familiarisé avec Virgile, sous la direction du sieur Xylotectus, à Lucerne. Cependant, j’assistai là-bas à des spectacles imposants, et surtout aux funérailles grandioses de l’empereur Maximilien. Et ce ne sont pas seulement les cours, mais aussi les mœurs des gens, tant des ignorants que des savants, qui me déplurent: presque tous étaient corrompus par une ébriété indigne. En tout cas, moi qui avais acquis quelques notions dans la théorie et la pratique de la musique à Beromünster et à Lucerne, en raison de la terrible ébriété des chanteurs, je renonçai à la musique et au chant, à tel point que par la suite je ne me suis plus jamais consacré à cette louable passion. Et comme le sieur Docteur Vadian était parti dans sa patrie, je ne voulus pas m’attarder davantage à cet endroit (et ce n’est pas par manque d’argent!); je retournai donc dans ma patrie, exactement deux ans après mon départ.
«Italie, Italie», s’écrie, le premier, Achate. (Verg. Aen. 3,523)
En cinquième lieu, en 1519, comme la peste ravageait la France et l’Allemagne entière et que je passais l’été à Zurich, Johann Jacob Ammann, qui était arrivé de France, et moi-même nous mîmes d’accord pour visiter l’Italie et nous rendre à Bologne; c’est pourquoi, après avoir conclu cet accord, nous nous séparâmes: je me rendis dans ma patrie Gundolingen, tandis qu’Ammann restait à Zurich. Entre-temps, Ammann prit le chemin de l’Italie lorsque l’occasion s’en présenta. L’auguste Conseil de Zurich envoyait à Milan ses maîtres d’œuvre, tant ceux du conseil que ceux des corporations, afin qu’ils fassent des croquis des tours qui se dressaient dans le château de Milan, pour que l’on puisse ensuite édifier à Zurich une tour sur leur modèle; cela fut ensuite réalisé lorsque l’on édifia la nouvelle tour ronde au Rennweg. C’est avec ces envoyés zurichois qu’Ammann arriva à Milan, et il découvrit que cette ville, qu’occupait alors le roi de France François, était ornée d’hommes très savants. Il apprit en revanche que Bologne ne se distinguait dans aucune science, sinon en droit canonique. Il demeura donc à Milan et m’y fit venir moi aussi.
C’est ainsi que, le 1er janvier 1520, j’arrivai à Milan et que j’y trouvai tout conforme à mes vœux. Je fus accueilli amicalement par Ammann, qui fit de moi son compagnon d’études et de chambre. Nous avions comme précepteur particulier Antonio Telesio, un homme très saint, parfait connaisseur du grec et du latin, professeur public d’histoire; lorsque, le soir, avant d’aller me coucher, je saluais cet excellent homme, il me rendait mon salut par ces mots: «Porte-toi bien, mon fils, et prie, prie!» Nous eûmes aussi comme précepteur Stefano Negri, professeur public de lettres grecques, dont les traductions sont encore maintenant très appréciées des hommes les plus savants. De même, Ludovico Ricchieri, professeur des deux langues, qui est encore aujourd’hui très célèbre pour ses travaux sur les Antiquae lectiones. Il nous était permis de profiter tous les jours de leurs cours et de leur commerce; et en ce qui nous concerne, nous n’avons jamais manqué à notre devoir, car nous menions une vie honnête et étions assidus dans les études. C’est ainsi que nous étions hautement loués auprès des notables suisses qui venaient fréquemment à Milan, par nos précepteurs, mais aussi par tous les autres citoyens de la plus haute distinction, parmi lesquels il y avait Gian Giacomo Trivulzio et René de Birague, qui étaient nos condisciples auprès du sieur Telesio.
Je vais donner un exemple en allemand, pour me faire mieux comprendre:
[Un notable lucernois en visite à Milan entend dire beaucoup de bien d’Ambühl; de retour à Lucerne, il fait son éloge auprès de ses collègues du Conseil. Un jour, un membre du Conseil rencontre le père de Rudolf et déclare à la ronde: «Messieurs, voilà l’homme qui a un fils si savant à Milan», déclaration qui remplit de fierté le père et la mère du jeune homme.]
