Epithalamion composé à l’occasion du mariage d’Oswald von Eck avec Anna von Pienzenau
Traduction (Français)
Traduction: David Amherdt (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
[…] | |
Amour déclara alors: «Regarde, très douce maman, quelles terribles | 655 |
Blessures une minuscule abeille a causées à mes membres!» | |
Sa mère lui répondit: «Supporte cette douleur avec patience! | |
Toi, qui n’es pas bien grand non plus, tu provoqueras aussi de grandes blessures. | |
Va, et abats de tes flèches le Bavarois Oswald, | |
Qui refuse de suivre nos bannières aussi bien que les tiennes! | 660 |
Maintenant, cependant, il tend imprudemment l’oreille et perçoit | |
Les sons de la flûte d’Euterpe et de la lyre de Terpsichore; | |
Et, admirant les chants de joie de la foule alentour, | |
Tout réjoui, il les prend en exemples pour aussitôt les imiter. | |
Veille seulement à te hâter et à tirer tes deux flèches, | 665 |
Avant qu’il ne se rende chez les déesses de Méduse! | |
Et toi, prêtre héliconien de la montagne de Béotie, | |
Rassemble pour mon fils les torches nuptiales, Hyménée!» | |
Ayant pris Hyménée avec lui, Amour, rempli de fureur, précipite | |
Dans le feu les torches qui s’enflamment et les projectiles acérés. | 670 |
Et, fendant triomphalement les airs de ses ailes déployées, | |
Après avoir ralenti sa course, il s’arrête dans la ville de Munich. | |
Tandis que, après qu’on eut retiré les tables, le fils d’Eck chante | |
Le cadavre ensanglanté de Thisbé, morte par fidélité, | |
Et accuse la soif, la source et la cruelle lionne, | 675 |
Donnant les plus grands signes d’une douleur partagée, | |
Voici que, du haut du toit ouvragé de la maison d’Eck, | |
Où, non loin, il avait pris place, le perfide Amour | |
Tire deux traits dorés de son carquois bigarré, | |
Et, d’une main animée par la colère, les prépare pour les tirer, | 680 |
Et, ayant tendu son arc, tire l’une de ses flèches | |
Et transperce d’un feu intense le foie d’Oswald; | |
Et, afin d’envoyer avec plus de modération la deuxième flèche dans l’esprit | |
De la jeune fille, il atténue l’effet de l’arme grâce à une torche à l’effet apaisant. | |
Aussitôt après l’avoir visée et frappée d’un coup léger, | 685 |
Victorieux, il s’en va raconter sa très grande joie. | |
Et elle avait arrangé sa blonde chevelure à l’aide d’un peigne assyrien; | |
Et tandis qu’elle examine son visage radieux en regardant dans son miroir, | |
Satisfaite de son apparence, qu’elle doit au zèle de ses servantes, | 690 |
Elle voit derrière elle l’ombre de Cupidon tout essoufflé; | |
À son arrivée, elle l’accueille sur son doux sein et prend la parole: | |
«Avons-nous vaincu? La victoire cède-t-elle la place aux sombres papiers | |
Et ton arc est-il sans ressort et sans effet face à celui qui travaille assidûment?» | |
«Nous avons vaincu», dit Amour, «et nous avons remporté un triomphe sur l’ennemi, | 695 |
Et ce triomphe blesse le maître déjà terrassé par un poème au sens ambigu. | |
Jamais gloire ne fut obtenue par moi avec plus d’efforts, | |
Jamais rien de ce qui m’a valu des louanges n’a été plus pénible | |
Que de venir à bout du cœur ignorant de ce disciple encore vierge; | |
Ce soldat est arrivé si tardivement dans mon armée. | 700 |
Le massacre de Babylone avait fléchi cet esprit inexpérimenté, | |
Et il semblait qu’il s’était soumis à ma troupe, | |
Lorsqu’il s’en va, pour se rendre au cabinet où il travaille habituellement, | |
Là où il se consacre avec zèle à l’étude des livres; | |
Et déjà, revenu aux flots tumultueux des études, | 705 |
Il aurait presque déçu mes espoirs, me ridiculisant, | |
Si je n’avais pas rapidement saisi ma flèche pour lui tirer dessus, | |
Me hâtant ainsi de le devancer sur la route déjà parcourue. | |
Ainsi, blessé, atteint par l’amour de la fille qui lui était offerte, | |
Il se plaint du fait que les jours tant espérés tardent tant! | 710 |
La jeune fille aussi, bien que je me la sois attachée par une flèche inoffensive, | |
Vaincue, tend ses mains ouvertes. | |
Ma mission acomplie, confiant le reste à mon compagnon, | |
Je suis venu moi-même annoncer ma joie. | |
Donc, accorde, mère, le lit conjugal à ce couple d’amants, | 715 |
Et unis leurs deux cœurs dans une fidélité pleine de concorde, | |
