Theatrum humanae vitae
Übersetzung (Französisch)
1. Histoire et théorie (t. I, fol. *3ro)
L’homme, cet animal divin, qui aspire, dans la mesure de ce qui lui est permis, à la réalisation de son «idée», mesure et limite, d’une manière générale, tout ce qui l’intéresse au moyen de la connaissance de la vérité et de l’action en vue du bien. Ce sont là les deux ailes grâce auxquelles, de l’avis de l’Académie, le philosophe s’élève et est ramené vers sa patrie céleste. L’action, entreprise par la force de l’esprit, réalisée à l’aide du corps, bien qu’elle suive la règle de la connaissance, est cependant tout entière pratique, et c’est dans l’expérience, la délibération et l’acte individuels qu’elle existe et qu’elle se manifeste. Mais la connaissance, soutenue par deux facultés comme par deux jambes (dont la force est nécessairement requise dans toute entreprise et dans toute réalisation, en raison de la diversité du sujet, lequel existe soit indépendamment et hors de l’intelligence, soit à l’intérieur de l’intelligence), s’appuie davantage sur l’aide soit de l’une, soit de l’autre: avec l’aide des sens, parmi lesquels la vue occupe la place principale, elle fait de l’histoire, qui est la connaissance des faits particuliers, et, avec le secours de la raison, elle embrasse la théorie, qui s’occupe de l’universel. La théorie traite des préceptes, l’histoire des exemples.
2. Le sujet de l’ensemble de l’ouvrage (t. I, fol. *6vo)
Il y a deux genres d’études philosophiques, l’un théorique, l’autre historique. Or dans cet ouvrage, qui est le monument où nous conservons notre savoir, mais qui pourra aussi être utile à d’autres, nous exposons non les préceptes, mais les exemples. Ainsi, ce traité dans son ensemble devra être attribué au second genre, qui s’intéresse aux biens et aux maux singuliers des hommes (à quelque domaine de la philosophie qu’ils appartiennent), non aux êtres éternels, ni aux êtres inanimés qui existent dans l’art et dans la nature, ni aux plantes, ni aux animaux qui ne possèdent pas la raison. […]
3. Le choix des auteurs (t. I, fol. **1ro)
Les auteurs dont nous utilisons les témoignages sont soit des poètes, qui rapportent des fables et considèrent que la fiction ne leur est pas étrangère, soit des historiens, qui racontent la vérité des faits tels qu’elle est ou telle qu’elle fut. À la première catégorie n’appartiennent pas seulement ceux qui sont vulgairement appelés poètes parce qu’ils écrivent en mètres (parmi eux il y a surtout les auteurs d’épopées, qui exposent des histoires complètes, et aussi les auteurs de théâtre, qui nomment leurs pièces tragédies ou comédies, où ils proposent des exemples historiques de la vie quotidienne), mais aussi ceux qui rapportent en prose des histoires assaisonnées de fictions poétiques. Dans ce genre, que l’on regarde l’élégance du sujet ou le choix des mots, ou encore l’art de la disposition, les Éthiopiques de l’évêque de Trikka Héliodore occupe assurément la première place. Pour ce qui est de la seconde catégorie, nous y mettons ceux qui ont traité en prose des actions des autres, ou qui du moins ont tiré des histoires des sortes d’emblèmes ou de petites fleurs. Ceux de la deuxième catégorie sont appelés historiens par excellence, ceux de la première «historiens rhapsodes».
4. L’histoire embrasse toutes les actions des hommes de tous les temps (t. I, fol. **3vo)
Ce n’est pas seulement pour leur ancienneté, mais aussi pour leur variété et la richesse de leur contenu que les histoires sont recommandées, et de même qu’on dit que l’ensemble de la communauté humaine n’est pas seulement constituée par les hommes qui furent ou qui sont ou qui seront un jour, mais par tous les hommes ensemble, ainsi (ce que, à vrai dire, il est permis de souhaiter plus que d’espérer), ayant rassemblés en un seul lieu toutes les actions et les passions de tous les hommes qui ont vécu depuis le début du monde jusqu’à sa ruine, ce Theatrum, dans sa forme achevée, pourrait ressembler en quelque sorte à cette sévère assemblée qui se tiendra devant le très juste Juge.