Alors que nous nous étions au beau milieu de nos études éclata la guerre de Milan, durant laquelle Milan tomba à nouveau aux mains de l’Empereur. Puisqu’aussi bien les études des belles lettres que tous les autres ornements de cette ville avaient péri (selon le proverbe populaire en usage à Milan et qui dit: «Milan était une ville sous le roi de France, un village sous l’Empereur»), nous fûmes contraints de rentrer dans notre patrie après un an et demi. Sur le chemin du retour, je dus traîner et porter Ammann à travers la montagne du Saint-Gothard.
En sixième lieu, de retour d’Italie dans ma patrie, pour éviter de me promener, oisif, sur les ponts et les places de Lucerne, ou de rester assis sans rien faire dans le champ de mon père au milieu des paysans affairés, rassemblant mes livres les meilleurs et les plus faciles à transporter, je décidai de partir pour Bâle, afin d’y chercher un emploi dans le milieu littéraire; et durant ce voyage, en compagnie de quelques prêtres, de bons compagnons, je séjournai au monastère de Saint-Urbain. Melchior Macrinus (qui avait été autrefois mon camarade à Bâle chez Glaréan) y avait été maître d’école, mais il avait alors été appelé dans sa patrie de Soleure comme secrétaire du trésor. Choisi pour le remplacer et ayant ainsi trouvé des conditions d’étude très favorables, j’y fus nommé maître d’école et y demeurai plus de deux ans. Comme j’accomplissais ma charge consciencieusement et honnêtement, je fus cher et agréable au Père abbé Erhard Kastler von Kaiserstuhl, un homme d’origine noble, ainsi qu’aux autres moines. Je ne m’occupais pas seulement des belles lettres, mais je participais parfois à des chasses et à des voyages, et j’avais l’habitude de me conformer à leur volonté, sans que cela nuisît à ma dignité et l’accomplissement de ma charge. C’est pour cette raison qu’ils m’appréciaient et me tenaient en haute estime, et n’acceptèrent pas que je parte pour Beromünster, bien que, durant mon séjour chez eux, j’eusse obtenu une place dans le chapitre de Beromünster, dont j’étais déjà devenu expectant (comme on dit), ce qui apparaît clairement à la lecture de la lettre suivante:
[L’avoyer et le conseil de Lucerne accordent à Rudolf Ambühl une place de chanoine dès qu’une place sera vacante, pour peu qu’il s’en montre digne et qu’il accède à la dignité sacerdotale. Il devra toutefois attendre que les candidats qui le précèdent dans la file d’attente aient obtenu leurs bénéfices. La lettre est signée du 4 août 1514, jour de la Saint-Oswald.]
À cette époque, je faisais partie des expectantes et un poste de chanoine m’avait été attribué, comme il appert de la lettre suivante:
[L’avoyer de la ville de Lucerne confirme au prévôt et au chapitre de Beromünster, à la suite de la vacance d’un canonicat, la nomination comme chanoine de Rudolf Ambühl. L’acte est daté du 4 avril 1522.]
Vers cette époque je fus installé [comme chanoine] à Beromünster, avec les cérémonies d’usage, au cours d’une grande fête solennelle. À cette occasion, Monsieur le prévôt Ulrich Martin me remit un document confirmant saintement et religieusement mes droits de chanoine. Bien que je fusse désormais chanoine et que j’eusse pu vivre à Beromünster décemment et sans souci, je demeurais à Saint-Urbain et différais de jour en jour mon devoir de résidence (comme on dit), Monsieur l’Abbé me prenant sous sa protection et prétextant les besoins de l’école.