Tandis qu’Hyménée ajoute les flammes aux flammes, les feux | |
Aux feux, alimentant ainsi le bûcher ardent»! | |
Il voudrait parler davantage, mais, mettant avec impatience son fils à l’écart, | |
Elle soulève ses membres splendides qui brillent comme des étoiles; | 720 |
Elle sort, et brûle de monter sur l’attelage préparé pour elle, | |
Mais elle voit qu’il n’est pas encore décoré, ni encore prêt. | |
Car la deuxième Vénus, la dégénérée, de naissance terrestre, | |
Sa rivale, était montée tout en haut du char céleste. | |
Une foule insensée, l’armée qui lui est associée, s’était jointe à elle, | 725 |
De nombreux noms qui servent cette déesse furieuse, | |
Soupçon, Légèreté, Honte, Dispute, Inimitié, | |
Souci, Crainte, Arrogance, Luxe, Colère, Douleur, | |
Sinistre Passion et Licence effrénée à qui on lâche la bride, | |
Désir aveugle qui se déchaîne lorsqu’il dispose en plus de la ruse. | 730 |
Et déjà, elle chassait dans la campagne les cygnes fatigués, | |
Et elle prenait un chemin détourné, un sentier perdu. | |
Alors la très sainte Vénus, la fait tomber du sommet du très haut char, | |
Et, de sa voix irritée, l’invective: | |
«Sordide créature d’Orcus, pus répugnant de la Terre, | 735 |
Guenon qui me déshonore, moi qui ne te ressemble pas, | |
Je viendrai plus tard t’apporter les récompenses que tu mérites pour être montée | |
Sur mon char, une fois que je serai devenue dame d’honneur de la mariée sur le lit nuptial d’Eck. | |
À toi et à ta troupe, être immonde, j’ordonne moi-même | |
De tenir vos pieds impurs à l’écart de ce lit. | 740 |
Si tu t’en prends à ce lit et oses attenter à la pudeur bien connue qui y règne, | |
Tu me serviras bientôt de proie pour l’oiseau du Caucase. | |
Tout réprouvé qui veille devant cette maison fermée, | |
Est certain de n’avoir aucun droit sur lui. | |
Jusqu’ici aucun jour n’a vu ces portes s’ouvrir pour toi. | 745 |
Donc, de même, aucun jour jamais ne les verra s’ouvrir. | |
Et pour que cette sentence soit confirmée et valable pour toujours, | |
Voici que je prends à témoin contre toi les divinités des eaux du Styx.» | |
Ayant ainsi parlé, soumettant d’autres bêtes de trait au mors, | |
Elle envoie sous le joug multicolore les oiseaux munis d’un licol. | 750 |
Car après que les cygnes fatigués se sont retirés dans leur étable, | |
Ce sont des pigeons qui les remplacent en guise de chevaux. | |
Vénus, altière, gagne d’un bond le char qui s’est avancé; | |
Celui-ci supporte, comme c’est son rôle, le poids de la déesse qu’il transporte. | |
L’essieu est de myrte, le timon sent le bois de baumier, | 755 |
Et la rangée de roues légères est en buis de couleur pâle. | |
La jante brillante à la courbure dorée resplendit, | |
Et dans les rayons apparaît le mélèze ami des attelages; | |
Sur eux est gravée, tracée sur un double sillon, une ligne | |
Lumineuse d’une veine en spirale d’argent et d’or; | 760 |
Tout cela est mis en évidence par des pierres précieuses ajoutées un peu partout, | |
Et cause et produit un magnifique ornement: | |
Androdamas, medus, chrysoprase, iris, jaspe | |
Perle, saphir, sagda, émeraude, onyx. | |
C’est ainsi qu’elle se met en route, ainsi que, lors de son départ, elle réunit autour d’elle les servantes qui lui sont associées, | 765 |
Cypris, qu’il faut accompagner sur la route qu’elle s’est proposée. | |
Car les unes se hâtent d’entourer leur maîtresse du côté droit, les autres | |
Du côté gauche, après lui avoir rendu hommage. | |
La charmante Hagneia, qui respire d’une beauté modeste, | |
Sophrosyne, qui s’est teint les joues en pourpre; | 770 |
Et la grave Carteria, qui dompte l’esprit instable | |
Et l’honorable Pistis, qui a joint les mains; | |
La douce Homonoia, dont l’apparence sereine est toute brillante, | |
La haute Endosis, qui accepte sereinement les maux qu’elle subit. | |
Or les Charites, qui ont pris place dans l’habit plein de plis de Vénus, | 775 |
Tissent des guirlandes destinées à orner les chevelures; | |
Amour conduit l’attelage, tout contre la colombe de gauche, | |
Et, la main levée, brandit les fouets tremblants. | |
Et toutes ces déesses, la déesse de l’Ida les conduit à Munich | |
Sur un petit char (spectacle extraordinaire!). | 780 |