5. Le but et l'usage de cet ouvrage (t. I, fol. ***6ro)
Socrate, que l’oracle d’Apollon jugea très sage, estimait qu’il fallait se consacrer à la géométrie jusqu’à ce que tous ceux qui possédaient des terres puissent les distinguer des champs de leurs voisins; qu’il fallait de même se consacrer à l’arithmétique, pour que chacun soit capable de compter ses richesses, ses marchandises, ses propriétés. On voit à quel point il rapportait toute théorie à la pratique de la vie quotidienne; c’est à cette pratique que doivent être rapportées toutes les autres choses qui nous concernent, et surtout nos études. Dans un passage précédent, il insistait sur le fait que les exemples singuliers sont des images des préceptes universels.
Le but de l’histoire est donc le même que celui de la théorie: l’histoire conduit en partie à la connaissance de la vérité, en partie à la possession du bien. Ainsi, les exemples de l’histoire humaine rassemblés dans les 29 volumes de ce Théâtre servent d’abord et par eux-mêmes à la réflexion philosophique, ou physique et médicale, ou métaphysique ou théologique, ou mathématique, ou mécanique, et, pour la plupart d’entre eux, éthique, politique, économique; d’où le nom que l’on donne à ceux qui ont de l’expérience dans ces domaines, comme on dit par exemple que les sages s’appellent ainsi en raison de leur connaissance des préceptes. Les exemples servent deuxièmement à l’action, dans la mesure où, instruits par eux, les hommes sont conduits et poussés, après s’être livrés à la réflexion, à des actions similaires, physiques, médicales, mathématiques, théologiques, éthiques, mécaniques, et c’est à partir d’elles qu’ils sont déclarés ouvriers du bien ou du mal. L’histoire humaine contribue donc à l’expérience, lorsqu’il s’agit de connaître, et au savoir-faire, lorsqu’il faut agir. Tels sont les deux buts, définis brièvement, mais dont l’utilité est très grande et très vaste.
6. L’agrément de l’histoire: les exempla comme des peintures qui parlent (t. I, fol. ****2vo)
En guise de complément, ajoutons encore l’agrément à l’utilité de cette œuvre, puisque, en raison de sa singulière et remarquable variété, elle peut inonder d’un plaisir considérable les esprits des philologues, surtout de ceux qui, en raison de leurs occupations sérieuses, ne peuvent pas s’adonner à une lecture assidue des histoires. Les exemples en effet, comme des peintures ou des emblèmes, se présentent en premier aux sens des hommes, puis s’insinuent aussi dans les esprits; ils sont précisément ce que Simonide dit habilement au sujet de la poésie: des peintures qui parlent.
7. Le titre de cet ouvrage (t. I, fol. ****2vo)
Les principes ainsi posés et annoncés, il est désormais évident, si je ne me trompe, pourquoi j’ai donné pour titre à cette rhapsodie d’exemples Théâtre de la vie humaine. Car si l’on considère la chose elle-même, ce Théâtre contient les spectacles de la vie humaine; autrefois on se plut à dire theatra, qui vient de θέα (action de regarder) plutôt qu’ἀκροατήρια, qui vient d’ἀκροάσις (action d’entendre). Si l’on examine le sens figuré du nom, de même que dans les théâtres autrefois les poèmes des tragiques et des comiques étaient récités sur scène, et charmaient et instruisaient les spectateurs par la vue en même temps que par l’ouïe, de même, ce n’est pas une seule fable, ni les exploits d’un seul peuple, mais c’est absolument tout ce qui est arrivé depuis la fondation du monde jusqu’à nos jours qui peut y être présenté (à supposer qu’il ne le soit pas encore), puisque du moins les titres ont été placés. Et il y a plus: des spectacles des anciens, seuls ceux qui étaient présents pouvaient tirer plaisir; mais ce que nous exposons ici parviendra peut-être à nos futurs descendants avec beaucoup de profit et avec tout autant de bénéfice (si mes paroles ont quelque pouvoir). En outre, de même que les pièces de théâtre sont divisées d’abord en actes puis en scènes, de même nous (si l’on considère la disposition et la forme), nous avons divisé cet ouvrage, qui contient toute la fable de la vie humaine, en actes, c’est-à-dire en 29 volumes, et chacun de ces volumes en livres, comme en des scènes. Il fut prodigieux et somptueux, autrefois, le théâtre mobile de Curion, mais il était particulier à cette époque. Or ce théâtre qui est le nôtre, qui sans cesse propose de nouveaux personnages et de nouveaux genres des choses, doit être considéré, sinon comme plus fastueux, du moins peut-être comme plus utile, puisqu’il est capable de charmer les spectateurs par son admirable variété et de pousser ceux qui ne sont pas tout à fait mauvais à une honnête imitation, et s’il nous est permis de comparer les choses humaines aux divines, les imparfaites aux plus parfaites et aux plus achevées, il reproduit une certaine image (bien moins qu’une ombre, à vrai dire) de ce théâtre, que nous devons craindre et désirer, qui nous sera dévoilé par le juge suprême au jour de la sentence.