Enfin, alors que mon père était décédé et que le sieur abbé, gravement malade, allant de médecin en médecin, s’était arrêté à Winterthour chez un juif, les foules furent mises en émoi au sujet du luthéranisme par un moine, le frère de l’avoyer Hug, et firent venir de Lucerne des conseillers. Ceux-ci, dès qu’ils furent arrivés, menant une instruction sur le luthéranisme, inspectèrent les livres de tous; ayant inspecté mes livres imprimés en caractères grecs, le conseiller Hans Glestig s’écria: «Ce sont des livres luthériens!». Comme je le niais, il déclara: «Pas tant de kritzis kretis, c’est luthérien!» Voilà pourquoi ils ordonnèrent d’emballer puis d’emporter mes livres grecs à Lucerne, afin que je pusse y plaider ma cause devant le Conseil et réclamer mes livres en retour. Ce sont environ vingt hommes des deux conseils qui furent envoyés à Saint-Urbain, dont les chefs étaient l’avoyer Hans Hug, les conseillers Rudolf Hünenberg et Hans Glestig, qui étaient considérés à l’époque comme les plus éloquents de tous les Lucernois. À mon arrivée à Lucerne, une session extraordinaire du Conseil fut réunie pour moi au couvent des franciscains. Là, je plaidai ma cause par l’intermédiaire de Werner Buchholzer, chanoine et custode du collège de Lucerne, mon parent. Les conseillers firent preuve d’une grande bienveillance à mon égard, et ordonnèrent que je puisse récupérer tous mes livres par l’intermédiaire du deuxième avoyer (Golder, je crois); ils me prièrent et m’exhortèrent longuement à ne rien entreprendre qui sorte de l’ordinaire contre notre foi antique, véritable et certaine, mais, à l’imitation de mes ancêtres, de continuer à être «un bon chrétien et un bon Lucernois». Alors l’avoyer Hug déclara à haute voix et avec insolence: «S’il veut, il peut à aller à Zurich, pour voir si Zwingli lui donne un bénéfice de chanoine». Ces mots me m’avaient semblé très durs à l’époque; j’ai découvert plus tard qu’il s’agissait en fait d’une prophétie.
3. Cordier
Je renonce à énumérer les causes qui me poussèrent à exercer le métier de cordier; je me contenterai ici de noter les faits tels que je les ai consignés autrefois.
Le 14 février 1524, je quittai ma patrie et arrivai vers le soir à Zurich, où je descendis chez le sieur Myconius; là, il m’arriva une chose plaisante. C’était l’époque des «fêtes des bacchanales» (c’était lors de l’ancien carnaval) et une table avait été dressée dans la pièce chauffée, couverte de mets très délicats (comme c’est la coutume) et de coupes pleines, mais presque personne ne s’y tenait assis ou debout, et les portes de la maison étaient ouvertes. La raison en était que tous les convives s’étaient précipités vers les remparts, pour regarder les feux et les torches des Bacchanales ou de Mars, qu’on appelle Fassnachtfeur ou Merzenfeur. Car le sieur Myconius habitait alors dans une maison située à côté de l’arsenal. Pour ma part, j’étais entré dans la pièce chauffée, m’étonnant de n’y voir personne, et je m’assis à table, occupant le siège du sieur Myconius et attendant l’arrivée des gens. Lorsque les feux eurent pris fin, tous revinrent en hâte et, interdits, me trouvèrent assis à la table et leur tendant des coupes comme s’ils étaient des gens venus du dehors. Je m’exclamai alors: «Monsieur Myconius, je suis arrivé dans un lieu d’abondance sous de bons auspices!». Le sieur Myconius éclata de rire et me reçut avec une grande bienveillance. Pendant quelque temps, je profitai de l’hospitalité du sieur Myconius et de la compagnie du chevalier Aremundus, un Français, et j’envoyai à Lucerne à mes parents, le sieur Werner Buchholzer et sa sœur, ce document que Monsieur le prévôt de Beromünster m’avait remis pour confirmer mon canonicat, et je renonçai de moi-même et librement à ce canonicat, bien que tous mes amis et confidents qui étaient alors à Zurich me l’eussent déconseillé.
