Poème aussi plaisant qu’utile du philosophe et poète Joachim Vadian, dans lequel il débat avec la mort qu’il appelle Pamphagus
Traduction (Français)
Traduction: David Amherdt/Kevin Bovier (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
1
Gyaros, une île inhospitalière des Cyclades dans la mer Égée, qui servait de lieu d’exil à l’époque de l’Empire romain.
2
Hercle est une exclamation typique du langage de la comédie latine.
3
Dans la mythologie antique, les trois Parques président à la vie de chaque être humain: Clotho tisse le fil de la vie, Lachésis en mesure la longueur et Atropos le coupe à la fin.
4
Phébus Apollon, le dieu de la poésie et des Muses.
5
Les Muses, qui président aux divers genres littéraires. Pimplée est une source de la Piérie consacrée aux Muses.
6
Minerve (Athéna pour les Grecs) est la déesse de la sagesse.
7
Pégase, fils du dieu de la mer Poséidon et de la Gorgone Méduse, est un cheval ailé; d’un coup de sabot, il fit naître sur le mont Hélicon en Béotie une source sacrée consacrée à Apollon et aux Muses; ses eaux donnaient l’inspiration poétique.
8
La lune. Phébé est un surnom d’Artémis/Diane, déesse de la lune.
9
Année climactérique, qui revient tous les sept ans: époque où la vie humaine est particulièrement dangereuse. Arbogast est mort à 28 ans (sa quatrième année climactérique). Trümpy traduit un peu différemment: «Hatte nicht sein hinfällig Leben / Ein Jahrsiebent erfüllt, als zu dem Sterben er kam?». Sur l’année climactérique, voir M. Engammare, Soixante-trois. La peur de la grande année climactérique à la Renaissance, Genève, Droz, 2013.
10
«L’inflexible», l’une des trois Parques.
11
Il s'agit de l'«édifice du ciel» (coeli machina) dont il est question au v. 116.
12
Phébus Apollon est notamment le dieu des poètes.
13
Dans l’Antiquité, l’Élysée était le lieu de séjour des esprits bienheureux.
14
Vadian utilise ici en latin le terme biblique ou du latin ecclésiastique Gehenna, un mot emprunté à l’hébreu, ce qui constitue une nette divergence par rapport au décorum (pagano-)antique qui caractérise habituellement ce dialogue («Jupiter», «Parques», etc.), sans bien sûr entrer en conflit avec les enseignements du christianisme sur le fond. Vadian aurait également pu parler de Tartarus, ce qui n’aurait pas été un terme clairement chrétien. Ce ne sont probablement pas tant des considérations de contenu que des contraintes métriques qui l’ont conduit à utiliser le terme Gehenna. Une fois de plus, on voit que Vadian n’était pas un grand poète, car un grand poète est maître de la langue et ne se laisse pas dominer par elle.
15
C’est-à-dire la mort qui se tient devant lui et qui porte une faux, comme le montre également la gravure sur bois du titre de ce poème, mentionnée dans l’introduction.
16
Dans l’Antiquité, un célèbre temple d’Aphrodite se trouvait à Paphos, à Chypre; pour la déesse, l’île entière était aussi sacrée que les colombes attelées à son char.
17
Hermolaus Barbarus (Ermolao Barbaro; 1453/54-1493) était issu du patriciat vénitien. Humaniste et juriste, il occupa différentes fonctions (notamment celle d’ambassadeur) pour sa ville natale, mais à la suite de désaccords avec le Sénat vénitien (à partir de sa nomination comme patriarche d’Aquilée par le pape Innocent VIII, qui survint durant sa période d’ambassade à Rome, en contradiction avec les règles imposées aux ambassadeurs vénitiens), il resta à Rome, où il mourut. Il se distingua comme érudit; il s’intéressa en particulier aux œuvres d’Aristote et de Pline l’Ancien. Voir à son sujet E. Bigi, «Barbaro, Ermolao», Dizionario Biografico degli Italiani 6 (1964), version online, https://www.treccani.it/enciclopedia/ermolao-barbaro_(Dizionario-Biografico)/.