8. La mort et ses accidents (t. I, Volumen secundi liber VII, p. 486-487)
Par des instruments médicaux tels que…
[…]
Un médicament, un clystère
L’empereur Conrad, fils de Frédéric II, mourut à Naples, qu’il avait reprise, empoisonné par un clystère, du fait de la fourberie de son frère Manfred, l’année du salut 1252. Johannes Villanus, au livre 6, chapitre 45.
Par des aiguilles
Les hérétiques cataphrygiens confectionnaient l’eucharistie à partir du sang d’un enfant d’un an, percé d’aiguilles, et l’envoyaient à leurs membres. Si l’enfant mourait, il était considéré comme un martyr; s’il survivait, comme un magicien.
Par une pince
Walter, évêque de Hereford en Angleterre, tandis qu’il assaillait une femme, mourut blessé par des pinces introduites dans sa bouche. Ranulfus, au livre 7, chapitre 2.
Par un disque (utilisé dans les jeux)
Persée, descendant des rois d’Argos Acrisios et Abas, fils de Danaé, désirant aller voir son grand-père maternel et se le concilier, se rendit à Larissa, où Acrisios s’était retiré. Fier de la force de sa jeunesse et de la gloire qu’il s’était acquise au lancer du disque, en voulant montrer son adresse en public, par un destin adverse, il tua, avec le disque qu’il avait lancé, Acrisios qui s’était présenté à cet endroit. Pausanias, dans le livre sur Corinthe.
Sur l’île d’Égine, près du monument d’Éaque, se trouve le tombeau de Phocus, le fils d’Éaque, entouré d’un mur d’appui; sur ce tombeau repose une pierre rugueuse et brute; c’est elle que ses frères, qui l’avaient invité à s’exercer au pentathle, utilisèrent en guise de disque. Et c’est avec cette même pierre que Pélée, à l’instigation de sa mère, la belle-mère de Phocus, sous prétexte que son père le préférait à tous ses autres frères, lorsque ce fut son tour de lancer la pierre, frappa, dit-on, et tua volontairement Phocus. Pausanias dans le livre sur Corinthe.
Par les instruments du bourreau tels que…
Des épines, des tribules
Les chefs de Souccoth furent massacrés par Gédéon à l’aide d’épines et de tribules, parce que, alors que celui-ci poursuivait les Madianites, ils n’avaient pas voulu fournir du pain à ses soldats. Livre des Juges, chapitre 8.
Des verges ou des fouets
Ceux qui avaient séduit les sœurs Oculata, ainsi que Varronilla, puis Cornelia, qui étaient des vierges vestales, furent battus à mort à coups de verges dans le Comitium, sous l’empereur Domitien. Suétone.
Le scribe pontifical L. Caninius [Cantilius], convaincu de fornication avec les vestales Opimia et Floronia, fut battu à mort à coups de fouet. Sabellicus, deuxième livre de la cinquième ennéade; tiré de Plutarque, Vie de Fabius.
Pausanias 2, 16, 2 (le livre 2 de Pausanias traite notamment de la Corinthie).