Je demandai par lettres à des parents de remercier le Conseil de Lucerne de m’avoir laissé partir à Vienne plutôt qu’à Constance. En effet, je les avais quittés dans l’espoir et à la condition que je passerais tout le temps de jeûne à Constance pour y recevoir les ordres sacrés. Après quelques jours, le sieur Heinrich Buchter m’appela à Kilchberg, pour se consacrer avec moi à l’étude du grec. Là, je faillis être surpris par le sieur Werner Bucholzer, mon parent, qui m’avait cherché à Constance et à Zurich et qui, au retour, s’écartant de la voie équestre, s’était retrouvé à Kilchberg. Vers le 1er mai, je visitai les eaux médicinales d’Urdorf. Ma peau y ayant été guérie et mon corps rétabli, je rentrai à Zurich le 23 mai, pour me consacrer au métier de cordier, au nom du Seigneur Jésus Christ, auprès de Heinrich Ostertag, un cordier honnête, membre du Conseil. Je lui promis 18 pièces d’or comme frais d’apprentissage et les lui versai immédiatement. Et en peu de temps je fis tant de progrès dans le métier de cordier que, grâce au solide enseignement reçu de mon maître, je ne le cédais absolument à aucun cordier dans l’habileté et la rapidité.
ὢ παλάμαι βροτῶν.
4. Soldat
La même année, c’est-à-dire 1524, le 3 octobre, avec une troupe de citoyens zurichois, je partis pour Waldshut, afin de venir en aide à cette ville; j’exerçais la fonction de soldat et de secrétaire, et j’écrivis deux fois au Conseil de Zurich. La première fois depuis le village de Dielsdorf. C’est là qu’un courrier nous trouva tandis que nous prenions notre déjeuner et, au nom du Conseil, nous demanda où nous nous apprêtions à nous rendre et ce que nous allions y faire. Les soldats, terrifiés et pris de doutes, ne savaient que répondre et disaient toutes sortes de choses. Le courrier écarta ces explications et déclara: «Vous avez ici un secrétaire (il me montra du doigt); demandez-lui qu’il mette votre avis par écrit: je veux rapporter au Conseil une réponse écrite, non orale». Les soldats, donc, priant et suppliant, obtiennent de moi que je fasse une réponse écrite. C’est pourquoi, ayant écrit certaines choses selon l’avis des soldats, d’autres comme je le jugeai bon, sautant sur un escabeau, après que l’on eut donné l’ordre de se taire, je lus publiquement la lettre que j’avais écrite; cela fait, tous s’enflammèrent à tel point qu’ils déclarèrent préférer mourir que de retourner à Zurich. Cette lettre fut lue devant le Conseil de Zurich, et les conseillers furent tellement émus que certains ne purent même pas retenir leurs larmes et demandèrent d’enrôler à la hâte une armée pour nous protéger et, si cela s’avérait nécessaire, pour nous venir en aide lorsque le sort en serait jeté. Mais quelques-uns étaient d’avis qu’il fallait nous envoyer des messagers du Conseil, pour établir les faits et les rapporter au Conseil. C’est cet avis qui prévalut. Parmi les maîtres des corporations furent envoyés maître Han Wägmann, un tanneur, et maître Thomas Meyer, un cordonnier. C’est alors que j’écrivis pour la deuxième fois au Conseil de Zurich, après une réunion publique que nous avions tenue dans l’hôtel de ville de Waldshut. C’est au milieu de la nuit que nous arrivâmes dans cette ville; nous fûmes hébergés par Junghans Schallers, qui nous avait fait sortir de Zurich. Le huitième jour, comme rien de valable ne se faisait et qu’il y avait un immense concours de soldats, après avoir salué le conseil de Waldshut et notre hôte, je retournai à Zurich en compagnie de ceux avec qui j’étais parti, et ni notre chef, Klaus Keller von Bülach, ni le banneret, Hans Habersaat, ne parvinrent à me persuader de rester dans l’armée. Je revins donc à mes cordes. Cependant, grâce aux deux lettres que j’avais écrites, je fis la connaissance et devins ami d’un grand nombre de mes concitoyens. Et mes mécènes, qui ne savaient pas que je m’étais engagé dans l’armée et que je craignais d’avoir offensés, m’entouraient d’un plus grand zèle encore qu’auparavant.
