Poème à la louange du grand empereur Frédéric III, le père, et de son fils Maximilien
Traduction (Français)
Traduction: David Amherdt/Kevin Bovier (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
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Voir notre introduction.
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C’est-à-dire les Muses et Apollon, qui était aussi honoré en tant que dieu du soleil.
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Jupiter.
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Vadian parle ici, de manière quelque peu artificielle, du Parnasse, un massif montagneux de la région de Phocée, que l’on qualifiait déjà volontiers dans l’Antiquité de bicéphale (par ex. biceps, bivertex) (cf. Eur. Phoen. 226 et suiv., Pers. prol. 2, Ov. met. 1,316; 2,221); son sommet, l’Hélicon, était considéré comme la demeure d’Apollon et des Muses.
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Friedrich/Frédéric vient de fred, fried («la paix») et de rich («royaume», ou «puissant»), donc: «royaume de la paix, puissant en paix, roi de paix».
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En 1435/36, Frédéric III entreprit, alors qu’il était un jeune prince, un pèlerinage en Terre Sainte et fut adoubé chevalier au Saint-Sépulcre à Jérusalem. Le phare mentionné ici est le fameux phare d’Alexandrie construit à l’époque hellénistique, parfois compté parmi les sept merveilles du monde antique; voir K. Brodersen, Die sieben Weltwunder. Legendäre Kunst- und Bauwerke der Antike, Munich, C. H. Beck, 1996, p. 14. Ce phare n’existait plus à l’époque de Vadian et n’a ici qu’une fonction purement littéraire.
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Le 19 mars 1452, il fut couronné empereur par le pape Nicolas V; le 16 mars, il avait été couronné roi d’Italie.
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Gradivus est l’un des noms de Mars.
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Vadian fait sans doute référence au pèlerinage de Frédéric à Rome en 1468.
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Ici dans le sens de «Italie» (cf. par exemple Verg. Aen. 10,54).
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Jules César (100-44 av. J.-C.), nommé par le Sénat dictateur pour dix ans en 46 av. J.-C. après sa victoire dans la guerre civile contre Pompée, puis dictator perpetuus (dictateur à vie) dès le mois de février 44, soit quelques semaines avant son assassinat.
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Vadian généralise ici la manière dont la succession impériale s’effectuait dans l’Empire romain (il y eut, surtout sous les empereurs militaires, des prises de pouvoir sans règlement testamentaire préalable, voire sans adoption), mais son constat est exact, du moins pour les souverains julio-claudiens mentionnés ici: Auguste (Octave, 63 av. J.-C.-19 apr. J.-C.), le fondateur du principat romain, fut adopté par testament par Jules César, son grand-oncle maternel, qui le désigna comme héritier. Il adopta à son tour en 4 apr. J.-C. Tibère (42 av. J.-C.-37 apr. J.-C.), un fils de son épouse Livie issu de son précédent mariage (rompu à la demande d’Auguste), et l’installa comme successeur. Tibère adopta à son tour Caligula (Caius; 12-41 apr. J.-C.), le fils de son neveu Germanicus, et en fit son héritier.
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Il s’agit ici d’empereurs de la dynastie des flaviens. À l’empereur Vespasien (9-79 après J.-C.) succéda son fils aîné Titus (39-81 après J.-C.), puis le cadet Domitien (51-96 après J.-C.), ce dernier étant resté dans les mémoires comme l’un des pires empereurs romains.
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La première élection impériale dans le royaume de Francie orientale (qui deviendra plus tard le Saint Empire romain germanique) eut lieu en 911. Au XIIIe siècle se forma le collège des princes électeurs (au nombre de sept jusqu’en 1648). La réglementation définitive des modalités d’élection intervint en 1356 avec la Bulle d’or de Charles IV; les élections, jusqu’à la dernière en 1792, se tenaient la cathédrale Saint-Barthélemy de Francfort-sur-le-Main.
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Vadian déplore ici la perte des Bellorum Germaniae viginti («Vingt livres sur les guerres de Germanie») de Pline l’Ancien, dont nous connaissons l’existence par une lettre de son neveu Pline le Jeune (Epist. 3,5,4). Sa plainte concernant la perte des œuvres de Tacite nécessite davantage d’explications: il se réfère sans doute ici au fait que des propos importants de cet auteur sur les Germains n’ont été redécouverts que relativement récemment. Certes, l’unique manuscrit de son ouvrage ethnographique, la Germanie, avait été redécouvert dès 1425 au couvent de Hersfeld et imprimé pour la première fois en 1472 à Venise chez Wendelin de Spire. Mais les six premiers livres des Annales, dans lesquels Tacite traite entre autres des guerres d’Auguste en Germanie (y compris la célèbre victoire des Germains sur les Romains lors de la bataille de Teutobourg ou désastre de Varus, dans le deuxième livre), ne furent redécouverts qu’en 1508 au monastère de Corvey près de Höxter. Ce texte (Ms. Plut. LXVIII.1, http://dx.doi.org/10.48643/b4tm-175) arriva en Italie à la suite d’un vol, comme le manuscrit de la Germanie auparavant, et fut imprimé pour la première fois en 1515 à Rome chez Étienne Guillery (l’éditeur était Philippe Béroalde le Jeune), soit un an après notre poème. Vadian réagit sans doute à cette nouvelle découverte et déplore que ce texte soit resté si longtemps inconnu, ou se plaint indirectement du fait que bien d’autres propos de Tacite sur les Germains sont probablement perdus à jamais (une plainte justifiée au vu de l’état de conservation fragmentaire de l’œuvre de Tacite). Sur le vol et la première impression du manuscrit de Corvey contenant les Annales 1-6, voir S. Schmal, Tacitus, Hildesheim/Zürich/New York, Georg Olms, 2005, p. 172. En général, sur l’histoire de la transmission et de la première impression des Annales (où ne figurent pas tous les détails mentionnés ci-dessus, que l’on peut considérer comme des connaissances philologiques générales), voir W. Suerbaum, «Tacitus-Kenntnisse vor Erfindung des Buchdruck. Der Literaturhistoriker Sicco Polenton aus Padua würdigt Tacitus um 1430», Rheinisches Museum für Philologie 157 (2014), p. 75-103, ici p. 76-77. Voir aussi la conférence en ligne Tacitus in Corvey de H.-W. Stork, https://archiv.ub.uni-marburg.de/es/2021/0014/.
