Sermon d’Arbogast Strub de Glaris prononcé à la louange de sainte Ursule et de ses compagnes vierges en 1509.
Übersetzung (Französisch)
Übersetzung: David Amherdt (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
[...] Mais pour parler de tout, même si ce n’est qu’en passant: les jeunes filles, qui avaient quitté l’Italie, étaient revenues dans la région, où, comme l’avait bien compris Ursule grâce à son don de prophétie, l’heure de leur mort était imminente; elles préparèrent alors leurs navires en vue du voyage, mirent à la voile et approchèrent de Cologne, qu’occupaient alors les plus cruels ennemis de la foi chrétienne. Ceux-ci, se précipitant avec hostilité contre le chœur sacré des vierges, remplirent toute chose de crainte, toute chose de traits et de javelots. L’un tendait son arc, l’autre tirait avec son arbalète, celui-ci jetait des harpons sur les navires. Dans tout cet essaim de vierges, aucune n’avait conservé sa sérénité; seule Ursule, qui commandait une troupe si imposante, les encourageait par des paroles viriles. Elle proclamait que leur mort à toutes était imminente; alors que ceux qui vivent mal en ont la plus grande horreur, ceux qui se souviennent que leur vie passée a été bien vécue doivent la souhaiter au plus haut point, disait-elle, car elle est la fin de tous les maux et le début de la véritable félicité. Après avoir convaincu toutes ses compagnes de tout cela, elle se recommanda, elle et ses sœurs, au Dieu très bon, très grand, trine, qui se trouve au-delà du monde, tout puissant, en prononçant ces mots: | |
O père éternel, Verbe ineffable | |
Qui emplis toute chose de ta puissance, Esprit bienfaisant, | |
Regarde cette troupe virginale au cœur ferme | |
Souffrir mille blessures pour vous servir. | |
Regarde, je t’en prie: des hommes cruels lancent des traits à l’envi, | 5 |
Et la chaste jeune fille ne peut arrêter les troupes ennemies. | |
Reçois notre mort, que nous souffrons dans un tourbillon de traits, | |
Toi qui jadis as souffert pour nous sur la croix. | |
Accorde aux tendres jeunes filles que nous sommes de vaincre par la vertu les troupes sanguinaires, | |
Donne-nous le courage, les forces et une foi sans faille, | 10 |
Ensuite donne-nous une place dans le ciel après toutes les épreuves | |
De ce monde, qui sont comparables aux maux soufferts par Sisyphe. | |
Si une sinistre fortune a commencé à tourmenter quelqu’un | |
Plus que de raison, au point que, en proie au doute, il appelle la mort | |
Et demande de l’aide à notre troupe en invoquant notre martyre | 15 |
(Ce martyre, grâce à tes blessures, est une offrande agréable), | |
Sois-lui favorable et va avec bienveillance à la rencontre de ses vœux pieux! | |
Je t’en prie, fais en sorte que les dernières paroles que je prononce ici s’accomplissent. | |
Et comme la très heureuse vierge persévérait ainsi dans sa prière à Dieu, l’ennemi, de toutes ses forces, lui transperça la poitrine d’un trait fatal; c’est ainsi que son âme très bienheureuse quitta son corps mortel. Donc, accompagnée d’une troupe d’anges, à qui cette victoire remportée au nom du Christ est très agréable, pleine de joie, elle est accueillie dans la patrie éternelle, où elle est témoin de joies sans fin qui la comblent de toutes sortes de voluptés. Enfin, après que ce massacre eut ainsi été achevé, l’une des vierges, qui toute la nuit était restée cachée dans un lieu obscur du navire (car le cœur des femmes est toujours faible et plein de crainte au moment d’accomplir de tels exploits), s’avançant, encouragée par un ange, fut couronnée du sang du martyre. Telle est donc, très nobles messieurs, le résumé de l’histoire. [...] |
Sisyphe, roi mythique de Corinthe connu pour sa ruse, fut puni par les dieux après sa mort; aux Enfers, il fut contraint de pousser un rocher au sommet d’une montagne, d’où elle ne cessait de redescendre. Dans notre contexte, il est utilisé de manière analogique pour montrer que les difficultés de la vie terrestre ne prennent jamais fin.