18
L’humaniste florentin Giovanni Pico della Mirandola (1463-1494), qui créa une nouvelle «Académie platonicienne». Il associait la philosophie traditionnelle aristotélico-scolastique à des intérêts humanistes et s’intéressait également de près aux traditions juives (kabbale) et islamiques (il connaissait l’arabe et l’hébreu). Sa personnalité et sa pensée firent grande impression sur ses contemporains et sur la postérité. Il fait partie des figures centrales de la Renaissance italienne. Voir à son sujet C. Dröge, «Giovanni Pico della Mirandola», Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon 7, (1994), col. 579-582.
19
L’humaniste et poète Conrad Celtis (1459-1508), originaire de Wipfeld près de Schweinfurt et surnommé «l’archi-humaniste allemand», avait été invité par l’empereur Maximilien Ier à enseigner l’éloquence et la poésie à l’université de Vienne de 1507 à sa mort. Voir à son sujet H. Rupprich, «Celtis, Konrad», Neue Deutsche Biographie 3 (1957), p. 181-183, version onnline, https://www.deutsche-biographie.de/pnd118519891.html#ndbcontent; J. Robert, «Celtis, Konrad», Deutscher Humanismus 1480-1520 - Verfasserlexikon 1 (2009), col. 375-427.
20
Thomas Wolff (1475-1509) était un humaniste, théologien et juriste alsacien formé à Erfurt et en Italie; il se distingua comme collectionneur d’inscriptions et entretint des relations épistolaires et personnelles avec de nombreux humanistes. Voir à son sujet G. Knod, «Wolff, Thomas», Allgemeine Deutsche Biographie 44 (1898), p. 52-54, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd13007294X.html#adbcontent.
21
Allusion à ses critiques.
22
Johannes Cuspinianus (Spießhaymer; 1473-1529), originaire de Spiesheim près de Schweinfurt, humaniste et médecin, fit carrière à Vienne; après la mort de Celtis, Cuspinianus, qui brillait également comme historiographe et collectionneur de manuscrits, fut la figure de proue des humanistes de la ville; il exerça également une activité diplomatique sur mandat impérial. Voir à son sujet H. A. v. Kleehoven, «Cuspinianus, Johannes», Neue Deutsche Biographie 3 (1957), p. 450-452, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd11867756X.html#ndbcontent; W. Stelzer, «Cuspinianus, Johannes», Deutscher Humanismus 1480-1520 - Verfasserlexikon 1 (2009), col. 519-537.
23
L’Italien Johannes Rictius Vellinus (Giovanni Ricuzzi Vellini; mort en 1546) de Camerino, frère mineur franciscain, enseigna d’abord la philosophie à l’université de Padoue, puis se rendit avant le tournant du siècle à Vienne, où il fut doyen de la faculté de théologie en 1499 et à plusieurs reprises par la suite. Lui-même intéressé par l’humanisme, il entretint des relations amicales avec le cercle humaniste viennois. Voir à son sujet J. Aschbach, Geschichte der Wiener Universität im ersten Jahrhundert ihrer Bestehens, vol. 2, Vienne, Wilhelm Braumüller, 1877, p. 172-184.
24
Formé à Ingolstadt, Johannes Stabius, originaire de Hueb près de Steyer en Haute-Autriche (1460-1522), prêtre, était un disciple de Conrad Celtis. En 1502, il suivit ce dernier à Vienne, où il fut lui-même couronné poeta laureatus et entra, après une probable activité dans le domaine des mathématiques, au service de l’empereur Maximilien Ier, qui fit de lui l’un des historiographes de la cour; il s’illustra en outre dans la cartographie mathématique. Voir à son sujet K. Röttel, «Stabius, Johannes», Neue Deutsche Biographie 24 (2010), p. 777-778, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd121675777.html#ndbcontent; H. Grössing, «Stabius, Johannes», Deutscher Humanismus 1480-1520 - Verfasserlexikon 2 (2013), col. 948-957.
25
Thomas Resch, originaire de Krems en Basse-Autriche (également appelé Velocianus; mort en 1520), est attesté dès les dernières décennies du XVe siècle en tant que magister à la faculté des arts, dont il fut plusieurs fois le doyen; après avoir terminé des études de théologie, il fut également à plusieurs reprises recteur de l’université. Il édita des manuels scolaires ainsi que certaines œuvres de Conrad Celtis. Voir à son sujet J. Aschbach, Geschichte der Wiener Universität im ersten Jahrhundert ihrer Bestehens, vol. 2, Vienne, Wilhelm Braumüller, 1877, p. 410-414.