Le 1er janvier de l’année 1525, je me mis en route pour me rendre auprès du duc Ulrich de Wurtemberg, que je voulais voir à Montbéliard, mais je rencontrai à Waldshut son envoyé, le sieur Johannes Fuchssteiner, qui s’occupait précisément des questions dont je voulais rendre compte au duc. À Soleure, je rencontrai le duc et, conformément aux conseils qui m’avaient été donnés, je lui parlai de la reconquête de son duché. Lors de ce voyage, je devins l’ami proche du sieur Johannes Frumentarius, le chancelier du duc, et par la suite je lui restai toujours très lié. Peu de temps après, je partis pour Schaffhouse, où je fis part au duc de mes conseils sur le début de la guerre, sur le choix des officiers et le recrutement d’un porte-parole. Le 13 février je pris les armes et m’engageai auprès du duc; je fus admis à sa cour et demeurai à Schaffhouse. J’apportai à Zurich, à cheval, deux cents pièces d’or que le duc avait reçues en prêt du boucher Laurentius Zur Eich; je remis également huit pièces d’or à l’imprimeur Johannes Hager, pour la lettre aux cités impériales qu’il avait imprimée. Pour le reste, concernant l’expédition militaire que les citoyens devaient entreprendre, je ne voulus rien faire, car à Zurich cela était interdit par la loi.
Avant d’entrer au service du duc, j’avais reçu mon congé de mon maître cordier, car je voulais être libre de toute servitude et de toute obligation, et me rendre où je voulais sans rien devoir à personne; je veillais ainsi à ce que ce service militaire ne me porte pas préjudice, si jamais je voulais un jour acheter le droit de cité.
Avant de partir à la guerre, je montai avec les membres de la cour au château de Hohentwiel et j’y passai quelques jours; finalement, tout armé, je descendis auprès des soldats suisses dans le village de Hilzingen. Je vécus d’abord avec ceux qui s’occupaient des bombardes, ensuite avec les gardes du corps du duc, plus tard avec les chevaliers et des nobles, membres de la cour.
D’abord la place forte de Balingen, qui s’était rendue, fut ainsi reconquise; à cet endroit m’échut un logement auprès d’une vieille femme, dont les provisions personnelles furent dilapidées, selon la coutume militaire. Cette femme, remarquant la mesure dont je faisais preuve, m’appelait auprès de son lit, dans lequel elle était couchée, gravement affaiblie par la maladie et le grand âge, et elle me saluait avec beaucoup de bienveillance de la manière suivante: «Sois le bienvenu, mon très cher hôte». Ensuite elle ajoutait quelques pieuses instructions religieuses, que je garderai fidèlement en ma mémoire.
Non loin de Balingen une partie des soldats, une troupe formée de paysans rassemblés dans la forêt noire et qui avaient établi leur camp non loin des Suisses, fut massacrée par les cavaliers ennemis.
À Balingen, une partie des soldats abandonna le duc de manière honteuse et odieuse, mais la majorité resta à son service et partit avec le duc pour Herrenberg. Non loin de là apparurent l’infanterie et la cavalerie ennemies, et de part et d’autre les armées en ligne de bataille s’avançaient. Leur cavalerie nous avait contournés par l’arrière, mais, lorsque leurs fantassins prirent la fuite, les cavaliers aussi se retirèrent. C’est ainsi qu’il n’y eut pas de bataille. C’est là, lors de l’escarmouche préliminaire, que le cheval d’un noble, N. von Sperwerseck, fut touché par un boulet et s’écroula devant le duc et moi.
Le duc concentra toutes ses forces sur la capitale, Stuttgart, et s’empara de ses faubourgs. Là, j’attrapai de ma propre main un assassin, le dépouillai de ses armes (une bombarde et une épée); cependant, la nuit suivante, cet individu s’échappa, car les gardes étaient ivres et inattentifs. Quant à moi, je ramenai la bombarde à Zurich en guise de butin, et je m’en servis pendant longtemps.
