Lettre à Oswald Myconius
Traduction (Français)
Traduction: Davis Amherdt/Kevin Bovier (notes originales en allemand: Clemens Schlip)
À Oswald Myconius, excellent principal [de l’école] de Lucerne
Salut. Assurément, j’ai reçu la production de ton esprit, très joliment brodée, mais je te soupçonnerais d’insolence à notre égard, si je ne savais sans doute possible que tu es un homme affable et plein d’urbanité. En vérité, y a-t-il manifestation plus pure et plus naturelle de l’amitié que deux hommes qui choisissent un seul et même bien? Tu penseras donc que sont bel et bien des amis, et même de véritables amis, ceux qu’une seule résolution réunit et qu’un seul but ou un seul objectif rassemblent, et d’ailleurs, ce n’est pas à un bienfaiteur que tu écriras, mais plutôt à ton ami. C’est en fait la conclusion que nous pouvons tirer si nous pensons à l’opinion que nous avons l’un de l’autre; et toi, ne sois pas troublé, si tu constates que je suis trop hardi et trop effronté, parce que même si je donne l’impression de te flatter, c’est ce que me conseille mon cœur plein d’affection pour toi, pour ne pas dire que c’est ce à quoi, véritablement, il me pousse. À partir de ce que je viens d’écrire, sois persuadé que, dans cette époque difficile, tu ne m’aurais pas vraiment comblé, si tu m’avais fait plaisir autrement que par ta seule vertu.
Ainsi donc, je t’envoie le Cyrille, que tu peux utiliser comme si c’était le tien. Quant au Josèphe, comme je ne puis me procurer cette œuvre (même en si je tentais une entreprise audacieuse), je ne l’ai pas en ma possession, d’une part parce qu’ici le grand profit qu’elle pourrait occasionner est compté pour rien, d’autre part parce que, même pour une œuvre si pieuse, ils m’accuseraient auprès de tous les préfets d’être un voleur.
Engelberg, aux nones de mars [le 7 mars], frère Barnabé, ton très affectueux ami.
Probablement le commentaire de Cyrille d’Alexandrie sur l’Évangile de Jean; une édition imprimée à Paris la même année avait été envoyée à Bürki en 1509 (Die Amerbachkorrespondenz, vol. 1, éd. A. Hartmann, Bâle, Verlag der Universitätsbibliothek, 1942, n° 421, p. 383-385, ici p. 384); il l’avait certainement reçue (cf. Weiss (1956), p. 27).