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Deux familles plébéiennes romaines. Manius Curius Dentatus dans la gens Curia et Gaius Fabricius Luscinius dans la gens Fabricia se sont particulièrement distingués, notamment lors de la guerre contre le roi Pyrrhus (280-275 av. J.-C.).
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Les humanistes allemands se plaignaient fréquemment du fait que les Germains, qu’ils considéraient comme leurs ancêtres, avaient accompli de grandes choses, mais sans les mettre par écrit (contrairement aux Grecs et aux Romains). Voir à ce sujet, avec quelques exemples, H. Tiedemann, Tacitus und das Nationalbewußtsein der deutschen Humanisten Ende des 15. und Anfang des 16. Jahrhunderts, diss., Berlin, E. Ebering, 1913, p. 8-12.
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Gradivus est l’un des noms de Mars (voir déjà supra, v. 45).
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Le contexte est la guerre de la Sainte Ligue contre la France et ses ambitions italiennes (1511-1513); les Confédérés avaient rejoint la Ligue en 1512 (les autres membres étaient le pape, l’empereur, Venise et l’Espagne). Les Français, qui s’étaient installés dans le duché de Milan au cours des années précédentes, durent évacuer la Lombardie en 1512 sous l’assaut de la Ligue («expédition de Pavie»). L’année suivante, les Français tentèrent un retour, mais furent écrasés par l’armée confédérée lors de la bataille de Novare (6 juin 1513). C’est probablement à cette victoire suisse, devenue un symbole de la force confédérale, que Vadian fait allusion ici. Sur le contexte historique et les événements militaires esquissés (bataille de Novare, etc.), voir H. R. Kurz, Schweizerschlachten, Berne, Francke, 19772, p. 198-215. Sur Novare, voir aussi J.-L. Fournel et J.-C. Zancarini, Les guerres d’Italie. Des batailles pour lʼEurope (1494-1559), Paris, Gallimard, 2003, p. 60-61.
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L’aigle est le symbole de l’Empire, le lion de Saint-Marc celui de la République de Venise. L’adjectif spumigenus apparaît uniquement, dans la littérature latine antique, chez Martianus Capella (9,915) en tant qu’épithète pour Vénus (donc aussi au féminin). Nous considérons ici spumigenam comme un adjectif substantivé féminin («celle qui est née de l’écume») renvoyant à Venise (apparentée ici à Vénus); le poète change ensuite de métaphore pour désigner Venise et utilise le lion de Saint-Marc. Pour une option de traduction différente, voir la version allemande et la note correspondante.
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En 1508, le pape, l’empereur, le roi de France et d’autres princes s’étaient réunis au sein de la Ligue de Cambrai pour chasser Venise de l’Italie continentale (guerre de la Ligue de Cambrai, 1508-1510). Lors de la guerre de la Sainte Ligue (voir note précédente), Venise a d’abord combattu la France en étant alliée au pape, à l’empereur et à d’autres. En février 1513, elle fut toutefois exclue de la Sainte Ligue en raison de contentieux territoriaux avec l’empereur et s’allia ensuite avec la France; Venise était donc à nouveau une ennemie au moment de ce poème. C’est pourquoi Maximilien fit dévaster le territoire vénitien à l’automne 1513 et remporta une victoire sur les Vénitiens le 7 octobre 1513 à Vicence. Sur ces derniers événements, voir R. Finlay, «Fabius Maximus in Venice: Doge Andrea Gritti, the War of Cambrai and the Rise of Habsburg Hegemony, 1509-1539», Renaissance Quarterly 53 (2004), p. 988-1031, ici p. 1000-1003. Sur les guerres de Maximilien contre Venise, voir aussi, de manière plus générale, Stiftung Bozner Schlösser (éd.), Der Venezianerkrieg Kaiser Maximilians I. – Lʼimperatore Massimiliano I e la guerra contro Venezia, Bolzano, Athesia, 2019.