Vie et caractère
Übersetzung (Französisch)
Après avoir expliqué quelles furent ses études, j’en viens maintenant à sa vie et à ses mœurs, et puisque la piété envers Dieu et le zèle pour la vraie religion occupent la première place dans la vie d’un homme, je commencerai par cela en expliquant quelle fut sa pensée à propos de la religion. […] En effet, bien qu’il fût médecin de profession, il estimait, et à juste titre, que la connaissance de la vraie religion n’en était pas moins importante pour lui et pour tous les autres, pour peu qu’ils voulussent défendre ce titre, commun à tous, de chrétien. Il jugeait même que le principal fruit de ses études était celui qui en rejaillissait au profit de l’Église. Et c’est pourquoi dans l’Histoire des animaux il consacra beaucoup d’efforts à traduire les noms hébreux; et il traduisit soigneusement presque tous les passages des Écritures dans lesquels sont mentionnés des animaux, afin de pouvoir être par sa profession de quelque utilité aux savants qui étudiaient les lettres sacrées.
Or, sa vie et ses mœurs correspondaient à sa profession de foi pour la vraie religion. En effet, il possédait au plus haut degré la bonté, la simplicité, la probité; on ne remarquait en lui aucune ostentation, aucun goût pour le luxe, pas la moindre trace de sensualité. Il accordait tant d’importance à la pudeur et à la réserve qu’il ne supportait pas non seulement de dire lui-même des obscénités ou d’en entendre dire par d’autres, mais même d’en lire; ce que prouve bien le Martial qu’il a expurgé. Or, il avait les bonnes mœurs tellement à cœur qu’il délibérait souvent avec les plus sévères théologiens sur la manière de rétablir enfin la discipline ecclésiastique qui s’était écroulée. En effet, il souffrait comme tous les gens de bien de ce que, alors que la doctrine religieuse avait été purgée de tant d’erreurs, les progrès dans la réforme des mœurs et de la vie fussent si lents.