Alors que la prise de Stuttgart était imminente et que le peuple du Wurtemberg affluait de partout vers le Duc, et se rendait volontairement à lui, à cet endroit (c’est honteux à dire) eut lieu une défection (disons plutôt une trahison, comme le disait publiquement le duc lui-même). L’initiateur en fut Onophrius Setzstab. Lors d’une assemblée de l’armée, qui avait été convoquée au son du tambour et au cri du héraut, je l’entendis de mes propres oreilles exhorter à la défection et à la fuite, pour deux raisons, dont la première était l’absence de solde, la seconde le renvoi des Suisses chez eux. Il disait en effet, ou plutôt il proclamait qu’ils avaient tous sans exception été trompés par de fausses promesses et par une privation injuste de leur solde. En plus, disait-il, ils seraient tous sans exception rappelés chez eux par la diète commune des Suisses; s’ils ne leur obéissaient pas, ils seraient punis de l’exil et, chez eux, leur patrie commune serait ravagée dans une guerre sanglante par les Autrichiens, leurs ennemis héréditaires. Ils devaient ainsi s’occuper de leurs propres intérêts et de ceux de leur patrie. À cela, il ajouta d’autres paroles très amères, par lesquelles il entraîna les soldats à la défection.
Puisque les soldats avaient été entraînés à la défection et se préparaient à fuir dans un grand tumulte, le duc lui aussi fut contraint d’en faire autant. Et alors que la nuit était encore profonde, il prit la fuite, tandis que, à pied, j’essayais d’aller à la même vitesse que le cheval, ainsi: j’ai couru aussi vite que le Duc chevauchait, de la manière suivante: j’avais la main sur l’étrier du Duc. C’est le duc qui me l’ordonnait, c’est pourquoi j’ai gardé facilement la même allure que le cheval, durant une bonne partie de la journée.
Après la fuite depuis Stuttgart, j’arrivai avec le duc à Rottweil, où, après le déjeuner, j’entrai dans la chambre du duc, qui m’apostropha familièrement: Mon cher Rudolf, comment ça va? Je répondis spontanément: Bien, noble Seigneur. Il ajouta: Ça va mal en diable! Car il se préparait à nouveau à la fuite: il voulait se rendre dans une forêt, jusqu’à ce que les soldats qui voulaient obtenir leur solde par la force se soient dispersés.
De Rottweil, j’accompagnai le duc jusqu’à Schaffhouse, puis, sur son ordre (il me confiait une mission), je gagnai Zurich, et de là je fis un détour par la Rhétie chez le sieur Jodocus Kilchmeyer, mon parent; puis, de retour à Zurich, je trouvai une lettre qui m’appelait au château de Hohentwiel. Là, durant quelques mois, me morfondant dans la garnison du château, dégoûté de la vie de cour et de la vie militaire, je trouvai une occasion de me soustraire à la vie militaire: la guerre des paysans, qui un peu partout en Allemagne à cette époque formaient de sinistres groupes de conspirateurs; le duc voulait se rendre auprès d’eux et conclure avec eux une alliance. Moi donc, ayant obtenu mon congé en bonne et due forme, je regagnai Zurich, où je déclarai la guerre aux cordes et aux outils de cordier, ce que je fis avec diligence et empressement.
La guerre est douce pour ceux qui ne l’ont pas faite.
Or, puisque les légations et les voyages comportent beaucoup de peines et de dangers, ils peuvent être classés sous la rubrique «Soldat». Je vais donc indiquer ici les voyages les plus importants que j’accomplis sur ordre du Conseil, en notant au moins l’époque, et en omettant les négociations qui eurent lieu, qui requièrent un livre à part.
Le 2 janvier 1528, je me rendis à Berne, choisi comme accompagnant et serviteur du sieur Zwingli, durant toutes la Dispute de Berne; je revins le 1er février.
Le 2 février 1529, je fus envoyé à Feldkirch pour examiner les résolutions prises par les cinq cantons et Ferdinand; elles étaient alors négociées entre eux, pour la ruine de la cité chrétienne.
Le 3 septembre 1529, je me rendis à la dispute de Marbourg avec le sieur Zwingli. Je revins le 19 octobre.