26
Georg Collimitius (en allemand: Tannstetter; 1482-1535), originaire de Rain am Lech (en Souabe bavaroise), étudia à Ingolstadt et enseigna à partir de 1502 à Vienne, où il obtint également son doctorat en médecine et fut recteur en 1512/1513, puis doyen de la faculté des arts et plusieurs fois doyen de la faculté de médecine, ainsi que médecin personnel de plusieurs régents habsbourgeois. Ses ouvrages lui permirent de se profiler comme un scientifique humaniste. Voir à son sujet H. Grimm, «Collimitius, Georgius», Neue Deutsche Biographie 3 (1957), p. 322-323, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd119412039.html#ndbcontent; F.-G. Stuhlhofer, «Tanstetter, Georg», Deutscher Humanismus 1480-1520 - Verfasserlexikon 2 (2013), col. 1037-1052.
27
Petreius Aperbacchus (Peter Eberbach; env. 1480-1531), de Heidelberg, étudia à Erfurt dès 1497 et se rendit à Strasbourg en 1505. À partir de 1510, ce diplômé en droit vécut quelque temps avec d’autres humanistes, dont Vadian; il s’agit de l’époque à laquelle fut écrit le poème de Vadian dont il est question ici. En 1514/1515, il était à Rome; il mourut à Heidelberg en 1531. Il était considéré comme un brillant représentant de l’humanisme; il n’a toutefois jamais présenté d’œuvre de grande envergure. Voir à son sujet H. Grimm, «Aperbacchus, Petreius», Neue Deutsche Biographie 1 (1953), p. 324, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd131533215.html#ndbcontent.
28
Johann Mayr, originaire de Nördlingen en Bavière (Marius Rhaetus; mort après 1518), arriva au début du XVIe siècle à Vienne, où il se lia avec les cercles humanistes. Outre les matières humanistes, il s’intéressait également aux mathématiques. Il édita avec Vadian quelques-unes des lettres de Cicéron. Il quitta Vienne au plus tard en 1518; la suite de son parcours n’est pas claire. Voir à son sujet J. Aschbach, Geschichte der Wiener Universität im ersten Jahrhundert ihrer Bestehens, vol. 2, Vienne, Wilhelm Braumüller, 1877, p. 335-336.
29
Il s’agit probablement du médecin viennois Simon Lazius (mort en 1532), originaire de Stuttgart, qui fut à plusieurs reprises doyen de la faculté de médecine. Voir à son sujet https://geschichte.univie.ac.at/de/personen/simon-lazius (dernier accès le 5 octobre 2023). Son fils, bien plus connu, était Wolfgang Lazius (1514-1565), connu pour ses intérêts humanistes. Voir à son sujet M. Kratochwill, «Lazius, Wolfgang», Neue Deutsche Biographie 14 (1985), p. 14-15, version en ligne, https://www.deutsche-biographie.de/pnd118726870.html#ndbcontent; S. Donecker et P. Svatek, «Lazius, Wolfgang», Frühe Neuzeit in Deutschland 1520-1620 - Verfasserlexikon 4 (2015), col. 70-77.
30
Nous ne sommes pas parvenus à identifier ce personnage.
31
Vadian fait peut-être référence ici à l’humaniste allemand Ulrich Fabricius (1489-1526), originaire de Coblence; ce passionné de manuscrits était conseiller à la cour de l’archevêque de Trèves. Voir à son sujet T. Muther, «Fabricius, Ulrich», Allgemeine Deutsche Biographie 6 (1877), p. 524-525, version online, https://www.deutsche-biographie.de/pnd100345417.html#adbcontent. Toutefois, malgré les nombreux voyages et connaissances d’Ulrich Fabricius qui y sont énumérés, l’article ne fait état d’aucun contact avec Vienne et son université, ce qui rend cette identification douteuse. Elle est également rendue difficile par le fait que nous ne savons pas qui est le «Zepusianus» avec lequel ce «Fabricius» est cité dans le même vers.
32
Le sens de ce passage n’est pas très clair. Vadian veut probablement dire que beaucoup de gens ont trop confiance dans le fait qu’ils ne sont pas encore près de mourir et qu’ils ne se méfient donc pas assez de la mort (ou des situations dangereuses qui peuvent conduire à la mort).