Le 11 décembre 1529, je fus envoyé en ambassade auprès du doge et du Sénat de Venise; lors de ce voyage, je fus attaqué par deux bandits dans la plaine de Brescia; je mis à terre celui qui se trouvait devant moi après avoir dégainé mon épée, et je pus échapper à l’autre, derrière moi, en éperonnant mon cheval; je revins le 19 janvier 1530.
Le 29 août 1531, je fus envoyé en ambassade auprès du roi de France François Ier, pour plaider les affaires et la cause du duc de Wurtemberg auprès du roi. L’affaire fut menée à bien en France le 11 octobre. Mais à Zurich, ce même jour, eut lieu la très funeste bataille de Kappel: en un seul jour, nous fûmes privés de nos forces et de nos hommes. Je revins le 27 octobre.
5. Je deviens ensuite citoyen de Zurich
Le 6 janvier 1526, je me rendis à Gundolingen, pour la première fois après l’avoir quittée le 4 février 1524. Je saluai ma très chère mère, qui m’accueillit avec moult larmes et moult embrassements. En la quittant, je reçus de sa part 40 pièces d’or puis, un peu plus tard, le 1er avril, 60 pièces d’or, ce qui fait une somme de 100 pièces d’or. J’ai utilisé cet argent pour acheter le droit de cité et d’autres choses nécessaires.
Premièrement, le 14 janvier 1526, j’achetai le droit de cité de Zurich pour le prix de 10 pièces d’or; puis, le jour suivant, c’est-à-dire le 15 janvier, je prêtai serment que je me montrerais envers la république un citoyen utile et intègre.
Deuxièmement, j’achetai pour 12 pièces d’or mon entrée dans la corporation des cordiers, qu’ils partagent avec les pêcheurs et les bateliers; j’y suis resté jusqu’à ce jour, et je suis tenu en haute estime par mes compagnons de corporation. Car, en plus des charges de la chorégie et de l’édilité, ainsi que d’autres postes d’honneur de ce genre dans la corporation, par un vote commun de toute la corporation, ils m’ont honoré de la questure (le plus grand honneur après celui de maître de corporation), ce qui n’a jamais été accordé, ni avant moi ni après moi, à quiconque ne faisant pas partie du Conseil; j’ai exercé cette fonction pendant douze ans puis j’en ai démissionné de mon propre chef, et par mon vote et par ma décision, j’ai fait en sorte que mon confrère Rudolf Lochmann me succède. En outre, je fus longtemps secrétaire et lecteur dans l’assemblée de la corporation, jusqu’à ce que je fasse élire à ma place, par mon autorité, mon confrère Johannes Wolf.
Troisièmement, le 8 février j’ai acheté pour 15 pièces d’or au cordier Johannes Lochmann des outils de cordier.
Quatrièmement, le 23 février, j’ai mis publiquement mes cordes à la vente, non sans succès, dans la boutique de la maison dite Zum Schnabel, sur la Schifflände.
Cinquièmement, le 12 mars j’ai décidé de m’installer dans la maison appelée ad Lilia (zur Gilgen in der Neustadt); par la suite, le 8 octobre, j’ai déménagé dans une autre maison sise sur la Schifflände (maintenant attribuée au gardien de la tour), qui nous avait été attribuée en commun à moi et à Ammann, en raison de notre profession. J’ai déménagé dans cette maison, comme je l’ai dit, avec mon épouse qui souffrait d’une maladie mortelle, et avec toutes mon mobilier, dans l’espace d’une heure et demie. En effet:
Toute la maison de Codrus tient dans un chariot.
[Suivent deux textes en allemand attestant les démarches entreprises par Rudolf Ambühl en vue d’obtenir des autorités de Rothenburg un document nécessaire à l’obtention du droit de cité zurichois, à savoir un certificat de naissance d’homme libre et légitime. Ambühl avait demandé à son frère Barthélemy de lui obtenir ce document. Barthélemy, ayant compris que la probité de Rudolf était mise en question à Zurich, fit établir par le tribunal le premier texte (une déclaration attestant de la probité de Rudolf) au lieu du certificat. Ce texte, qui émane des autorités de Rothenburg, est daté 13 septembre 1525. Le deuxième texte est l’explication du premier par Rudolf, qui révèle le malentendu et explique que les autorités zurichoises acceptèrent le document fourni comme s’il s’agissait du certificat habituellement exigé; Rudolf obtint ainsi la citoyenneté zurichoise sans avoir à accomplir de démarches supplémentaires.]
6. Puis je devins professeur
Je fus nommé professeur ordinaire de grec par Messieurs les scolarques, tant ceux du Conseil que ceux l’Église, avant d’être confirmé par le Conseil de Zurich, tandis que les sieurs Zwingli et Ammianus plaidaient ma cause en unissant leurs efforts, tout à fait à mon insu et sans même que j’aie songé à rien de tel, tant s’en faut que j’aie brigué ce poste, alors que je m’affairais au milieu des cordes, de la paille et de la poussière de chanvre. C’est pourquoi je peux difficilement dire à quel moment précis cela s’est passé; il sera sûrement possible de le savoir grâce aux annales du Collège et à l’histoire de la Réforme.
Comme mon salaire était très bas, je fus contraint de m’occuper à la fois de littérature et de cordes pendant trois ans. Et le restionatus (travail de cordier, pour forger un nouveau mot désignant mon art) me réussissait bien. J’avais trois boutiques: l’une à Zurich, c’est-à-dire la mienne; la deuxième à Weesen, dont s’occupait sur place en mon nom le cordier Jos Hartman; la troisième à Walenstadt, dont s’occupait en mon nom le meunier Hans Wildhaber. Ensuite, après l’augmentation de mon salaire, ayant ordonné aux cordes d’aller se faire voir, je m’appliquai seulement à la littérature et, je l’espère, je satisfis à ma tâche dans la mesure de mes moyens.
Le 8 août 1526, je commençai à expliquer Homère dans un cours ordinaire. Je ne peux pas énumérer quels furent les auteurs suivants ou à quel moment je les ai expliqués, ni en donner le nombre.
7.
Maintenant aussi, au terme de ma vie, quel est le sort qui m’attend?
Mon sort est entre tes mains, Dieu très bon.
Dans le Psaume 30 il est écrit:
C’est dans tes mains
qu’est mon sort.
Cette phrase fut pour moi une énigme pendant de nombreuses années; je l’ai déjà traduite autrefois de cette manière:
Je me recommande à toi, toi prends soin de moi.
Mon sort est dans tes mains, Dieu très bon.
Amen
Le 1er janvier 1576.
Rudolf Collinus père à ses descendants
Moi j’irai me reposer avec nos pères. J’irai.
Mon seul repos réside dans le Seigneur Jésus.
Moi j’irai; vous, chers enfants et chers petits-enfants,
Soyez bons | pour vous, | pour les citoyens | et pour la patrie. |
| mutuellement | pour les Zurichois | pour la Suisse |
Originaire de Lucerne, Oswald Myconius (1488-1552) avait dû quitter sa ville natale en 1522 en raison de ses opinions luthériennes présumées et séjournait à Zurich depuis 1523; plus tard, par l’intermédiaire de Zwingli, il devint pasteur à Bâle, où il succéda à Œcolampade comme antistès et devint professeur. Nous présentons sur ce portail un extrait de son commentaire d’un passage de l’Helvetiae Descriptio de Glaréan à propos de Guillaume Tell, des extraits de sa biographie de Zwingli, la première description de la vie du réformateur zurichois, ainsi que de son dialogue sur la guerre de Kappel, dont un tiers est constitué par une biographie de Zwingli. Voir sur lui G. Egloff, «Myconius, Oswald», Dictionnaire historique de la Suisse, version online du 09.12.2014, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/014127/2014-12-09/. Sur l’échec de la tentative de Myconius d’introduire la Réforme à Lucerne, voir aussi M. Ries, «Oswald Myconius in Luzern», dans Bewegung und Beharrung. Aspekte des reformierten Protestantismus, 1520-1620, éd. C. Moser et P. Opitz, Leyde et Boston, Brill, 2009, p. 1-20.